Orphelins et enfants vulnérables en Afrique
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Vulnérabilité des enfants vivant dans les familles touchés par le VIH/Sida

Des enfants soumis à toutes sortes de risques après le décès des parents

Les problèmes énoncés ci-dessus persistent  à la mort des parents. A la vulnérabilité émotionnelle et matérielle déjà décrite s’ajoute la destruction de la famille  et la détresse psychosociale concernant tout type d’orphelin. Une question se pose : les orphelins du sida sont ils encore plus vulnérables que les autres orphelins?

Problèmes économiques

Après la mort des parents, les facteurs cités tels que la perte de revenus du ménage, le coût du traitement des maladies liées au VIH puis les dépenses liées aux funérailles laissent souvent les enfants orphelins dans la misère. Une étude réalisée dans quatre provinces de l’Afrique du Sud a permis de constater que les ménages ayant perdu l’un des leurs des suites du VIH/SIDA avaient consacré en moyenne un tiers de leurs revenus annuels aux obsèques pendant les douze derniers mois Steinberg, 2002.

Par ailleurs, comme nous l’avons vu précédemment, les orphelins sont facilement dépossédés de l’héritage à la mort du parent, ce qui accroît les problèmes économiques déjà présents.

Selon une Enquête de Démographie et de Santé réalisée en République Unie de Tanzanie en 1999,  les rapports de dépendance sont plus élevés pour les ménages prenant en charge des orphelins que pour les autres ménages avec enfants ; ainsi le problème des orphelins doit être considéré dans un contexte de pauvreté. National Bureau of Statistics et Macro International Calverton, 1999

Les situations sont différentes et varient selon l’identité et le sexe de la personne prenant en charge les orphelins et selon la zone de résidence en milieu urbain ou rural. Ainsi, les ménages des milieux ruraux dirigés par une femme et comprenant des orphelins enregistrent le rapport de dépendance le plus élevé Monasch et Boerma, 2004.

Les problèmes financiers déterminent tous les autres problèmes Memain-Yenou et al., 1998. Ainsi, les capacités économiques réduites des ménages comprenant des orphelins impliquent des difficultés à satisfaire les besoins élémentaires des enfants et orphelins à charge ; ce qui compromet l’éducation, la sécurité alimentaire, la santé, l’habillement… et favorise le travail des enfants.

Le travail des enfants

 Une étude effectuée en Zambie met l’accent sur le nombre croissant d’enfants qui travaillent en lien avec l’épidémie de VIH. Cette augmentation se traduit à travers des proportions allant de 23 à 30%. Mushingeh et al., 2002

Les études et enquêtes concernant le travail des enfants s’avèrent indispensables afin d’évaluer et de mesurer plus particulièrement ce phénomène chez les enfants orphelins.

 A ce propos, des évaluations rapides effectuées par l’O.I.T. en vue de mieux connaître la situation des enfants qui travaillent ont établi que les enfants orphelins travaillaient beaucoup plus souvent que les non orphelins dans l’agriculture commerciale, et en tant que domestiques, professionnels du sexe et vendeurs ambulants Semkiwa, 2003

Il est important de préciser qu’à travers ces évaluations rapides, il s’est avéré que la plupart des enfants qui travaillaient étaient des orphelins qui avaient perdu leurs parents à cause du VIH.
Ces évaluations font apparaître les liens importants entre le VIH, le fait d’être orphelin et les pires formes de travail UNICEF, UNAIDS, USAID et Jorge Scientific Corporation. Population, 2004.

Difficultés d’accès à l’éducation

 La plupart des recherches s’accordent à dire que les conséquences du VIH/SIDA sur l’éducation sont particulièrement graves, du fait des capacités économiques réduites des familles d’accueil, qui peinent à assurer la scolarisation des orphelins.

En effet, faute de moyens financiers, la scolarisation des orphelins n’est pas une priorité, d’où une baisse de la fréquentation scolaire et souvent un taux élevé d’abandons scolaires Kelly, 1999.

Les difficultés d’accès à l’éducation surviennent avant la mort d’un parent ; en effet, on compte de nombreux abandons scolaires pour les enfants dont un parent est affecté par la maladie, car ces derniers doivent faire face à la prise en charge de leurs parents. Ils sont pour la plupart souvent obligés de travailler, ils abandonnent ainsi leur scolarité ou sont exclus du système scolaire en raison de leur absentéisme principalement. Yaro et Dougnon Denis, 2003

Ces problèmes persistent après la mort d’un parent. Les enfants devenus orphelins perdent un soutien émotionnel et financier. Ils sont souvent obligés de travailler afin de gagner leur vie et d’assurer leurs besoins vitaux et ceux de leurs frères et sœurs cadets, si prise en charge il y a.

« Il en résulte très souvent des abandons scolaires, étant donné que travail et scolarisation sont dichotomiques. » Yaro et Dougnon Denis, 2003. Yaro et al. montrent comment, au Burkina Faso, près de huit sur dix orphelins ont dû abandonner l’école. Un d’entre eux dira par exemple que durant ses premières cinq classes de l’école primaire, il a toujours été en tête de sa classe. Lorsqu’il a perdu son père suivi quelques mois du décès de sa mère, ses résultats scolaires sont devenus médiocres. Il l’explique par le fait qu’il partait à l’école affamé et que de retour à la maison, il devait accomplir d’autres tâches domestiques avant de se reposer. Très vite, il n’a plus pu supporter cette surcharge d’activités extra-scolaires et a dû quitter l’école malgré lui Yaro et Dougnon Denis, 2003.

Selon J.Wakam, la situation des orphelins s’est encore détériorée avec la crise économique et le niveau de vie du ménage est devenu plus déterminant pour la scolarisation qu’en période de prospérité.Wakam, 2002. Une autre étude réalisée au Kenya montre que le problème majeur rencontré par les personnes prenant en charge les orphelins reste leur scolarité. Cela est dû au manque de ressources des foyers comprenant des orphelins, qui fonctionnent principalement sur une économie de subsistance Nyambedha, Wandibba et Aagaard-Hansen, 2001. Nalugoda et al. montrent aussi un faible taux de scolarisation des enfants ayant perdu un parent dans le district de Rakai en Ouganda Nalugoda, 1997.

De la même manière, l’Unicef souligne que nombreux sont les orphelins en Afrique subsaharienne qui ne terminent pas leur scolarité UNICEF et UNAIDS, 1999 : d’ailleurs l’UNESCO met en œuvre des programmes spéciaux de planification de l’éducation dans un contexte de VIH Kelly, 1999

En réponse à ce problème grandissant, les gouvernements du Malawi, de l’Ouganda UNICEF et UNAIDS, 1999 et du Kenya Republic of Kenya et Health, 2001 ont mis en place des mesures afin d’abolir les frais de scolarité pour les enfants orphelins.

D’autres études confirment que les orphelins sont davantage vulnérabilisés que les non-orphelins en terme d’éducation dans un contexte de VIH/SIDA  Grassly et Timaeus, 2003 Nampanya-Serpell, 2001 Foster, 2000, Foster et Williamson, 2000 Urassa et al., 1997, Muller et Abbas, 1990

La pauvreté n’est pas la seule cause de l’absentéisme d’un orphelin : l’élément déterminant en la matière est la nature de la relation familiale entre l’orphelin et l’adulte qui prend les décisions dans la famille ; plus le lien est proche, plus l’enfant a de chances d’aller à l’école. Ainsi, les enfants vivant dans des ménages dirigés par d’autres personnes que leurs parents sont davantage défavorisés que ceux vivant avec leurs parents, et les enfants n’ayant aucuns liens de parenté avec le chef de ménage ont encore plus de difficultés  Case et al., 2004.

Il est donc essentiel de tenir compte des divers contextes familiaux des orphelins (par exemple, s'ils ont perdu un ou deux parents), de leurs conditions de vie (par exemple, milieu urbain ou rural), et de leur sexe pour définir tant les problèmes que les solutions.

En effet, selon Y.Yaro et al., « lorsque l’enfant a perdu un de ses deux parents, il n’a que 50 % d’accéder à l’école et seulement 10 %, lorsque ce sont les deux parents» Yaro et Dougnon Denis, 2003

De plus, la discrimination liée à la perte d’un parent pour cause de Sida freine les enfants à poursuivre leur scolarité. Toujours selon Y. Yaro et al., « au Burkina, lors des discussions de groupes avec des enfants orphelins, ils ont signalé que leurs meilleurs camarades les fuyaient après la mort de leurs parents. Bien qu’ils aient entrepris des tentatives de rapprochement avec leurs anciens camarades, ces derniers les ont toujours esquivés, refusant même de jouer avec eux, car selon eux il serait possible qu’ils aient contracté la maladie de leurs parents décédés. Très souvent ces attitudes discriminatoires qui sont soutenues par l’ignorance des élèves sont entretenues par les parents eux-mêmes. » Yaro et Dougnon Denis, 2003

Non seulement le nombre d'enfants non scolarisés augmente à un rythme alarmant (par exemple, en Zambie, 30 à 40 pour cent des orphelins ne vont pas à l'école), mais aussi les enseignants sont particulièrement durement touchés par la pandémie. Plus d'un millier d'enseignants meurent du SIDA chaque année en Zambie, plus vite qu'il n'est possible d'en former de nouveaux. Kelly, 1999 Le graphique ci dessous confirme les résultats des études citées.

Figure 7: Qui va à l’école ? Pourcentage d’enfants scolarisés, orphelins et non orphelins

Cependant, certaines études montrent des résultats différents :

Monasch et Boerma ont calculé les différences de taux de scolarisation entre les orphelins et les non orphelins à travers 31 pays d’Afrique subsaharienne, en traduisant le taux de scolarisation des orphelins (âgés entre 10 et 14 ans) par un ratio comprenant la proportion des non orphelins de la même tranche d’âge étant scolarisés : s’il n’y a pas de différence entre les orphelins et les non orphelins concernant le taux de scolarisation, le ratio est égal à 1. Ils ont ainsi observé que dans 30 pays sur 31 étudiés, ce ratio n’est pas significativement différent de 1 et qu’il n’y avait donc pas de différences notables dans l’accès à l’éducation entre les orphelins et les non orphelins. Cependant, l’écart en matière de fréquentation scolaire entre les orphelins et les non orphelins est davantage marqué dans les pays où les taux de scolarisation sont faibles et les orphelins doubles paraissent plus désavantagés que les orphelins  d’un seul parent Monasch et Boerma, 2004

D’autres études effectuées notamment en Ouganda et en Tanzanie ont confirmé ces résultats Kamali, Seeley, Nunn, Kengeya-Kayondo, Ruberantwari et Mulder, 1996, Urassa, Ng'weshemi, Isingo, Kumogola et Boerma, 1997. Notons d’autre part qu’en Sierra Leone, au Mali et au Nigeria  Bledsoe et al., 1988, Oni, 1995, Castle, 1995, aucune différence n’a été observée entre les orphelins filles et garçons concernant leur scolarisation, contrairement à ce qui peut être craint a priori.

Difficultés d’accès à la santé

L’impact de la situation d’orphelin sur la santé dans un contexte de VIH/SIDA se calcule à partir de trois indicateurs : la malnutrition, le retard de croissance et la mortalité infantile. Les études font état de divergences quant à l’impact estimé du décès des parents sur ces indicateurs.

Certaines études s’accordent à dire que dans les familles touchées par le VIH/SIDA, la consommation alimentaire peut chuter de plus de 40%, ce qui expose les enfants à un risque plus élevé de malnutrition et de retard de croissance UNICEF et UNAIDS, 1999

En Tanzanie, des études montrent que le décès du père, de la mère et celui d’autres membres adultes du ménage impliquent des retards de croissance chez les enfants affectés. Ce résultat s’est également confirmé au sein de ménages n’étant pas pauvres. La pauvreté ne constitue donc pas un facteur explicatif du retard de croissance observé chez les orphelins ; en revanche dans des ménages pauvres, le statut d’orphelin aggrave davantage ces retards de croissance Ainsworth et Semali, 2000

En Zambie, la consommation moyenne de calories est passée en 20 ans de 2273 à 1934 calories par jour. Selon la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), une chute en grande partie imputable au sida ; le VIH/SIDA ayant réduit le taux d’activité, de production, de consommation. Cessou, 2005

Au Zimbabwe, une enquête sur la nutrition effectuée en 2003 a permis de peser et de mesurer 42 000 enfants dont 1760 orphelins ; cette étude a révélé que les orphelins sont proportionnellement plus nombreux que les non orphelins à souffrir de malnutrition Ministry of health and child welfare, 2003.

En Ouganda, une étude montre que le décès de la mère entraîne une hausse de la mortalité infantile, y compris chez les enfants séronégatifs Nakiyingi, Bracher, Whitworth, Ruberantwari et Busingye, 2003.

Dans une étude concernant les relations entre l’enfant adopté et la mortalité infantile en Sierra Leone, Bledsoe et Brandon (1992) montrent que les risques de mortalité sont plus élevés chez les enfants adoptés que chez les enfants biologiques, résultant de la discrimination et de la privation de nourriture Bledsoe and Brandon, 1992. Des résultats similaires sont retrouvés en Afrique de l’Ouest Bledsoe, 1990, Bledsoe, Ewbank et al., 1988, Oni, 1995. Cette surmortalité des enfants orphelins peut être liée à la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant ; en effet « environ 20 à 40% de ces orphelins naissent séropositifs et évoluent très rapidement vers le sida, décédant le plus souvent avant leur cinquième anniversaire. »Delcroix et Guillaume, 1997

Elle peut aussi résulter d’un traitement différentiel des enfants orphelins par rapport aux autres enfants, selon le type de relation existant entre les parents adoptifs et biologiques, et refléter une instabilité familiale dans la famille d’accueil Bledsoe, 1990 ou une prise en charge plus ou moins volontaire de cet enfant Madhavan, 2004. Castle (1996) a en effet montré  au Mali que les enfants pris en charge volontairement ne souffraient pas de malnutrition, alors que enfants adoptés involontairement étaient sous alimentés Castle, 1996.

D’autres études vont cependant vers des conclusions opposées :

Monasch et Boerma ont observé un faible impact du fait d’être orphelin sur le statut nutritionnel des enfants, à travers une étude menée dans 40 pays de l’Afrique subsaharienne Monasch et Boerma, 2004. Namposya Nampanya- Serpell montre en Zambie que les impacts nutritionnels de la perte des parents  dépendent principalement de l’âge des enfants (les plus jeunes étant exposés à davantage de risques que les enfants plus âgés), mais également de la situation socio-économique du foyer qui les a pris en charge Nampanya-Serpell, 2001

Dans une étude menée en Tanzanie, Urassa et al. observent que le taux de mortalité des orphelins et des enfants confiés n’est pas plus élevé que chez les autres enfants Urassa, Ng'weshemi, Isingo, Kumogola et Boerma, 1997; Foster en arrive à la même conclusion à travers une étude réalisée au Zimbabwe Foster, 2000, tout comme Kamali et al. sur l’Ouganda Kamali, Seeley, Nunn, Kengeya-Kayondo, Ruberantwari et Mulder, 1996.

Impact psychosocial, la stigmatisation face au VIH/SIDA

Le traumatisme et la peur d’un enfant sont des sentiments universels face à la maladie et la perte d’un parent.

L’infection par le VIH et l’aggravation de la maladie peuvent provoquer une détresse psychosociale chez les enfants, caractérisée par la peur de l’avenir et de la mort des parents ; une peur renforcée par une culture du silence et de négation de la réalité au sein de la famille, négation propre au contexte du VIH/SIDA, maladie « tabou » dans bien des sociétés Landis, 2002.

En effet, la spécificité du VIH/SIDA est qu’il touche et discrimine les enfants d’un point de vue psychosocial avant la mort des parents.

Une jeune fille sud africaine de 16 ans vivant dans une famille affectée par le VIH/SIDA affirme : « ils nous traitent mal. On n’a pas envie de marcher dans la rue, on se fait insulter. Ils murmurent sur notre passage. Ils croient que quand quelqu’un est malade dans une famille, toutes les autres personnes sont malades. » Save the Children, 2001.

En effet, le VIH/SIDA est perçu comme une maladie jugée « immorale » et  « sale » Sontag, 1989, une « maladie honteuse » Dozon et Guillaume, 1994 qui est sévèrement stigmatisée au sein des sociétés africaines. Chez les Mossi au Burkina Faso « le sidéen « gâte » le nom de sa famille, il la déshonore (…) Cette crainte conduit certaines familles à cacher leur malade » Taverne, 1997.

La méconnaissance du VIH/SIDA et de ses modes de transmission augmente les craintes et les préjugés dont fait l’objet le reste de la famille. L’ensemble de la famille est suspecté d’être infecté par la maladie. A la mort des parents, les orphelins à cause du sida subissent une forte discrimination du fait de cette crainte injustifiée de la contamination. Selon une étude menée en Ouganda, certains membres de la famille suspectent les orphelins d’être séropositifs et ont peur pour eux mêmes et leurs enfants de les prendre en charge par risque de contamination ; même s’ils les prennent en charge, les orphelins restent isolés au sein même de la famille Ntozi et Mukiza-Gapere, 1995. La stigmatisation est une des raisons pour laquelle les familles sont réticentes ou refusent de prendre en charge des orphelins dont les parents sont morts du sida Seeley et al., 1993. La notion « d’orphelins du sida » participe à cette stigmatisation et c’est pourquoi elle doit être utilisée avec précaution UNICEF, UNAIDS, USAID et Jorge Scientific Corporation. Population, 2004.

Le VIH/SIDA a ainsi non seulement engendré des orphelins de parents mais également des « orphelins de société » ; pourtant traditionnellement le concept d’orphelin social n’existe pas au sein des communautés ; ainsi le VIH/SIDA a profondément modifié les fondements de la prise en charge et de ses obligations Taverne, 1997.

Les orphelins peuvent en effet être traités comme des « membres de second ordre » dans la famille d’accueil ; ils sont défavorisés dans la distribution de vivres et dans la répartition du travail et souffrent d’un manque d’affection ; la famille d’accueil privilégiant leurs enfants biologiques qui reçoivent un traitement préférentiel Nyambedha, Wandibba et Aagaard-Hansen, 2001.

Une enquête réalisée en Zambie indique que les enfants orphelins se sentent différents des autres enfants, en raison principalement de leur non scolarisation. Family Health International, 2002

Le bien être de ces enfants étant entravé, la plupart d’entre eux n’ont que très peu d’espoir et d’optimisme face à leur avenir, tel que le montre une étude menée en Ouganda (Figure 9).

En plus des souffrances endurées à cause de ces discriminations, les orphelins souffrent de la séparation avec leurs frères et sœurs lors du placement à travers le réseau de parenté. Nampanya-Serpell, 1998. Une étude en Ouganda montre que même les enfants les plus âgés souffrent de cette séparation. Dans un groupe d’orphelins (âgés de plus de 13 ans) séparés de leurs frères et sœurs, 44% déclarent que cette situation les attriste et 17% disent qu’ils se sentent seuls Gilborn, Nyonyintono, Kabumbuli et Jagwe-Wadda, 2001. D’autres études confirment les effets néfastes de la dispersion des frères et sœurs : Nampanya-Serpell, 2001; McKerrow, 1996. La rupture des fratries a été observée avec une haute fréquence dans les pays comme la Zambie et le Congo. En Zambie, l’étude citée précédemment montre que 56% des enfants orphelins pris en charge étaient séparés de leur fratrie. De plus, la fréquence des retrouvailles entre frères et sœurs d’une même fratrie, une fois dispersée est extrêmement faible Family Health International, 2002.

Au Congo, une étude menée à Brazzaville auprès d’enfants orphelins indique que 63% de ceux ci étaient séparés de leurs frères et sœurs, ce qui entraîne d’importants troubles psychosociaux chez ces enfants Mboussou et al.,2002 (Figure 8)

Enfin, les études les plus récentes insistent sur l’importance pour la santé psychologique des enfants d’éviter de séparer les fratries lors du placement des orphelins Ruiz-Casares, 2005

Figure 8: Les orphelins sont davantage séparés de leur fratrie (Quatre districts en Zambie, 2001)

 

Figure 9 : Les orphelins sont moins optimistes sur leur avenir, les effets psychologiques de l’orphelinage en Ouganda

L’ensemble des problèmes énoncés précédemment se trouvent évidemment renforcés dans des situations de non prise en charge des orphelins. Leur vulnérabilité s’accroît lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes, sans protection parentale ni substituts parentaux.

Nous terminerons cette partie par un schéma explicatif et synthétique ci dessous qui résume les problèmes cités auxquels sont confrontés les enfants et leurs familles dans un contexte de VIH/SIDA :

Figure 10 : Les problèmes rencontrés par les enfants et familles touchés par le VIH/SIDA

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