L'asile au Sud : Afrique, Méditerranée...

Le rôle des ONG dans les modes d'incorporation des Palestiniens réfugiés au Liban. Structure de ségrégation ou d'intégration?

Manal KORTAM
Université Saint Joseph - Beyrouth

1. Introduction

La diaspora palestinienne comprend aujourd’hui entre 4 et 5 millions d’individus installés pour la plupart dans les pays arabes limitrophes de la Palestine historique. Elle s’étale également dans les monarchies pétrolières  du  Golfe, les deux Amérique et l’Europe. 

Alors que le problème de réfugiés palestiniens est généralement traité sur un plan juridico politique ou historique, pour le temps une étude de la relation entre réfugiés et la société d’accueil  a été négligée. C’est ainsi que je m’intéresse  à explorer ce type de relation. Il s'agit d'analyser les relations complexes entre des groupes de migrants forcés, les Palestiniens, et la société libanaise d'accueil. Trois processus seront étudiés : l'assimilation, l'intégration, la ségrégation/auto- ségrégation.

Le dépouillement de la littérature dans ce domaine conduit à faire deux constats. Le premier constat montre de nombreux travaux qui mettent l'accent sur la  mémoire d'exile, le mythe du retour et laissent dans l'ombre les relations sociales et économiques pourtant très denses avec la société d’accueil. Bien qu'ayant juridiquement un statut séparer dans l'Etat libanais, ces "sociétés palestiniennes" sont en interactions constantes avec la société libanaise. Ainsi les Palestiniens ont certaines attentes à son égard.

Compte tenu de ces constats, mon travail vise à étudier les réfugiés palestiniens au Liban selon une problématique qui tente de rendre compte des tensions entre processus d’assimilation,  processus d'intégration, et processus d'exclusion/d'auto exclusion qui se développent dans une situation juridique, économique, politique de forte marginalisation.
Finalement on se demandera comment les différentes instances de médiation (ONG) ont  joué avec les trois processus déjà mentionnés (assimilation, intégration, et ségrégation/auto- ségrégation). afin d’accomplir ce travail, je me suis  basée sur une enquête de terrain menée pendant les derniers 5 mois auprès des ONG palestiniennes et libanaises ainsi que certains experts dans le domaine de relations entre société libanaise et communauté palestinienne.

2. Réfugiés Palestiniens au Liban : état de lieu

Même si les enjeux du retour revêtent une dimension importante dans la vie des réfugies palestiniens,  plusieurs relations ont existé  avec la société d’accueil. C’est pourquoi notre sujet se focalise surtout sur l’aspect sociopolitique  des relations existant entre la société d’accueil (société libanaise) et la communauté palestinienne.

En attendant le retour, le statut de réfugié des palestiniens, de déplace ou d’exile les démarque et rend leur situation très fragile particulièrement au liban. Les réfugiés au Liban sont tenus de part des restrictions émises par ce pays d’accueil pour empêcher leur implantation et officiellement pour préserver leur droit au retour et leur identité nationale palestinienne. Outre les justifications de cette politique, le vécu des Palestiniens du Liban a été lourd et tourmenté. Par ailleurs selon le lieu d’habitation et le degré d’intégration ou d’isolement par rapport à la société libanaise, il existe des catégories différentes des Palestiniens au liban.

2.1. Spatialisation de la présence palestinienne

La population des réfugiés palestiniens est constituée de ceux qui ont été contraints, après 1948 à quitter leur foyers. Entre 100 et 130 milles se réfugient au Liban, en 2002 l’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestinian Refugees) les estime de 400,582 personnes. En tenant compte des non enregistrés qu’ils sont entre 400 et 500 milles au liban. Ils se sont répartis dans les camps qui sont au nombre de 12 actuellement. En revanche leur proportion par rapport à la population libanaise estimée est de 12%, ceux qui vivent dans les camps sont a peu près vers 215, 653 environ.

Cependant force est de constater que la  proportion des réfugiés qui habitent dans les camps au Liban est la plus élevée comparée celle des autres pays d’accueil : estimée a 53% des Palestiniens du Liban, suivi par Gaza ou le pourcentage de ceux qui vivent dans des camps atteint 49% des réfugiés, les autres pays étant derrière (Syrie 27% Cisjordanie 26% et Jordanie 16% seulement). Cela reflète la difficulté de la situation économique et juridique de ceux qui sont contraints à rester dans les camps, et aussi la faiblesse de l’intégration  dans la société d’accueil et les restrictions issues du gouvernement.

Au départ les camps ont été aménagés sur le territoire libanais pour accueillir les réfugiés provenant de Palestine en 1948-1949. Confiée  dans un premier temps au Croix Rouge qui s’occupa de la distribution des tentes, la répartition de l’aide alimentaire ainsi que l’attribution des premiers soins aux nécessiteux, la gestion de ces camps fut ensuite transférée exclusivement à l’UNRWA, fondée par l’ONU en 1949 dans ce but. C’est elle qui s’occupe désormais de la gestion des camps, leur attribuant ainsi, dans une certaine mesure un statut d’extraterritorialité, auquel les réfugiés y tiennent pour préserver l’intégrité de leur cause. Au début les camps palestiniens correspondaient aux critères plus ou moins commun d’habitation dans les camps dans le monde, corollaires a leur caractère urgent  provisoire : des tentes similaires dans les quelles se sont regroupes les familles de réfugiés, elles se sont installées sur des terrains attribués provisoirement, par le pays hôte aux organisations humanitaires. C’est avec le temps que l’évolution s’est produite: les constructions en dur ont remplacé les tentes et les camps sont devenus un lieu de fixation.

A l’heure actuelle 12 camps palestiniens sont répartis sur l’ensemble du territoire libanais : 4 a Beyrouth, 2 au nord, un a Baalbek, 5 au sud. Selon Fafo, Les camps sont placés dans des zones urbaines hors de la ville, tandis que les groupements sont placés dans les banlieues de la ville ou dans des zones rurales. (Ugland, 2003: 255).

Les réfugiés sont attachés à leurs camps, les camps sont des lieux de solidarité, ou la personne ne se sent pas seule dans la souffrance de l’exil, tous les gens vivent dans une situation semblable et face à un sort commun pour eux. Les camps sont des lieux d’espoir malgré la misère, des lieux de protection de l’autre « inconnu », c’est comme l’affirme Luc Cambrézy « le concept de camps renvoie ainsi à la double fonction antinomique de ces lieux : à la fois des espaces de protection et d’enfermement, d’assistance et de contrôle ». (Cambrézy, 2001: 84) Cependant cela ne signifie pas que concentrer les réfugiés dans un espace fermé est évident. Les enfermer dans un espace va faciliter le travail de contrôle et surveillance (Agier, 2002), un espace disciplinaire et un espace d'exception sans régulation urbaine et sans règle de représentation et de gouvernance (Hanafi, 2006). 

Au début, Les camps étaient soumis à l’autorité libanaise, mais vu la répression exercée par les services de sécurité libanaise et vu que le droit libanais prévient les provisions dans le service de la santé et de l’éducation pour les non libanais. L’accord du Caire en 1969 entre l’OLP et l’État libanais a été signé, et les camps seront placés sous juridiction palestinienne. Cet accord a autorisé aux Palestiniens d’établir leurs propres institutions afin de se servir. Ces institutions établies par l’OLP auront un impact positif sur l’amélioration les conditions de vie des Palestiniens. Le chômage a diminué, les services de santé et de l’éducation étaient assurés.

Il est vrai que l’isolement factuel et mental a fait que cette communauté a peut être gardée son authenticité plus que d’autres, mais cela ne nie pas les interactions avec l’autre d’une part, et d’autre part les problèmes profonds qui l’éloignent de  cet autre aujourd’hui, plus que jamais ébranlé par l’amertume du quotidien. Selon Luc Cambrézy : « le camp de réfugié est, à une autre échelle, une reproduction de la frontière. Ses limites marquent la différence entre l’un et l’autre, entre l’autochtone et l’étranger, entre le citoyen et l’exilé ». (Cambrézy, 2001: 88).

3. Modèle d’incorporation dans la société d’accueil

La relation des Palestiniens avec le Liban est très ambiguë Les Palestiniens se défendent de s’y attacher car cela ne leur est pas permis, d’ailleurs ils affirment  ne pas y être attacher mais c’est facile en posant la question aux réfugiés de remarquer qu’une grande majorité est attachée au Liban ou plutôt attachée à leur camps. Cependant, la situation socio-économique et spatial palestinienne développée précédemment suggère qu’il a une ligne de démarcation très important : c’est vive dans le camp vis-à-vis vivre en dehors du camps.  Cela dit que les modes d’incorporation des Palestiniens au Liban dépendent de fait s’ils vivent dans les camps. D'autres ligne de démarcation est aussi important c’est être naturalisé ou pas. Ceux deux lignes impactent la situation socio-économique des Palestiniens, un facteur qui est un sont tour une autre ligne  de démarcation. Comme on a mentionné dans l’introduction, on va traiter la situation des Palestiniens au Liban selon les trois modes d’incorporations : l’assimilation, l’intégration et l’exclusion.

3.1. Assimilation

Pour longtemps il est tabou de parler d'une assimilation des réfugiés palestiniens non pas seulement dans le monde arabe mais aussi en Amérique. Yasser Arafat, dans un discours prononcé devant la communauté palestinienne à New York en 1995, il a étonné le publique en dévoilant quelques noms de personnalités américaines en les comptant comme Palestiniens (Jems Zughbi, etc.) bien que leur migration datait d’un siècle.

Comment considérons nous Majida Al Roumi, la fameuse chanteuse dont le père a immigré de Haifa dans les années 20s? En sciences sociales, on distingue entre identité sociale et identité personnelle. Avec schématisation, on peut considérer la première étant la façon selon laquelle  les autres voient la personne alors que la deuxième  identité c’est la façon selon laquelle la personne se voit. Dans ce cas pour les Palestiniens du Liban Majida Al Roumi est le symbole d’un Palestinien réussi dans la société libanaise alors que cette chanteuse n'a jamais parler publiquement de son origine, non pas parce qu'elle le nie mais parce qu'elle constitue un point problématique avec certains groups libanais. Comment un chercheur comme moi peut se manoeuvrer entre une identité personnelle et autre sociale ?

Dans ce mode d’incorporation, on trouve surtout ceux qui vivent en de dehors des camps. Et qui ont confronté les libanais dans la vie quotidienne. Beaucoup des Palestiniens des villes ont souvent trouvé refuge en 1948 dans les cités libanaises parce qu'ils disposaient souvent, à l'époque, de revenus suffisants à une location, ou  parce qu’ils avaient des relatifs au Liban.

Comme on l'a dit auparavant, certains Palestiniens soit parce que ils sont arrivés au Liban avant 1948, ou parce que ils sont Chrétiens ont pu acquérir la nationalité libanaise, ou aussi parce qu’ils ont un haut niveau économique  Ceux ci vit souvent dans les grandes villes et non pas dans les camps de réfugiés. Cela a été un facteur déterminant pour l'amélioration de leur situation économique et par conséquences accélérer une intégration dans la société locale ou la société libanaise. Cette intégration se transforme à travers le temps et l'intermariage à une assimilation. Le sociologue Sari Hanafi dans son enquête sur les entrepreneurs de la diaspora palestinienne, montre une classe entrepreneuriale très importante dans l'économie libanaise: dans les sociétés d'ingénieries (Compagnie Khatib et Alami, par exemple), dans le commerce (Bijoutier Bouri à Hamra), comme entrepreneurs dans le bâtiments, mais aussi comme docteurs très renommé dans la société libanaise. (Hanafi, 1998; 2001).

Ceux-ci comme notre interviews montrent ne parle pas de leur origine, sauf avec une question directe évoquant la question d'origine. Cette assimilation qui est souvent volontaire ne doit pas cacher aussi les traces de la guerre civile libanaise ou pour une raison de sécurité il est mieux de cacher cette origine. Une écrasante majorité des Palestiniens vivant dans les villes ont eu la nationalité libanaise, et les générations se succédant sont de plus en plus assimilées.

La majorité des Chrétiens est assimilée, les Chrétiens constituaient 15% lors du refuge, dont 60 % ont eu la nationalité. 40% des  musulmans ont été nationalisés. 

Notre enquête a montré aussi que un bon nombre des mariages mixtes a produit de familles bien intégrées et dont les enfants sont assimilés surtout lorsque le père est libanais ce que leur a permi l'acquisition de la nationalité.

3.2. Intégration

La discrimination juridique, sociale et économiques a l'encontre les réfugiés Palestiniens est très flagrante, et comme a été formulé à forte raison par le chercheur Mohamed Kamel Doraï : «La classe politique libanaise est aujourd'hui unanime à écarter toute mesure susceptible de promouvoir l'intégration des Palestiniens ». (Doraï , 2006 : 6) Cependant, je m'intéresse ici de montrer la capacité du sujet palestinien de transgresser ce cadre institutionnel et légale même avec de différente degré. Comme on l'a annoncé au début de cette section, la capacité de transgression lorsqu’on vit dans un camp est beaucoup plus difficile que lorsqu’on vit en dehors du camp.

Depuis Berger et Luckmann, on sait l'importance de la socialisation secondaire par rapport à la première. Je vais montrer que cette socialisation a été effectuée à plusieurs niveaux, à travers le lieu de travail et aussi a travers le lieu de culte. Nous allons voir que beaucoup des Palestiniens Musulmans  pratiquant ont choisi d'enrouler dans le groupe Ahbash, ce groupe qui a très bien joué son rôle dans l’intégration des ses partisans, comme il a assuré une opportunité de travail  pour un nombre des Palestiniens. De même, on remarque que l’église a été une source d’intégration pour les Palestiniens Chrétiens.

Pour les Palestiniens venant en dehors de Liban beaucoup ont été étonnés que les Palestiniens du Liban souvent parle avec un accent plutôt libanais (surtout les enfants issus d’un mariage mixte ou ceux qui vivent dans les villes libanaises et dans un entourage libanais), même cas pour les Palestiniens vivant en Syrie  qui parlent le palestinien avec un accent syrien. Mais les signes de l'intégration de certains groupes sont beaucoup plus profonds. C’est ce que Nous allons voir dans cette session

3.2.1. Intégration spatiale entre communauté palestinienne et société libanaise

Penser d'abord l'intégration comme une problématique spatiale est pour donner une importance majeure sur le lieu de résidence comme un facteur majeure pour l'intégration. Rappelons que à peu près la moitié de la population palestinienne, comme est déjà signalé vit dans les camps de réfugiés, ces camps, dans leur majorité sont placés dans des zones urbaines proches de la ville. Alors que les Palestiniens vivant en dehors de camp sont bien intégrés spatialement, le cas de camp est l'inverse. Cependant contrairement à une analyse très générale de Sari Hanafi sur le ligne de démarcation urbain entre camp et hors camp, Mohamed Kamel Dorai fais une étude beaucoup plus pointu nuançant la thèse de Hanafi et montrant que la ligne de démarcation n'est pas toujours entre le camp et le ville. On peut ainsi parler de trois modèles concernant les résidents des camps. D'abord, le premier modèle : un camp comme espace ouvert mais séparé de la ville : c’est le cas de la plus part des camps.

Deuxième modèle : un camp qui apparaissent comme le prolongement de la  ville. Comme l'a montré Mohamed Kamel Doraï « Certains camps et groupements proches de la ville de Tyr tendent à "s'intégrer" de plus en plus au tissu urbain alors que dans le même temps la législation et le contrôle qui leur sont imposés les stigmatisent et les isolent de leur environnement direct. Ces espaces apparaissent dans une mesure toujours plus importante comme des zones marginalisées à l’intérieur d’un environnement  urbain en mutation rapide». (Dorai, 2006 : 9) en effet, le statut de l'espace de camp est très différent du statut de l'espace ville, comme la réhabilitation et l’infrastructure des camps a été historiquement exclus de la responsabilité de l'Etat Libanais. L’UNRWA, en effet, est chargé de cette mission selon son budget. Or, manque de moyen, l'UNRWA n’arrive pas à assurer même les services élémentaires de l'éducation et la santé comme il faut. De même, au Sud, la rupture entre espace ville et espace camp est assez profonde, cause de la démarcation des camps par l’État libanais, ces camps complètement encerclés sont soumis à de sévères restrictions comme l’interdiction de faire entrer des matières de construction, cette restriction atteint  aussi les personnes. Les entrées des camps sont soumises au contrôle de l’armée libanais qui contrôle le mouvement des Palestiniens, même le mouvement des visiteurs des camps. En plus la démarcation faite par l’État libanais a engendré que des quartiers qui font partie du camp sont à l’extérieure de cette démarcation et des quartiers libanais sont entrés dans la démarcation.

Le troisième modèle : est celui de camp comme espace fermé dont Ein El Hilweh  constitue l'archétype de ce modèle.   

3.2.2. Intégration socio-économique

En effet, l’intégration sociale dépend des conditions de logement, de l’alimentation, de l’accession au soins ou aux loisirs (Repères, 2002:2), mais avant tout du marché d'emploi.  Depuis le départ de l'OLP qui employaient une majorité de réfugiés palestiniens, on témoigne une forte croissance du chômage, pour cela la majorité des Palestiniens cherche à immigrer. Alors que on peux parler d'une capacité des Palestiniens vivant en dehors de camp de s'intégrer dans le marché d'emploi et de fréquenter les lieux de socialisations libanais, cela ne concerne qu’une petite minorité parmi ceux qui vivre dans le camp.
Pour l'accès aux soins, l'UNRWA offert le soin  premier pour les réfugiés palestiniens, or le problème se constitue dans le soin secondaire. Exclus de la protection sociale libanaise, les réfugiés pauvres se trouvent souvent dans une situation de désarroi.    

Les Palestinien Réfugiés fréquente souvent des écoles de l'UNRWA qui est destiné spécialement aux Palestiniens. Par conséquence, l'école ne constitue pas un lieu de socialisation avec les libanais. Pour le niveau universitaire, vu les restrictions dans le marché du travail, les Palestiniens réfugiés, même quelques fois ayant les moyens, sont très peu motivés pour poursuivre leurs études, ils se contentent d’abandonner leurs études universitaires et de chercher surtout la voie d'immigration. Mohammed Kamel Dorai le montre très bien à travers ces études de Palestinien immigrants dans les pays scandinaves.

Cependant on peut parler d'une intégration sociale des Palestiniens avec les couches sociales défavorisées libanaises. Une des indicateurs de ce fait se trouve par l'observation de la relation entre camps et leurs entourages. A cause du niveau de pauvreté existant dans les camps, les marchandises aux camps sont moins chères, pour cela les Libanais pauvre vivant sur les bords des camps préfèrent acheter leurs marchandises des camps, en plus le marché du camps peut être parfois plus proche pour eux que le marché de la ville.

Encore une fois la guerre civile a constitué une fracture entre la relation entre Palestinien et certains groupes confessionnels libanais. Mais en même temps, elle a renforcé des liens sociaux et d'amitiés avec d'autres groupes. Cette fracture paraît énorme avec les Maronites, et les Chiites surtout ceux du Mouvement Amal. Alors que avec les Sunnites, les relations sont plutôt qualifiées de paix.

3.3. Exclusion et auto-exclusion

Comme on l'a montré dans la section de l'intégration spatiale que ceux qui vivent dans les camps clos sont souvent exclus de la société libanaise. Une question qui se pose alors quels sont les facteurs incitant à l'exclusion?

La ségrégation existe aussi de point de vue juridique. Elle est une situation dans laquelle la reconnaissance de l’existence d’une communauté minoritaire ne va pas de pair avec aucun autre droit, ou même les droits civils sont limités. L’État d'accueil tolère le mode de vie de la minorité au sein d’un système communautaire subordonné et souvent séparé du point de vue spatial, sans contact ou avec un contact purement instrumental avec le système dominant, l’égalité socio-économique et civico-politique est niée.

Pour certains chercheurs, l’exclusion est l’expression d’une crise générale des institutions d’intégration. Chacune pour des raisons propres n’assurerait plus le rôle intégrateur. L’État et les églises chrétiennes (de même pour les mousquets) ne peuvent aider à l’intégration de personnes d’autres confessions, les syndicats ne jouent plus ce rôle.

Pour d’autres chercheurs, l’exclusion est essentiellement la conséquence de la crise de l’emploi. « Le chômage risque de devenir héréditaire par les enfants des chômeurs qui ne peuvent obtenir de diplôme […] les risques d’un sous-prolétariat héréditaires sont grands, l’expression de fracture sociale résume souvent ce phénomène d’exclusion. » Cela constitue effectivement le cas au Liban.

Il est reconnu que La politique libanaise marginalise les Palestiniens, cela apparaît dans la plupart des études faites sur les camps au Liban. Ainsi Mikaël Libert, dans son étude sur Borj-el-Barajneh, elle écrit : «  Aux frustrations inhérentes aux conditions de vie dans les camps, s'ajoutent celles d'un sentiment collectif de ségrégation de la part du gouvernement libanais. Les Palestiniens n'ont en effet pas d'identité clairement et légalement définie au sein du système législatif du pays: considérés comme des étrangers, leurs droits civiques, sociaux et économiques sont implicitement niés par la loi libanaise »(Libert, sd :2).

L'Auto-exclusion

Le sociologue Sari Hanafi a montré avec beaucoup de force comment la conception de camp comme un lieu de résident a été une invention disciplinaire de l'UNRWA et les autorités hôtes mais vite certains leaders politiques palestiniens ont insister pour le maintenir. Selon lui, le discours nationaliste palestinien du passé fondait sa légitimité sur la base de deux revendications, la Nakba (catastrophe) et le droit au retour des réfugiés (Hanafi, 2006). Pour renforcer autant que possible le nationalisme, le camp se présentait comme l’unité de base de l’identité réfugiée dans les pays hôtes arabes et donc comme le soutien de l’identité palestinienne.  Comme je vais montrer dans la section suivante, leaders politiques palestinien et ONG ont contribué à la ségrégation par le fait que ils mènent une politique centrée surtout sur la question de droit de retour.

4. Le rôle joué par les ONG : intégration mais aussi ségrégation

Alors que différentes littératures montrent que les institutions politiques au Liban est désintéresser d'intégrer les Palestiniens réfugiés dans la société libanaise, nous tournons vers les instituions de la société civile. On peux penser  aux trois types d'institution: les syndicats, les partis politiques et les ONG. Dans cet article nous allons intéresser seulement ces derniers (ONG)

Stimulés par le rapport sur la pauvreté de 1990 (qui a tenté de corriger les effets pervers des programmes d'ajustement structurel) et par la chute du mur de Berlin, les pays industrialisés ont identifié une constellation d'idées supposées constituer un modèle du bon management économique et politique. Les économistes l'ont appelé 'Washington Consensus', tandis que les politologues parlent de la bonne gouvernance (good governance). Ce terme désigne en fait trois éléments : une économie de marché compétitive, un Etat bien administré et une société civile démocratique. Dans cette perspective, les ONG sont appelées à jouer un rôle dans le processus de développement. L'ampleur de la mission qu'on veut leur attribuer varie selon le contexte, entre un rôle complémentaire et un rôle d'alternative à l'Etat. (Hanafi, 2002)

La globalisation et le retrait de l’État dans de nombreux secteurs, ont laissé un vide que de nombreuses ONG sont venues le combler. Dans le cas des Palestiniens au Liban, la limitation du budget de l'UNRWA et le départ de l’OLP en 1982 et la fermeture de ses institutions sociales et paraétatiques qui fournissaient de nombreux emplois. Tous ces facteurs ont participé à la régression de la situation des Palestiniens au Liban. C’est les ONG qui viennent combler ces lacunes  dans la mesure où elles fournissent un débouché à une partie de la main d’oeuvre.

Par ailleurs, l’UNRWA est chargée de fournir l’aide dans la santé, l’éducation, les affaires sociales et l’emploi des réfugiés tant que la résolution 194 qui prévoit leur retour et/ou indemnisation n’a pas été appliquée. Actuellement, le budget de l’UNRWA est terriblement insuffisant pour répondre aux besoins de la population de réfugiés palestiniens dans les services mentionnés auparavant. Les cas répertories au Liban par cet office représentent 10.9% des réfugiés, et cette proportion est la plus élevée par rapport aux autres pays d’accueil (2.6 en Jordanie, 8.6 à Gaza). Ces ONG attribuent une assistance et des soins aux familles nécessiteuses et organisent des formations professionnelles et des activités pour les jeunes et les enfants, dans les limites de leur moyen. Ainsi la grande majorité des ressources sont de provenance extérieure surtout occidentale, mais leurs moyens restent limités et insuffisants pour absorber les besoins réels de la population des camps.

4.1. Historique des ONG

Avec la sortie de l’OLP en 1982, ses institutions servant les Palestiniens au Liban  demeurent paralysées, la révocation unilatérale de l’accord du Caire par le gouvernement Libanais en 1987, les Palestiniens ont dorénavant besoin d’une autorisation préalable d’un permis de travail, les services fournis par le Croissant Rouge sont limités vu les difficultés financières. D’un autre côté les accords d’Oslo en 1991 et la construction de l’État palestinien a orienté le financement palestinien dans un double sens. Tous ces facteurs, ont contribué à l’établissement d’un grand nombre des ONG. Selon une étude élaborée par le centre Ajial, Avant 1982 seulement deux ONG étrangères travaillaient avec les réfugiés palestiniens. A la fin des années 1980, six organisations ont été établies au Liban pour supporter les réfugiés palestiniens et les ONG locales qui travaillaient avec ces réfugiés. Dans les années 1990, treize organisations se trouvent impliquées dans ce travail à cause du processus de la paix, et à cause des restrictions législatives sur les Palestiniens qui les prohibent le droit d’association. (Salah, 2001:2)

Aujourd’hui, il existe plus que vingt ONG étrangères et plus que 40 ONG locales  qui travaillent avec les Palestiniens, quelques unes ont des domaines spécifiques de travail, d’autres travaillent dans des domaines différents. Le rôle principal des ONG étrangères est dans le financement des ONG locales, à l’exception de quelques unes qui travaillent directement avec les réfugiés par biais de leurs bureaux ouverts au Liban. La plupart des ONG locales et nationales travaille dans la fourniture des services. (Salah, 2001:2).

4.2. Domaine d'intervention des ONG : concentration dans la provision de service

Quelques 260 projets sont accomplis par ces 46 organisations. 45% de ces projets sont dans le domaine de la santé et des jardins d’enfants. Les projets dans le développement économique et dans l’éducation sont limités. Les projets qui amènent de l’emploi ne dépassent pas trois. Les programmes des formations professionnelles sont premièrement établis pour les femmes comme coiffeuse, couturière. Un effort timide pour lutter contre le chômage des jeunes. (Salah, 2001:3-4) la grande majorité des interlocuteurs dans notre enquête ont signalé une distribution déséquilibrée des services entre différents camps: un signe de problème majeur qui caractérise le travail des ONG au Liban. A cela ils ont ajouté le manque de planification et de coordination et une utilisation différenciée des ressources.

Selon une autre étude faite par Fafo, les ONG jouent un rôle principal dans les services de la santé, au Liban les ONG emploient à peu près 1500 Palestiniens, dont 900 travaillent à plein-temps, 600 à temps partiel et 400 sont volontaires. (Ugland, 2003: 85).

Les ONG sont les principaux fournisseurs des jardins d’enfants, puisque l’UNRWA s’occupe juste de la période scolaire après six ans, surtout que les palestiniens ont un accès limité aux écoles publiques. C’est aux ONG de s’occuper du cycle préscolaire, vu que les partis politiques n’ont pas les moyens de financement. Durant les années 1998-1999, 28 ONG ont établi dans le pays, 85 jardins d’enfants, qui ont servi 9092 enfants (Ugland, 2003 :108).

Pour résumer, il apparaît de ce qui est présenté avant que, les acteurs impliqués dans la fourniture des services pour les réfugiés peuvent être divisés en 4 catégories : UNRWA, OLP, ONG étrangères, ONG locales et nationales. Le rôle de l’UNRWA et les organisations liés a l'OLP se résume à l’éducation, santé et aux services sociaux.

La concertation des ONG dans le domaine de provision de service ne signifie pas qu'elles ne participent pas aux programmes liés au défense (advocacy). D’où notre interrogation sur la capacité de cette institution en tant que faisant partie de la société civile d'être intermédiaire entre l'individuel et l'Etat ou la société et leur capacité donc a la mobilisation.

Selon une enquête mené par Fafo en 2001(Ugland, 2003: 241), le niveau des adhérents a des ONG est assez bas, il est de 6% des adultes âgés de 15 ans et plus. L’adhérence est plus commune pour les gens ayant un haut niveau d’étude et secondaire. Les hommes adhèrent 4 fois plus que les femmes. Les riches de la population participent plus que les pauvres. Les célibataires plus que les mariés. Les jeunes plus que  les âgés. Être mâle c’est le plus important facteur qui influencent la participation. Les raisons qui jouent un rôle dans l’adhérence ne sont pas les mêmes pour les hommes et pour les femmes : être jeune c’est important pour l’homme, être jeune a un  effet négatif sur les femmes (2% des femmes mariées qui sont au dessous de trente sont des membre des ONG et 5% des femmes mariées au dessus de trente, pour les hommes 21% mariés jeunes sont des membres, et 13% mariés au dessus de 30). Pour femme être mariée c’est le plus important alors que pour un homme le haut niveau  d’éducation, être jeune, éduqué  c’est le plus important et il augmente la participation de 20 à 34% s’ils sont non mariés.

Si on observe le travail de ces ONG on remarque que la plupart fournissent des aides humanitaires, tout en défendant la culture palestinienne, les traditions et l’identité palestinienne. 

Cela dit, le rôle des ONG en tant que mobilisateur de la société est assez faible.

4.3. Typologies des ONG

Il est difficile de trouver dans les ONG palestiniens ceux qui se spécialisent seulement dans un domaine donné. Souvent ces ONG mènent à la fois, provision de service, défense de droits et conscientisation. Vu que mon étude concerne l’intégration des Palestiniens au Liban et le rôle joué par les ONG dans ce domaine, Je vais exclure de mon étude le volet service dans le travail des ONG vu que ce volet ne concerne pas mon sujet, et je veux m’intéresser seulement  au volet d'advocacy et de conscientisation. Dans ces deux domaines, on peux faire la dichotomie  entre ceux qui se focalise seulement sur le droit au retour et ceux qui mènent un campagne en faveur les droits sociales, culturels, civils et économiques des Palestiniens dans la société libanaise. Dichotomie: c'est parce que c'est souvent les acteurs eux -même le regardent de cette façon. On n'est pas dans une vision de concevoir le réfugié comme être humain capable de gérer une double allégeance envers son pays d'origine et le pays hôte.

En ce qui concerne Les ONG internationales (ONGI), en effet elle se divisent en deux catégories : celles qui financent des ONG locales. Les autres établies des bureaux au Liban et financent leurs propres projets. L’aide de ces organisations est plutôt un aide humanitaire, autres ONGI peuvent en plus soutenir le droit au retour et au rapatriement, en même temps ces organisations peuvent supporter d’autres ONG locales qui aident à accomplir ce but.

Concernant les ONG palestiniennes (ONGP) qui sont en  majorité non enregistrées avec l'autorité libanaise, comme on a déjà montré, ces ONG qu’elles soient enregistrées ou non, leur rôle principal est dans l’aide social, la santé, le développement des capacités de la personne à travers des cours de formation professionnels, créatives, éducationnelles fourni au réfugiés, avec des activités culturelles  afin de revivifier l’héritage culturel et le transmettre aux  nouvelles générations nées au Liban. Ces associations peuvent être divisées en quatre types : Associations enregistrées, associations proche de l’OLP, associations religieuses, associations non enregistrées. 40% sont enregistrées et 40% autres travaillent sans permis de travail. Le reste est de facto reconnu à cause de leur position proche de l’OLP, ou par  vertu de leur statut religieux. (Salah, 2001:10) Ce statut fragile des ONG rend leur rôle comme intermédiaire entre société libanaise et communauté Palestinienne est problématique.

A propos des ONG libanaises, des rares ONG fournissent d’aide aux Palestiniens, mais nulle ne fait des campagnes de défense pour leurs droits sociaux, économiques, culturelles, civils et politiques. Différente raisons pourrait être évoquées mais en effet la plus importante peut être le fait que certaines ONG craignent que les Palestiniens acquièrent la nationalité libanaise. Mais généralement parlons, les ONG au Liban ne semblent pas suffisamment conscientes du rôle potentiel qu’elles peuvent jouer. Elles ne se conçoivent pas comme des groupes de pressions qui peuvent contraindre et orienter la politique de l’État. C'est peut-être la situation politique du Liban qui ne leur permet pas de jouer ce rôle. Dans tous les cas, elles conçoivent la défense des droits, comme des questions qui touchent à la politique.

4.4. ONG libanaises : agenda qui marginalise l’intégration palestinien

Les ONG libanaises coopèrent avec des ONG palestiniennes dans les domaines d’aide sociale et de développement sociale, mais ne coopère pas en ce qui concerne les droits civils et sociaux des Palestiniens. Notons que, en 2005 une campagne retentissante menée par une coalition composée  des ONG libanaises et palestiniennes, était organisée en faveur du droit au retour.

Donc on peut remarquer que les ONG libanaises peuvent coopérer avec les Palestiniens dans l’aide humanitaire, et elles n’est pas de leur priorité, même n’est pas dans leur objectif d’abolir la discrimination contre les Palestiniens et d’éliminer toute les violations de droits faites par l’État libanais. Trois hypothèses seront possibles: la première c’est que les ONG ont été influencé par la force syrienne au Liban qui ont voulu réprimer les Palestiniens ; la deuxième hypothèse concerne les traces de la guerre civile qui a semé certaine hostilité entre Libanais et Palestiniens ; enfin la troisième il y a une in déférences par rapport aux misère des Palestiniens au Liban. Il faut signaler le décalage entre discours et pratique des ONG libanaise concernant ce domaine. Pour moi la troisième hypothèse est la plus probable parce que comme on a parlé plus haut que ces ONG soutiennent seulement le doit au retour des réfugiés palestiniens et ne font aucun effort pour améliorer leur situation de vivre, pour vivre dans la dignité que chaque être humain la mérite.

Cependant récemment on assiste à l'émergence de structure de réseau rassemblant des ONG libanaises et palestiniennes. D’après mes interviews, une ONG « umbrella » « Massar Al-Siyasat al-chababiya » (Trajectoire des politiques des Jeunesse), il y a des commissions spécialisées, chacune de ces commissions est constituée des Palestiniens et des Libanais. Parmi les commissions, une commission nommée « la commission de la jeunesse palestinienne », est chargée du travail direct sur le sujet des droits des Palestiniens. Cette commission a formulé des demandes, après plusieurs meetings entre des jeunes palestiniens et des jeunes libanais.  Mais ce développement ne change pas notre constat général que les ONG libanais ne contribue pas sérieusement à l'intégration des Palestiniens à la société libanaise.

4.5. ONG palestiniennes : Rôle minimal dans l'intégration 

Comme je l'a annoncé dans l'introduction de cette section, on distingue entre deux type des ONG palestiniennes au Liban: le première partie sont les ONG qui se focalisent sur les droits au retour. Le Réseau de Haq Al Awda (Droit au Retour)-section du Liban constitue l'exemple par excellent avec leur activités de mobilisation qui ne traite par de façon sérieuse le droit civil et socio-économique. Beaucoup de petites organisations dans le cas font partie de ce genre d'ONG. La deuxième partie est ceux qui combinent entre droits au retour aux droits civils et socio-économiques comme Al-Jana. Cette organisation qui est basée à Beyrouth dans une zone très proche de camps de Sabra fait de travail important dans la connexion entre société libanaise et communauté palestinienne dans leur activité de nature culturelle. On peut signalé d'autres projets dans la direction de la contribution à l'intégration.

D'abord on peut noter le dialogue palestino-libanais qui a été entrepris par département des Affaires des Réfugiés au sein de l'OLP. Ce projet à comme objectif selon sa brochure de combler les lacunes entre la société libanaise et la communauté palestinienne et d’assurer l’intégration entre ces deux entités. Le dialogue se focalise sur les attentes des réfugiés palestiniens de l’État libanais d’un côté, et les attentes de la société libanaise des Palestiniens et que les droits civil et socio-économique ne signifie pas une implantation durable des réfugiés au Liban.

Ces dialogues se présentent comme le pas principal à réduire la tension entre la société libanaise et la communauté palestinienne. D'autres actions ont la même objective   ont été poursuivies par l'Organisation Palestinienne de Droits de l'Homme (OPDH) et par Najdah (organisation proche de Front Démocratique de la Libération de Palestine). Ce dernière mène actuellement une campagne visant le droit au travail.

D'un autre côté, les ONGP expliquent aux délégations étrangères visitant le Liban  la situation des réfugiés palestiniens au Liban et la politique discriminative continue envers eux. Espérant  que plusieurs institutions étrangères et internationales peuvent conditionner leur coopération avec le Liban par l’ajustement de la situation des Palestiniens au Liban, et de cette façon peuvent exercer des contraintes sur le pays d’accueil. Ainsi, l’OPDH poursuit des visites d’advocacy et des campagnes à l’étranger pour obtenir le soutien des organisations étrangères comme l’Union Européenne et les Nations Unies et des autres organisations internationales afin que ces institutions exercent une pression visant à modifier les lois libanaises coercitives discriminatives envers les réfugiés palestiniens.

Malgré l'importance de ces projets constituant une percée dans le domaine d'intégration, je peux dire d'emblé que le travail reste très marginal par rapport a des activités qui se focalisent seule ment sur le droit au retour. Peut-être ainsi parler des ONG poussant la société palestinienne a l'auto-ségrégation? Je laisse cette question ouverte pour plus de recherche dans ce domaine.

5. Conclusion

Malgré un cadre juridique très ségrégationniste des Palestiniens au Liban, on constate certaines percées dans le domaine de l'intégration. Situation s'avère très complexe lorsqu'on étudie le rôle des ONG libanaises et Palestiniennes dans ces processus. La ségrégation spatiale qui constitue les camps de réfugiés palestiniens au Liban  peut être le cadre explicatif de cette séparation physique à la base de cette exclusion. Le camp comme une entité quasi-politique est devenu un ghetto urbain et social qui rend l'intégration des Palestiniens comme un processus très difficile.

Situation devient plus complexe avec la propagation de la phobie et l'illusion de l'implantation durable des Palestiniens au Liban de la part de certains groups sociaux libanais. L’équilibre communautaire délicat est mis en avant dans tout discours qui évoque le statut des réfugiés au Liban. Le historien israélien Amnon Raz a parlé d'Israël comme un Etat juif et démographique (à la place de l’État Juif et démocratique), faut-il parler du Liban alors comme un État confessionnel et démographique qui empêche toute développement du processus de l'intégration. Réduire les Palestiniens au statut d’étranger parait excessif et incohérent avec la réalité de ces exilés palestiniens « libanais », parmi lesquels deux, voir trois générations sont nées au Liban et contraints à y rester, et compte tenu aussi de leur participation, et celle de leurs aînés dans la vie économique, sociale et culturelle du pays.

Par contre l’octroi d’une résidence permanente est une proposition de règlement politique d’une situation collective. Cette proposition vise en fait sans faillir au principe de non implantation, accorder aux Palestiniens un statut spécial, plus juste et égalitaire, qui leur permet de bénéficier des droits civiques et sociaux dont bénéficient les libanais, (à l’exception des droits politiques) comme c’est le cas en syrie. Cette solution semble  la plus correspondre aux besoins des réfugiés désireux d’avoir une vie décente, et de tenter de sortir de la situation désastreuse dans laquelle ils se trouvent, sans pour autant vouloir la nationalité, ni même l’intégration d’ailleurs. 

Considère-t-on les certains commissaires politiques et ONG palestiniens comme un facteur aggravant l'exclusion et créant une condition favorisant l'auto-ségrégation?

Cette conclusion va laisser cette question ouverte jusqu'au ce que je fini l'analyse de donnée préparé pour mon mémoire de master.

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