Aurelia Wa Kabwe – Segatti
Institut Français d’Afrique du Sud, Johannesburg
aurelia@ifas.org.za
Mots-clés : Afrique australe – post-apartheid – asile – transition démocratique – politique d’immigration – intégration régionale
Dans le contexte post-apartheid que l’on situe ici dès le discours de F.W. de Klerk le 2 février 1990, l’ouverture de l’Afrique du Sud, la fin des conflits mozambicain puis angolais, l’instabilité profonde de l’Afrique des Grands lacs et plus récemment la dégradation de la situation politique et économique du Zimbabwe, ont été les principaux facteurs de bouleversement des flux migratoires régionaux. Le nouveau statut international et régional de l’Afrique du Sud en fait une destination nouvelle pour les réfugiés et demandeurs d’asile dès le début de la décennie 1990. Les répercussions du conflit mozambicain, dans le nouveau contexte démocratique sud-africain, obligent les administrations de la transition, de de Klerk à Mbeki, à mettre en place des dispositifs législatifs et insitutionnels d’asile en conformité avec les accords internationaux et à s’ouvrir à l’installation du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies.
Dans le même temps, d’autres pays, le Botswana, la Namibie et plus récemment le Mozambique, connaissent un afflux de populations de la région (Zimbabwe) et des Grands lacs les obligeant eux aussi à revoir leurs politiques et leurs dispositifs d’asile. Bien moins touchés que d’autres pays du continent (Tanzanie) qui ont pu accueillir des effectifs critiques, les pays d’Afrique australe sont cependant devenus aujourd’hui la première destination migratoire du continent et une destination importante pour les candidats à l’asile (qui ne sont d’ailleurs pas uniquement originaires d’Afrique).
La relative prospérité économique de ces pays et leurs traditions démocratiques (constitutions progressistes, lobbies organisés de défense du droit international des Droits de l’Homme), en font un contexte complexe où les distinctions entre catégories de migrants sont particulièrement difficiles. La difficulté de ces pays à s’organiser au niveau régional ne laisse pas entrevoir d’uniformisation institutionnelle des régimes d’asile mais plutôt des ajustements unilatéraux ou bilatéraux ad hoc. Le grand défi de l’Afrique australe est aujourd’hui de concilier décollage économique, transition démocratique et leadership continental. La situation de l’asile est un prisme avantageux sur ce triptyque au cœur des problématiques régionales.
Cette communication tentera d’exposer dans un premier temps les dynamiques et les effets de l’émergence des régimes d’asile dans la période post-apartheid (Afrique du Sud, Botswana, Mozambique) puis envisagera les limites de ces régimes dans des contextes où l’articulation entre politique d’immigration nationale, régime migratoire régional et régime d’asile peine à se dessiner.^ Haut
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