Accueil » Programme » Atelier 6 » La question du vieillissement de population en Arménie

La question du vieillissement de population en Arménie

Lusine GUÉVORKIAN, Organisation non gouvernementale « VOSTAN », Arménie, Master en critique d’art, Université d’État d’Evéran. Chercheuse de l’Organisation non gouvernementale

Pour plusieurs pays le vieillissement démographique est l’un des plus grands défis du siècle. Il a des conséquences sur la croissance économique, sur le marché d’emploi, sur les systèmes de santé publique et de retraite.

L’Arménie, comme d’autres pays, est concernée par le vieillissement de la population d’une grande ampleur.

Pendant ces dernières décennies la baisse du niveau de natalité, l’augmentation de nombre de divorces, les avortements, les grands flux migratoires et les autres problèmes (de différentes évolutions sociaux-économiques, guerres, troubles politiques, catastrophes naturelles) ont totalement changés la situation démographique de l’Arménie. Le pays a connu une forte baisse de natalité au début des années 1990 [1].

Graphique 1 : Pyramide des âges de l’Arménie, 1990

Graphique 2 : Pyramide des âges de l’Arménie, 2010

Les pyramides des âges (Voir les graphiques 1 et 2) représentent la répartition par sexe et âge de la population en 1990 et 2010. Ils nous permettent de suivre des changements dans la structure de population pendant les années. On voit que la pyramide qui présente l’an 2010 a perdu sa forme normale et en comparaison avec celle de 1990, sa base est devenue plus étroite. L’observation de ce graphique nous permet de dire que dans quelques années la situation démographique du pays deviendra plus pire.

Il faut noter, qu’on voyait la tendance du baisse de niveau de fécondité depuis 1970-1980, mais il n’avait pas de telle ampleur. Mais en 1990-2009 le nombre de naissances a presque diminué. 79882 enfants ont été nés en 1990, 48960 en 1995 et 44413 en 2009.

Selon le rapport national sur la jeunesse présenté par le ministère de la Culture et de la Jeunesse de la République d’Arménie en 2005, les enquêtes sociologiques (effectuées en 2005) montre qu’au cours des dernières années on a pu observer une tendance de vieillissement de la population en Arménie, causée par une baisse de taux de natalité, du nombre de naissances par familles et de celui des mariages. Tous ces changements sont causés par les conditions socio-économiques. « Si nous ajoutons à cela le fait que la majorité de ceux qui quittent le pays sont des jeunes en âge de travailler, il devient évident que le processus de vieillissement en Arménie ne se manifeste pas d’un point de vue classique mais comme un processus spécifique de disparition de la jeunesse ». [2] (Voir le tableau 1)

Tableau 1 Migration : Structure par âge et sexe des migrants (% de la population)

Dans notre pays chaque femme a en moyenne 1.6 (2009) enfant, alors que ce chiffre devrait être de 2.1 pour maintenir la population à son niveau actuel. Le taux de fécondité est un peu plus élevé au milieu rural, qu’au milieu urbain. La grossesse n’est pas très répandue chez les adolescents. Seulement 5 pour cent de femmes entre 15-19 ans ont des enfants ou sont enceintes. Les femmes avec haut niveau d’étude préfèrent retarder la naissance de leur premier enfant. [3]

Il faut faire attention surtout au fait que durant des années le taux de fécondité était moins de 1.6, (c’était 1.4 en 2003-2008, et 1.2 avant 2003) et cette croissance est liée à la politique d’État. Mais les sources utilisées par le gouvernement, la politique officielle de soutien et d’encouragement pour stimuler les naissances (on a augmenté l’allocation unique versée aux familles pour la naissance d’enfant) ne sont pas assez et ne modifient pas les conditions sociales des familles.

La baisse du niveau de fécondité s’explique par divers raisons, comme la situation socio-économique du pays, les difficultés de vie (l’état financier de classe de la population en âge de procréer), le chômage, les difficultés d’élever l’enfant, un système d’allocation insuffisant, la tendance de privatisation des écoles maternelles et primaires etc. Un autre facteur qui sans doute influe sur le taux de natalité : c’est la tendance de changement du système de valeur, le changement de comportement, l’influence de la culture occidentale. Les chercheurs attirent l’attention aux différences de mentalité. <> une idée typique pour la mentalité arménienne cède un peu sa place à une nouvelle philosophie, plus caractéristique à la mentalité européenne : “Avoir un enfant et pouvoir lui donner tout”.

En Arménie le modèle de famille à 3-4 enfants cède un peu sa place à celui de 1-2 enfants. [4]

Selon les données du Service National Statistique au mois de janvier en 2010, les personnes à l’âge de 60 et plus constituent le 13.3% de population totale de l’Arménie [5]. Si on regarde les normes démographiques acceptées dans le monde entier, par lesquelles la société est considérée âgée si les gens à l’âge de 60 et plus constituent 12 % et plus de population totale, on peut noter que le vieillissement de population est déjà une menace pour l’avenir du pays. L’augmentation du nombre des personnes âgées est plus saillante en comparaison avec les années précédentes. Ainsi, si aujourd’hui la proportion de personnes à l’âge de 60 ans et plus constitue environ 13% de la population totale de l’Arménie, dans les années 1960 elle ne dépassait pas 7-8% et 1970 elle était moins que 9%. Les experts de la Banque mondiale estiment que l’espace ex-soviétique (sauf quelques pays musulmans de l’ex-URSS) est la seule région du monde dont la population connaît un tel vieillissement qui, avec les mauvaises conditions de vie et les failles des réformes économiques, sociales et politiques, menacent gravement les économies locales et les structures étatiques [6]. Le rapport précise que les pays ex-soviétique seront également en proie au vieillissement, avec un habitant sur cinq ayant 65 ans et plus à l’horizon 2025. L’Arménie est logée à la même enseigne que les autres républiques de l’ex-URSS, toutes confrontées à de graves problèmes démographiques. Sh. Kotcharian, parlementaire qui a étudié les tendances démographiques en Arménie, affirme, qu’en Arménie on aura toutes les conséquences négatives du vieillissement de la population : il y aura moins d’actifs dans le marché d’emploi, et deuxièmement, nous aurons un problème du point de vue de la sécurité nationale, un problème qui s’aggravera de plus en plus [7]. La migration des gens à l’âge de travail, surtout des hommes à l’âge reproductif contribue à son tour au processus de vieillissement de société de l’Arménie [8]. Selon des enquêtes sociologiques de l’an 2005 seulement 21% des jeunes interrogés souhaitaient continuer à vivre dans leur lieu de résidence. Parmi les plusieurs raisons pour lesquelles les jeunes veulent quitter leur pays, la dominante est la situation socio-économique du pays.

La migration des jeunes de zones rurales vers les zones urbaines apporte le vieillissement de la population dans les régions rurales et contribue également aux tendances d’urbanisation.

La population est inégalement répartie dans la capitale est dans les régions. A Erévan la densité de la population dépasse 224 fois l’indice de Vayots Dzor et 144 fois celui de la région de Syunik [9]. Si on fait attention au fait qu’aujourd’hui à Erevan habitent beaucoup de gens sans inscription (on est logé chez leurs proches ou on a loué un appartement), les différences réelles de densité de la population entre la capitale et les régions seront plus grandes.

La migration des jeunes des zones rurales s’explique non seulement par la manque d’emploi, mais aussi par leur envie de recevoir une bonne éducation. Un autre facteur aussi important, est le désir “d’être au centre d’événements”, car la vie culturelle est plus active dans les villes. Selon les études seulement 12% de la population des communautés rurales sont satisfaits des services culturels, le 35% sont satisfait partiellement. Pour 53% de répondants les services culturels ne correspondent pas à leurs besoins du tout. L’étude (faite en l’an 2010) montre que 82 communautés rurales dans 129 n’ont pas de maisons de culture, ni de cinéma. [10] Dans les zones rurales les jeunes n’ont pas la possibilité de se réaliser dans aucun domaine.

Les spécialistes attirent l’attention du Gouvernement sur les changements radicaux dans 5-15 ans [11]. Les gens, nés au cours des années 1950-1960, les gens qui ont survécu la guerre entrent dans le système de retraite. La balance de structure par âge de population changera profondément (Voir le tableau 2).

En d’autres termes dans quelques années le pays aura « un hiver démographique » et sera obligé de faire face à de nombreux autres problèmes : une réduction quantitative en terme de force de travail, une modification structurelle du marché de l’emploi, une baisse de productivité, un ralentissement du développement économique, et ainsi de suite. Même de point de vue politique des conséquences de vieillissement seront inévitable. On pourra avoir un électorat des personnes âgées, qui auront du poids, joueront un rôle actif dans la vie politique du pays.

Concernant le régime de retraites, son déficit va subir une explosion, ce qui suppose des ajustements économiques. Il existe deux approches contre le vieillissement : d’un côté, encourager l’immigration, de l’autre, encourager l’augmentation des naissances. En fait l’immigration ne résout qu’en partie le problème du vieillissement, et même ne le résout pas du tout. Selon sociologue M. Aharon Adibekyan “Si les Arméniens de la diaspora venaient en Arménie, ils amèneraient leur faible taux de natalité et cela ne constituerait pas une solution, cela retarderait seulement le vieillissement. L’État doit soutenir les jeunes familles en les aidant à trouver un appartement et en les faisant bénéficier d’allocations pour leur deuxième et troisième enfant et ainsi de suite.” [12] Une politique commune encourageant en même temps l’immigration et l’augmentation du taux des naissances est essentielle.

Tableau 2. La structure de la population totale de l’Arménie par groupe d’âge (2006-2010)

En Arménie le nombre de femmes à l’âge de 50+ ans dépasse celui des hommes dans tous les groupes d’âges. [13] (Voir le tableau 3) L’espérance de vie des femmes est plus élevée que celui des hommes (77ans pour les femmes et 70.6 ans pour les hommes) (Voir le graphique 3). Dans le groupe de personne à l’âge de 60-64 ans les hommes constituent le 40% et les femmes 60%. En Arménie 86.8% des retraités vivant seuls sont des femmes. Ainsi, on peut voir que dans les groupes d’âges 50 et plus il existe une inégalité de sexe et l’État doit faire attention a ce fait et le prendre en compte dans l’élaboration des stratégies et des projets pour les personnes âgées.

Tableau 3. Le pourcentage des hommes et des femmes dans les groupes d’ âges

Graphique 3

Il faut non seulement prendre des mesures contre le vieillissement mais en même temps créer des conditions décentes pour les personnes âgées.

Les conditions de vie des personnes âgées et leurs besoins

En Arménie la vie réelle de la majorité des personnes âgées n’est pas confortable ni de point de vue du bien-être matériel, ni de confort. Avant tout ça concerne les retraités des régions rurales, les personnes âgées qui vivent seules, dont la capacité de se soigner est limité, qui ont besoin d’aide des autres, les réfugiés, les gens sans abri permanent.

Il faut faire attention au fait que la santé se dégrade avec l’âge et, à cet égard les personnes âgées ont plus besoin du soin spécial. Mais la médecine est assez chère et très souvent elle n’est pas adéquate aux besoins des patients. Pour les personnes âgées les trois premiers besoins restent : les finances, la santé et la nourriture. Le besoin d’aide financière dépasse de deux fois le besoin de nourriture et trois fois les besoins médicaux, le soutien moral et les conditions d’habitation [14]. L’effondrement de « l’équilibre démographique » a négativement affecté sur la stabilité financière du système de retraite. Malgré le développement du système de retraite est la direction principale de la politique de protection sociale, même la plupart des finances de domaine social sont destinées aux pensions, en Arménie la dimension de retraite reste trop bas, puisqu’il y a proportionnellement moins d’actifs pour financer les retraites. En Arménie on utilise seulement le système de retraite par répartition, où les générations actives paient les retraites pour les générations plus âgées. Ce sont surtout les personnes âgées vivant seuls qui ont des difficultés financières. Le système actuel de pension en Arménie ne donne pas l’opportunité d’une protection sociale digne aux citoyens. C’est inefficace et comme dans le monde entier il est déficitaire. L’introduction de nouveau système des pensions est nécessaire.

Actuellement le Gouvernement prépare une réforme des pensions qui est un élément important pour le développement de l’économie arménienne [15]. La réforme prévoit un système de pension à plusieurs étages composé de deux composantes principales : un système public distributif et un système privé par cumul. Cette réforme est encore au niveau de discussion, le système de pension cumulé sera présenté en 2012 en Arménie. On espère que son introduction aidera au développement du marché financier, aidera les citoyens à s’occuper de leur avenir.

Le travail

Le bas taux d’emploi des personnes âgées s’explique par l’âge de travail imposé par les employeurs. Les employeurs de secteur privé ne demandent que des employés jeunes. L’État, à son tour, exige les limites d’âge de fonctionnaires le définissant ainsi 65, dans les cas individuels cette limite peut être prolongée encore un an et on peut renvoyer les employés, sans faire attention à leur professionnalisme. Il devient évident qu’en Arménie il y a des difficultés pour garantir l’emploi aux individus âgés. En plus, les études montrent, que dans toutes les régions du pays les personnes âgées ont besoin d’aide de cabinet-conseil de l’emploi [16]. Il y a une certaine « discrimination artificielle » dans le secteur d’emploi, car on demande des actifs qui n’ont pas 30 ans, qui ont des connaissances linguistiques, qui sont représentables.

Il faut noter que dans des plusieurs cas les personnes âgées préfèrent travailler. Selon les études même 3.2% des hommes et 2.8% des femmes âgées de 75 ans et plus cherchent du travail. Dans le groupe d’âge 70-74 ce chiffre pour les hommes atteint jusqu’au 17%. [17]

Souvent les personnes âgées disent cette phrase : “Empêchez-moi de travailler, si vous voulez ma mort”. Même si on veut faire des petits travaux et on est capable de le faire, il faut leur donner cette possibilité, car en travaillant on se sent mieux, on se sent utile pour la société et pour la famille.

Les conditions d’habitation

La génération actuelle de personnes âgées normalement dispose leur propre habitation. Pour de différentes raisons (les changements dans la composition de famille, le statut de santé, la réduction de revenu, le haut prix qui exige la maintenance de logement, etc.) ces personnes veulent déménager, surtout de vivre dans les appartements (ou les maisons) plus petits, pour économiser de l’argent. L’Adaptation de logement aux besoins de personnes âgées est un grand problème surtout pour les régions rurales. Souvent il n’y a pas de gaz, les maisons se chauffent par les poêles de bois. De plus, même la question d’une simple hygiène est un problème et c’est surtout à cause du manque de l’eau.

Pour la population urbaine parmi les plus grands problèmes de conditions d’habitation reste le manque d’ascenseur (Les ascenseurs sont installés seulement dans les bâtiments de plus de 5 étages). 27 pour cent de population âgée 50 + croient que leurs conditions d’habitation sont insuffisantes, 33 pour cent sont partiellement satisfaits de leurs conditions d’habitation. Seulement 6 pour cent d’entre eux estiment qu’ils sont absolument adéquats [18].

Le statut d’aîné dans la famille, les relations intergénérationnelles

En 1968 à Stépanakert était l’inauguration du monument sculpté par Sarkis Baghdassarian « Papik et Tatik » (les grands-parents) [19]. Il ne représente que des visages. Une fois on a demandé au sculpteur. « Ces personnages n’ont-ils pas de jambes ? ». L’artiste a répondu : « Mais si, et, elles sont profondément enracinées dans leur terre ». C’est une illustration symbolique de la mentalité arménienne, qui révère, qui honore la personne âgée de la famille, en y retrouvant sa force.

La famille traditionnelle arménienne et la société étaient toujours attentives et soigneuses aux personnes âgées [20]. Les jeunes gens qui ne soignaient pas leurs parents n’étaient pas respectés par la société. La solidarité intergénérationnelle est très vive est se caractérise par le respect envers des personnes âgées, par leur écoute, par le statut “des vieux” dans la famille, par l’amour naturel que portent les petits-enfants à l’égard de leurs grands-parents. Pour un arménien c’est un devoir moral, qui apporte un sentiment de satisfaction moral.

Aujourd’hui nous pouvons noter, que les changements ne sont pas considérables, on remarque une certaine tendance, mais on ne peut pas parler de ses côtés négatifs. Même encore aujourd’hui 95% d’hommes et des femmes à l’ âge de 50 ans et plus sont complètement d’accord avec la phrase « Ce sont les enfants qui doivent s’occuper de leur parents qui ont besoin de l’aide » [21] (Voir le graphique 4).

Graphique 4

Si parfois les jeunes ne peuvent pas montrer plus d’attention c’est surtout à cause d’exigences de ”monde moderne”, le travail, le besoin de gagner, le quotidien prennent beaucoup de temps. En Arménie les maisons de retraites sont plutôt destinées aux gens qui n’ont pas de famille et parfois ils restent vides. Si les membres de la famille sont tellement occupés qu’ils ne peuvent pas soigner « les vieux » eux-mêmes, ils préfèrent prendre l’aide-soignante. D’habitude les grands-parents habitent avec leurs enfants, surtout avec le fils cadet, les aînés quittent souvent la maison parentale après le mariage. Ce que les jeunes gens n’habitent pas seul s’explique par quelques raisons, dont les deux principales sont la force de tradition et les bas salaires, qui ne permettent pas de louer un appartement. Aujourd’hui bien qu’on voit la tendance de se séparer des parents le modèle de la famille à trois générations reste encore dominant.

En parlant du respect exceptionnel envers les membres âgés de la famille il ne faut pas oublier certaines “lois non écrites”, celles-ci caractérisent les relations des jeunes et des personnes âgées. Par exemple, d’habitude les jeunes ne fument pas à la présence de leurs pères, et ceux-ci ne le font pas devant leurs parents. Pendant les réunions de la famille c’est la personne âgée ou plutôt l’aînée de la famille qui est “a la tête” de la table, c’est lui qui dit le premier toast et ouvre la fête. Une autre tradition intéressante : Pour le Nouvel An ou pendant d’autres fêtes on se réunit à la maison, où s’est logé l’aîné de la famille. C’est un respect envers lui. D’autre part il est indispensable de noter que la présence de la personne âgée contribue à l’unification de la famille. Ca sera un anniversaire, un baptême ou une autre fête, c’est une bonne occasion pour que les petits et les grands se réunissent autour d’une table.

Nos observations montrent un fait très intéressant. Ceux qui préfèrent vivre seul, surtout les nouveaux-mariés, dans quelques mois, surtout après la naissance du bébé, avouent le besoin d’aide de leurs parents, leur aide est énorme et irremplaçable.

Comme un avantage de la cohabitation les jeunes indiquent aussi le manque de sentiment de solitude. Etre ensemble, ça rende la famille plus forte. Il y a sans doute des difficultés quand on cohabite. Par exemple le sentiment de dépendance de personnes âgées qu’ont souvent les jeunes, les disputes des parents et des grands-parents dont la cause principale est l’éducation des enfants, le mécontentement des parents quand les grands-parents défendent toutes les démarches de petits enfants, etc. Mais si dans la famille il y a un grand respect l’un pour l’autre, s’il y a une compréhension mutuelle on peut éviter maximum de tous ces problèmes. Avoir des grands-parents près de soi est un véritable atout, ils sont prêt à faire tout pour le bien de leurs enfants et de leurs petits enfants et ce n’est pas étonnant que de leur présence profitent surtout les petits-enfants. “Mes petits enfants sont tout pour moi” c’est ça la philosophie des grands-parents arméniens.

En Arménie on compare souvent la grand-mère arménienne et européenne : “la grand-mère européenne retraitée danse dans les clubs, voyage, visite d’autres pays, la grand- mère arménienne reste avec ses petits-enfants, leur raconte des récits, joue avec eux etc. La grand-mère européenne profite de sa propre vie, de “sa vie de femme”, tandis que la grand- mère arménienne consacre sa vie à ses-enfants et à ses petits-enfants. Et elle le fait avec un grand plaisir, ca vient du cœur, elle ne pense pas qu’elle rend service mais elle profite de son rôle de grand-mère, elle donne et elle reçoit, l’important c’est qu’elle se sent utile. Pour la grand-mère arménienne il ne s’agit pas d’un devoir en général, elle n’est pas obligée de soigner et s’occuper de petits-enfants, pour elle c’est plutôt “un devoir de l’âme.” A la question « Les grands-parents doivent-t-ils soigner leurs petits-enfants, si les parents ne peuvent pas le faire ? » 88,93% d’hommes et 90,27% de femmes à l’ âge de 50 ans et plus ont donné des réponses positives [22].

Peut-être surtout par ca on peut expliquer le fait, que la pratique de louer une nounou n’est pas répandue en Arménie.

Mon petit-enfant est plus proche et plus aimé, que mon propre enfant”. Cette expression, qu’on peut entendre de la bouche de chaque grand-parent arménien nous montre à quel point les grands-parents sont attachés à leurs petits-enfants. L’explication de cette expression est très intéressante. Quand on est jeune, les différentes inquiétudes, les tâches ménagères, le travail, les autres problèmes engloutissent tout le temps, on “sacrifie” beaucoup de temps au travail, on ne sent pas et on n’apprécie pas le plaisir du bébé profondément. Le vrai plaisir on ressent après, quand on est agées, avec les enfants on ne se sent pas vieux, les grands-parents “rajeunissent” avec les petits-enfants, ils les regardent et ils voient leur jeunesse, on voit la continuation de leur génération, ce qui donne la force de vivre. Une autre expression aussi reconnue, très folklorique, qu’on dit souvent avec un sourire “Si je savais que le petit-enfant est autant “doux”, au lieu d’avoir un enfant, j’aurais immédiatement un petit-enfant”.

Les grands-parents donnent leur amour, ils nous apportent leur aide, leurs connaissances, ils transmettent des valeurs simples de la vie. Leur rôle est essentiel dans l’apprentissage, dans l’éducation de leurs petits-enfants.

En Arménie on dit souvent que les aînés sont “la mémoire du pays”. Ils ont la mission de garder et de transmettre les traditions, les manières. Les personnes âgées sont les porteurs des légendes, des contes. Nous avons plusieurs œuvres orales, qui gardent leurs force et se transfèrent d’une génération à l’autre grâce aux personnes âgées.

Dans les familles arméniennes on a la pratique de donner à l’enfant le prénom du grand-père ou de la grand-mère. Tout d’abord c’est un respect envers l’aîné. Cette tradition a aussi une interprétation symbolique. On pense, qu’ainsi les qualités positives du titulaire de ce prénom se transfèrent à l’enfant, a qui on donne ce prénom.

Les petits enfants à leur tour sont très attachés à leurs grands-parents. En Arménie les petits-enfants qui habitent dans la ville en général passent leurs vacances chez leurs grands-parents à la campagne. Pour un petit-enfant arménien “aller à la campagne” est égale “aller chez les grands-parents”. Si les petits-enfants habitent sous le même toit avec leurs grands-parents ils passent la plupart de leurs temps avec eux, c’est la grand-mère ou grand-père qui “s’occupent” d’eux, qui leurs amènent les lieux d’amusements, en d’autre termes « le soin d’enfant » est surtout aux épaules de grands-parents, les parents sont presque toujours occupés par leur travail. A cet égard, ceux qui cohabitent avec un parent âgé sont favorisés. Il faut ajouter aussi qu’en général les filles sont plus attentives à leurs parents, mais en Arménie les parents vivent avec la fille quand elle n’est pas mariée ou elle est la seule enfant de ses parents. Elle ne se sépare pas du foyer parental. L’aide financière des personnes âgées presque toujours reste aux épaules des fils. Les études montrent que pour les personnes âgées la question financière est très importante, ils ne la considèrent pas seulement comme un moyen pour les besoins quotidiens. On a examiné les sources des revenus des familles qui ont été classées par les répondants selon leur importance. Si pour 61,7 pour cent des familles interrogées, en tant que source de revenus, à la première place vient le salaire, alors pour d’autres c’était la retraite et les allocations [23]. Mais comme on a déjà mentionné la taille de retraite ne répond pas aux besoins d’existences de retraités, ça concerne surtout les retraités qui habitent seuls.

La plupart des “vieux” demandent l’augmentation de pension pour pouvoir aider leurs familles, pour participer aux dépenses de famille, surtout pour les études de leurs petits-enfants. A la question “Les parents doivent-ils accorder une aide financière à leurs enfants, s’ils ont des difficultés financières” 90% de gens âgés 50 ans et plus ont donné des réponses positives [24] (Voir le graphique 5.).

Graphique 5

Dans de nombreux cas, les retraités partagent leurs pensions avec leur famille. La personne âgée, qui ne reçoit pas assez d’argent, non seulement se sent séparé de famille, avec “la voix limitée”, mais aussi il se sent “moins utile”, dépourvu de plaisir d’aide à sa propre famille, à ses petits-enfants. Le sentiment de satisfaction pour la plupart des “vieux” dépend de leur état financière, de leur indépendance financière, leur possibilité à contribuer à l’amé-lioration de la situation de leurs familles.

Les facteurs déjà mentionnés, la description déjà faite nous permettent de dire qu’en Arménie, tout en reconnaissant l’influence des fluctuations socio-économiques sur les familles, on reste cependant attaché au modèle de la famille traditionnelle telle que perçue dans notre société, avec un grand respect envers les personnes âgées. C’est l’enfant qui s’occupe de ses parents et c’est une psychologie enracinée dans la mentalité arménienne. C’est pourquoi il faut mettre l’accent sur le renforcement de l’aide accordée aux familles qui n’ont pas assez de moyens financiers et aux gens qui sont prêt à s’occuper ou à aider les personnes âgées. Il faut avoir une politique assez souple et donner de la préférence à la variante qui propose une solution combinée ayant au centre la famille et sa personne âgée. Le ministère du travail et des affaires sociales de l’Arménie élabore actuellement <>. Ca doit être l’une des directions principales de l’État, les mécanismes d’influence d’État sur les processus du vieillissement, il comprend des éléments de mise en place de capacités tels que mécanismes institutionnels, recherche et collecte de données et valorisation des ressources humaines. Le Programme concerne plusieurs aspects des problèmes des personnes âgées, incluant la sécurité sociale, l’emploi, la politique de la famille, l’éducation des personnes âgées, la sécurité, les soins de santé, le logement, la culture et les médias etc. Il affirme, qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la vie des personnes âgées dans tous les aspects : financier, culturel, social, médical...

Actuellement dans le cadre de système d’aide sociale les personnes âgées reçoivent l’assistance sociale, médicale et psychologique [25]. Pourtant, c’est pas suffisant, la protection sociale-médicale ne satisfait les besoins ni du point de vue de qualité, ni de quantité. La couche la moins protégée de la société reste les pensionnaires. Au niveau d’assistance de l’État parmi les questions les plus principales restent actuelles l’augmentation des retraites, le renforcement d’assistance sociale, l’amélioration des services sociaux, la gratuité des visites médicales, en particulier pour les personnes âgées des zones rurales, le lancement des programmes de réduction du chômage visant à faire revenir au pays la main d’œuvre masculine, l’implication d’un programme plus souple pour faciliter le problème d’occupation sans créer des déséquilibres et des conflits entre les générations, l’organisation des enquêtes sur la situation des personnes âgées(y compris leur état de santé, l’état financière, les relations intergénérationnelles), l’amélioration des conditions d’habitation des “vieux”, de prise en considération les besoins des personnes âgées dans les projets de développement local (surtout faisant l’attention aux différences des régions ruraux et urbains), l’amélioration des services publics, la consultation des personnes âgées, l’aide psychologique, la modernisation des maisons de retraite etc., etc.

Il ne faut jamais oublier que les personnes âgées sont “comme les enfants” et leurs besoins doivent être au centre, à l’attention des membres de la famille, de la société, de l’État. La solution des problèmes principaux des personnes âgées est directement liée au développement socio-économique du pays. Il est évident, que la stabilité de situation de l’État et le développement économique du pays peuvent assurer des conditions suffisantes et décentes pour les personnes âgées au niveau social (le bien-être et « une vieillesse garantie »). En parallèle à la réforme du système de sécurité sociale, des pensions, il faut faire une attention particulière aux programmes d’activités, aux programmes culturels, qui enrichissent la vie des personnes âgées, pour qu’ils oublient leur âge et les problèmes de vieillesse.

En conclusion, j’exprime un souhait, que chacun de nous comprend que le vieillissement est inéluctable et que chacun, quelque soit le stade de sa vie actuelle, est appelé à vieillir, qu’on reconnaît le rôle important que les personnes âgées jouent à tous égards dans la société, qu’ils sont le potentiel intellectuel et spirituel d’un pays, ils sont les porteurs du système de valeurs et ils représentent une richesse, sans laquelle aucun pays ne peut exister. Chacun de nous doit être prêt à faire le maximum pour garantir une vie décente aux personnes âgées qui sont au déclin de la vie.

Bibliographie

Règlement du Gouvernement N27, « La stratégie de la politique démographique de l’Arménie », Erévan, 2009.

Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie, Erévan, 2009 (réalisée par le Ministère du travail et des affaires sociales de l’Arménie, l’Institut national des études sociales et du travail de l’Arménie, le Service National Statistique de l’Arménie).

Les statistiques annuelles de l’Arménie, Erévan, 2010.

Rapport – « L’étude de la migration externe et interne de l’Arménie », Erévan 2008, (réalisée par le Ministère du travail et des affaires sociales de l’Arménie, le Service National Statistique de l’Arménie).

Rapport – « L’analyse et l’estimation des influences de la politique démographique », Erévan, 2010, (réalisé par l’Institut national des études sociales et du travail de l’Arménie).

Rapport national sur le développement humain « La migration et le développement humain : opportunités et défis », Arménie, 2009.

L’étude des questions démographiques et de santé:2005, Des résultats principaux, Erévan, 2006, (réalisée par le Service National Statistique de l’Arménie, Ministère de santé de l’Arménie, ORC Macro).

T. Hakobian : « L’Arménie vieillit », Erévan, 2006 (http://www.armtown.com/news/am/zam/...).

E.T. Karapetian : « La communauté de famille arménienne », Erévan, 1958.

Sh. Kotcharian : « Démographie de l’Arménie dans le contexte de l’évolution démographique mondial », conférences à Noravank, 03.12.2007, (http://www.noravank.am/arm/seminar/...).

S. Baghdasarian. Album. Erévan, 1999, « Amaras ».

www.mss.am (la réforme des retraites).

[1] Règlement du Gouvernement N27, “La stratégie de la politique démographique de l’Arménie” Erévan, 2009, p. 12.

[2] T.Hakobian : “L’Arménie vieillit”, Erévan, 2006 (http://www.armtown.com/news/am/zam/...).

[3] L’étude des questions démographiques et de santé : 2005 », Des résultats principaux, Erévan, 2006, p. 5.

[4] Rapport « L’analyse et l’estimation des influences de la politique démographique » Erévan, 2010, p. 33.

[5] « Les statistiques annuelles de l’Arménie » Erévan, 2010, p. 28.

[6] “From red to gray : the ‘third transition’ of aging populations in Eastern Europe and the former Soviet Union”. Chapter 1, p. 70-71, World Bank Publications, 2007.

[7] Sh. Kotcharian : “Démographie de l’Arménie dans le contexte de l’évolution démographique mondial”, conférences à Noravank, 03.12.2007, http://www.noravank.am/arm/seminar/....

[8] Rapport national sur le développement humain « La migration et le développement humain : opportunités et défis », Arménie 2009, p. 19.

[9] Rapport « L’analyse et l’estimation des influences de la politique démographique » Erévan, 2010, p. 21.

[10] Rapport « L’analyse et l’estimation des influences de la politique démographique » Erévan, 2010, p. 129.

[11] Règlement du Gouvernement N27, “La stratégie de la politique démographique de l’Arménie” Erévan, 2009, p. 23.

[12] T. Hakobian : “L’Arménie vieillit”, Erévan, 2006 (http://www.armtown.com/news/am/zam/...).

[13] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 8.

[14] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 199.

[15] www.mss.am (la réforme des retraites).

[16] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 197.

[17] Sur la même page.

[18] Même étude, p. 198.

[19] S.Baghdasarian. Album. Erévan, 1999, p. 15,« Amaras ».

[20] E.T. Karapetian,“La communauté de famille arménienne ”, Erévan, 1958.

[21] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 184.

[22] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 184.

[23] Rapport- “L’étude de la migration externe et interne de l’Arménie“, Erévan 2008, p. 5.

[24] « Analyse des résultats de l’étude du vieillissement de la population en Arménie », Erévan, 2009, p. 184.

[25] Règlement du Gouvernement n°27, “La stratégie de la politique démographique de l’Arménie” Erévan, 2009.

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011