Accueil » Programme » Atelier 9 » Conditions d’habitat et accessibilité au logement des personnes âgées au Cameroun

Conditions d’habitat et accessibilité au logement des personnes âgées au Cameroun

Félicien FOMEKONG, Institut National de la Statistique, Yaoundé, Cameroun.

1. CONTEXTE

La population mondiale connaît depuis quelques années un vieillissement accéléré. Cette problématique fait désormais l’objet d’une des questions débattues lors des assemblées mondiales.

Sur le plan politique, si dans les pays développés, cette question préoccupe au premier plan les gouvernements, en Afrique, elle commence à peine à intéresser les pouvoirs publics. Pourtant, ces grands changements démographiques entraînent aussi bien dans les pays développés qu’en Afrique des conséquences d’ordre économiques, sociales, médicales, environnementales.

Dans ce continent « jeune », on pose généralement le problème en termes de rythme d’accroissement d’une proportion ou du segment le plus âgé par rapport à l’ensemble de la population en faisant ressortir ses incidences socio-économiques (dégradation des conditions de vie). Au niveau individuel, ce sont les besoins de la personne âgée (santé, conditions d’habitat, logement, sécurité sociale, éducation, etc.) qu’on cherche généralement à appréhender (Desjardin B. et Légaré J., 1984).

Aujourd’hui, le problème de vieillissement survient plus rapidement dans ces pays que dans les pays développés, il faut néanmoins reconnaître qu’avec les grandes mutations économiques, politiques et sociaux qu’on connut les pays d’Afrique sub-saharienne, leurs préoccupations ont porté jusqu’à lors sur les problèmes de l’accroissement de la population jeune et sur la crise économique qui freinent leurs politiques de développement. Ainsi, les actions menées visent encore les problèmes de la grande proportion de ces jeunes.

Cette question, loin de rester un indicateur de changements démographiques, est également un facteur de changement social dans la mesure où la croissance de la proportion des personnes âgées interpelle les acteurs, les institutions, les politique, les familles, etc. Certains pays laissent déjà entrevoir une prise de conscience de l’accroissement de la proportion des personnes âgées dans leur document de politique de population. Mais, les actions visant une meilleure protection des personnes âgées sont encore attendues. De même, les questions de la prise en charge des personnes âgées reste encore marginales, et ce dans un contexte où la tradition d’entraide familiale et communautaire est en plein effritement et ne concourt plus comme au paravent au bien-être individuel et collectif.

Les projections démographiques montrent que l’Afrique subira entre 1980 et 2025 l’une des plus grandes croissances du nombre des personnes de plus de 60 ans (Nations Unies). Il verra alors sa population âgée de plus de 65 ans quadruplée en 45 ans, passant de 22,9 millions en 1980 à 101,9 millions en 2025 (Nations Unies). La majorité de ces « vieux » vivent ou vivront en milieu rural, sans couverture sociale et sont ou seront obligés de continuer à travailler, notamment dans le secteur agricole pour survivre et subvenir aux besoins de leur ménage.

Ce constat amène à s’interroger sur les politiques a mené en direction des personnes âgées.

Par ailleurs, la mise en place de prestations visant à mieux prendre en charge les personnes âgées est devenue une urgence. En effet, le nombre d’aidants potentiels au sein des familles des personnes âgées dépendantes a tendance à diminuer du fait de l’augmentation de la participation féminine au marché du travail et de l’éclatement géographique des familles. Il faut néanmoins noter que dans ce contexte de crise de la famille et de la solidarité, de l’effritement des réseaux familiaux de prise en charge des personnes âgées, l’accroissement de leur nombre s’est accompagné du développement de l’offre d’assistance dans plusieurs pays d’Afrique.

Car, ces derniers ne bénéficient plus toujours du respect, de l’attention et de l’affection qui leur ont été traditionnellement réservés. Cette crise traduit ainsi l’effritement des identités communautaristes, suite à l’irruption graduelle d’une ‘‘Afrique des individus’’. La question essentielle aujourd’hui est de savoir si les normes culturelles des pays africains resteront suffisamment fortes pour permettre aux familles de maintenir leurs liens avec leurs parents âgés au fur et à mesure de l’alourdissement du fardeau de la dépendance au cours du 21ème siècle.

Pour Araba Nana (2001), Si les solutions classiques adoptées par les pays indus-trialisés : État providence, systèmes publics de retraite traditionnels et soins médicaux financés par les pouvoirs publics connaissent toutes les difficultés majeures, la question essentielle est de savoir si les normes culturelles des pays africains resteront suffisamment forte pour permettre aux familles de maintenir leurs liens avec leurs parents âgés au fur et à mesure de l’alourdissement du fardeau de la dépendance au cours du 21ème siècle.

Cette communication s’interroge sur l’un des problèmes auxquels ces « ainées » sont confrontés à savoir les conditions d’habitat et l’accessibilité au logement. En effet, la plupart des personnes âgées prennent leur retraite sans être propriétaire de logement ou propriétaires des logements précaires et insalubres. Dans ce contexte, la définition de meilleures solutions d’habitats pour les personnes âgées devient un enjeu important de la question de logement. Pourtant, ce sujet est relativement récent malgré l’attention dont cette catégorie de personnes fait l’objet (aide, soins, prise en charge, etc.).

2. MÉTHODOLOGIE

2.1 Considérations conceptuelles

La notion de vieillissement est assez complexe et varie d’un contexte (politique, social et culturel) à l’autre. Ainsi, les données sur le vieillissement semblent aussi difficilement exploitables parfois à cause de la grande variabilité contextuelle de ce vocable ou de la limite d’âge acceptée comme début de la vieillesse. Dans le système des Nations Unies, l’âge minimum pour être considéré de vieux est généralement de 60 ans. Dans la même perspective, les pays développés ont selon leurs expériences démographiques, adopté cette base pour les recherches et activités gérontologiques ou gériatriques. Face au vieillissement continuel de leur population et surtout au rallongement de la durée de vie ou à la valorisation des compétences des retraités, ces pays ont pu aujourd’hui distinguer le troisième du quatrième âge. Or, ce n’est pas la même réalité dans les pays à bas revenus et à faible médicalisation où très peu de personnes sont élues pour vivre jusqu’à 60 ans. Dans ce sens, le vieillissement ne peut être pris comme une donnée homogène, bien qu’universel.

Dans les pays en développement, plusieurs paramètres contextuels sont généralement pris en compte dans la définition des personnes âgées. Ainsi, pour éviter toute équivoque, nous parlerons dans ce travail de personnes âgées par rapport au contexte socio-démographique de l’étude (espérance de vie bas, niveau de mortalité élevé, etc.). Le premier paramètre démographique est celui de l’espérance de vie à la naissance. Au Cameroun, il est de 54,3 ans (EDS3, 2004), alors que la moyenne de l’espérance de vie dans les pays développés est de 76 ans (Nations-Unies, 2003). Cette durée de vie reste donc largement inférieure à la moyenne mondiale et se rétrécie considérablement aux âgées plus avancées. Nombreuses sont les familles qui n’ont plus la chance de voir leurs parents vivre au-delà de 90 ans malgré les progrès de la médecine. Deuxièmement, la définition du vieillissement doit prendre en compte ‘‘l’âge où l’on sort théoriquement de l’activité de production’’ (Evina Akam et Robert Randriambanona, 1988 : 2). L’âge médian de la retraite ou de la cessation d’activité au Cameroun est de 55 ans. Il est de 50 ans pour les agents de l’ 0201tat et 60 pour certains cadres des administrations publiques et privées.

Dans un contexte où les hommes sont les plus nombreux dans l’espace public, la définition doit également prendre en compte la limite d’âge de fécondabilité des femmes. Socialement, les personnes âges sont perçues comme toutes celles dont l’âge est supérieur à la cinquantaine. Compte tenu de tous ces paramètres, nous considérons comme personnes âgées toutes celles dont l’âge est supérieur ou égal à 55 ans.

2.2. Données

Les données utilisées sont celles issues de la troisième Enquête Camerounaises auprès des Ménages (ECAM3) réalisée en 2007 par l’Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun. Cette enquête à été réalisée auprès d’un échantillon de 12 609 ménages.

2.3 Analyse des données

L’analyse a tenu compte de la fragilité liée à l’âge en distinguant les jeunes retraités ou séniors (55-59 ans), les personnes âgées entre 60 ans et 69 ans et ceux âgés de 70 ou plus. Car après la retraite, l’autonomie décroit généralement avec l’âge accroissant de ce fait les difficultés liées à la dépendance. Cette catégorisation selon l’âge est très pertinente dans la mesure où on cherche entre autre à appréhender la relation que les personnes âgées entretiennent avec leu milieu de vie. En effet, si les jeunes retraités n’éprouvent généralement pas de difficultés majeures pour continuer dans le logement qu’ils ont choisi, les personnes d’un âge un peu plus avancé doivent recourir à des services d’aide des proches (enfants, parentés, etc.) ou engager des travaux d’aménagement de leur logement.

3. CARACTÉRISTIQUES DES PERSONNES ÂGÉES

3.1 Caractéristiques géographiques

Au Cameroun, une personne âgée sur cinq vit dans la région de l’Extrême-Nord. Cette région du pays a toujours la plus forte proportion de personnes âgées et ce quel que soit la tranche d’âge considérée. A contrario, c’est dans la région du Sud qu’on a la plus petite proportion des personnes âgées. Les régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest enregistrent chacune plus de 10% de l’ensemble des personnes âgées.

Selon le milieu de résidence, on constate que près de 7 personnes âgées sur 10 vivent en milieu rural. Considérant ceux âgées d’au moins 70 ans, leur proportion est encore plus élevée en milieu rural près de (73,3%). Par contre, la proportion de ceux vivant en milieu urbain décroît selon la tranche d’âge passant de 27,1% chez ceux de 55-59 ans, à 21,2% chez les 60-69 ans et à 17,4% chez les 70 ans et plus.

Tableau 1 : Répartition des personnes âgées de 55 ans et plus selon leur région et le milieu de résidence

3.2 Caractéristiques socio- démographiques

Au Cameroun, le rapport de masculinité indique généralement qu’il y a plus de femmes que d’hommes (51% de femmes contre 49% d’homme). Aux âges beaucoup plus avancés, c’est toujours la même tendance qui est observées, mais avec des écarts beaucoup plus importants. En effet, le tableau ci-dessous indique que la proportion des femmes âgées de 55 ans et plus est de 53,5% contre 46,5% d’hommes. En considérant les tranches d’âges 60-69 ans et 70 ans et plus, l’écart est également important (55% de femmes contre 45% d’hommes dans chacune des tranches d’âge.

Selon le lien de parenté, la plupart des personnes âgées (69,6%) sont des chefs de ménage. Une proportion non négligeable de personnes sont apparentées au chef de ménage (fils/fille, parents et beaux parents du chef de ménage) et sont considérés comme des personnes à charges. Dans la tranche d’âge 70 ans et plus, la proportion de cette catégorie de personnes est plus élevée (28,5%).

Considérant le statut matrimonial, on constate que la quasi-totalité des personnes de 55 ans et plus (96,1%) ont déjà contracté un mariage. Près de 54% d’entre eux sont encore mariés, 36,2% veufs/veufs et 5,7% divorcés/séparés. On constate également que la proportion de cette catégorie de personnes augment avec l’âge passant de 21,3% chez les 55-59 ans à 35,8% chez les 60-69 ans et 55,0% chez les 70 ans et plus.

Tableau 2 : Répartition des personnes âgées de 55 ans et plus selon leurs caractéristiques socio-démographiques

Selon le type de ménage, on note que dans l’ensemble, la proportion des ménages unipersonnels est bas (11,2%). On peut cependant constater que 14,4% de personnes âgées d’au moins 70 ans vivent seules. Ce constat est pertinent dans la mesure où il interpelle par rapport à la prise en charge de ces « ainés sociaux ». Pour ce qui est du niveau d’instruction, un peut plus de 7 personnes âgées de plus de 55 ans sont non scolarisées, près de 25,4% ont fait le primaire et seulement 9,8% ont fait le secondaire ou plus. Chez les personnes âgées de 70 ans et plus, le ratio des non scolarisés est encore plus élevé (8 personnes sur 10 sont non scolarisées).

3.3 Caractéristiques socio-économiques

Dans l’ensemble, près de 87% de personnes âgées sont soit des patrons (3%) ; soit des travailleurs pour compte propre (84,1%). La même tendance est observée quelque soit la tranche d’âge considérée. Selon le secteur d’activité, ils opèrent dans leur majorité dans le secteur primaire (80,8%). Les trois autres secteurs ne reçoivent que moins de 20% de ces travailleurs.

Tableau 3 : Répartition des personnes âgées de 55 ans et plus selon leurs caractéristiques socio-économiques

Considérant le niveau de vie des ménages dans lesquels ils vivent, près de 39% de personnes âgées d’au moins 55 ans vivent dans les ménages pauvres. Considérant ceux de 70 ans et plus, on note que leur proportion est encore plus élevée (43,8%°).

Figure 1 : Répartition des personnes âgées de 55 ans et plus selon le niveau de vie du ménage

4. SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ENVIRONNEMENT DU LOGEMENT

L’enquête ECAM3 a permis de cerner un ensemble d’information caractérisant le logement. Il s’agit entre autre de la situation géographique et de l’environnement du logement, des conditions d’habitat et des nuisances.

4.1 Situation géographique

Les principales voies d’accès aux logements qui abritent les personnes âgées sont entre autre la route non bitumée (44,3%) et la (41,6%). Seule 14% de logements sont accessibles par une route bitumée.

Les résultats montrent également que près de 77,7% de ces logements sont bâtis sur une zone plate. Il faut relever qu’une proportion non négligeable de ces logements (11,2%) sont bâtis dans des zones jugées dangereuses. Il s’agit par exemple des sommets de montagnes (5,3%) et des vallées/bas fonds/marécage (5,9%).

Tableau 4 : Répartition des logements ou vivent les personnes âgées selon la situation géographique de ces logements

4.2 Environnement du logement

Dans l’ensemble, la plupart des logements ou vivent les personnes âgées sont exposés à de nombreuses nuisances : présence de moustique, de cafards, de fourmis et autre insectes nuisibles et de souris.

L’intensité de ces nuisances varie selon le type. Ainsi, on peut constater que plus de la moitié des logements (54,1%) ont régulièrement des moustiques, 49% régulièrement les souris et 38,8% les cafards. Pour ces trois types de nuisance, moins de 10% de ménages seulement ne son nullement exposés à ces nuisances. La présence de ces insectes/animaux dans le logement expose se habitants à des risques sanitaires importants.

Tableau 5 : Répartition des logements selon le type l’intensité de nuisance

Dans l’ensemble, près de 6 logements sur 10 sont bâtis à proximité (rayon de moins 100 mètres) d’un champ non défriché. On note également qu’une proportion relativement élevée de ménages est situés sur des sites jugés dangereux : proximité d’une ligne électrique haute tension (41,6%), proximité d’un cours d’eau aménagé dans un rayon de moins de 100 (36,8%).

Figure 2 : Répartition des logements ou vivent les personnes âgées selon leur environnement

Dans les logements ou vivent les personnes âgées, la nature est le principal lieu d’évacuation des ordures ménages (61,3%), suivi du bac à ordure (27,8%). Le recyclage moderne (6,7%) et le recyclage « traditionnelle 2,1%) sont les deux autres modes d’éva¬cuation des ordures.

Par rapport à l’évacuation des eaux usées, du ménage, la nature (44,3%) est également le principal lieu suivi de la cours/chaussées (23,9%) ; Seules 6,2% de logement disposent de fosses sceptiques. Concernant le type de lieu d’aisance près de 49% de logements ont des latrines non aménagées et seulement 11% ont un WC avec chasse d’eau.

Tableau 6 : Répartition des logements selon le mode d’évacuation des ordures et des eaux usées et le type de lieu d’aisance

4.3 Caractéristiques du logement

Les caractéristiques du logement sont appréhendées à partir du statut d’occupation du logement, du type de logement, du principal mode d’approvisionnement en eau de boisson, de la source d’éclairage et la principale source d’énergie de cuisine.

Concernant le statut d’occupation du logement, on constate que dans l’ensemble, moins de la moitié des personnes âgées (46,0%) sont propriétaires des logements qu’ils occupent. Près de 44% sont en location simple avec près de 49% occupé par les chefs de ménage âgées d’au moins 70 ans.

Par rapport au type de logement, les résultats révèlent que la majorité de personnes âgées cohabitent dans des logements avec d’autres ménages. Il s’agit notamment des maisons à plusieurs ménages (41,6%) et des immeubles à appartement (4,0%). On note également que 35,4% de logement sont des maisons isolées.

Selon le principal mode d’approvisionnement en eau de boisson, le robinet reste le principal mode de ravitaillement en eau de boisson (52,9%). Mais, une proportion relativement élevée de logement s’approvisionne dans les sources d’approvisionnement jugées insalubres tels que les puits, les rivières, les lacs, les marigots (16,9%).

Pour ce qui est de la source d’éclairage, un peut plus d’un logement sur quatre recours au pétrole. Mais l’utilisation de l’électricité reste la principale source d’éclairage (73,2%). Pour ce qui est de la source d’énergie de cuisine, c’est le bois qui est le plus utilisés. Ce bois est essentiellement ramassé/reçu (37,0%) ou acheté (25,7%).

Tableau 7 : Répartition des logements selon leurs caractéristiques

En guise de synthèse

Les résultats de l’étude révèlent que la majorité des personnes âgées vivent majoritairement dans les régions de l’Extrême-Nord (une des régions les plus pauvres du pays), du Centre (région abritant la capitale du pays) et dans la région de l’Ouest. Ils sont également proportionnellement plus présents en milieu rural.

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Elles représentent près de 53,5% de l’ensemble des personnes âgées d’au moins 55 ans. Un peu plus de 9 personnes âgées sur 10 ont été déjà marié et la proportion des veufs/veuves est importante reflétant ainsi le niveau de mortalité élevé constaté aux âgés avancés. La proportion des ménages unipersonnels est non négligeable (11,2%) soulevant de ce fait le problème de prise en charge sociale et sanitaire de ces derniers. Près de 64,7% de personnes âgées n’ont jamais été à l’école et très peu ont fait le secondaire ou le secondaire (moins de 10%).

La plupart des personnes âgées (84,1%) sont des travailleurs pour compte propre. Ce secteur regroupe généralement les opérateurs du secteur informel agricole et non agricole. On retrouve généralement dans cette catégorie les retraités. La forte présence de ces personnes dans le secteur primaire traduit la forte présence des travailleurs pour compte propre dans le secteur agricole. Pratiquement 39,0% de personnes âgées vivent dans des ménages pauvres.

Les routes non bitumée (44,3%) et les pistes (41,6%) sont les principales vois d’accès au logement. Près de 11% de logements sont situés dans des zones à risque tels que les sommets des montagnes (5,3%) et les vallées/bas fonds/marécage (5,9%).

Les logements sont bâtis dans un environnement très exposé aux nuisances. Ces nuisances sont entre autre les moustiques, les cafards, les fourmis et les souris. Un peu plus de 9 logements sur 10 sont exposés à chacune de ces nuisances. La plupart des logements sont également bâtis près des sites non sécurisés tels que les champs non défrichés (59,8%) et les lignes électriques hautes tensions (41,6%). Les ordures ménagères (61,3%) et les eaux usées (44,3%) sont essentiellement évacuées par la nature (déposé dans la nature). Ces conditions d’habitat, pour le moins précaire pour la plupart des logements exposent les personnes âgées à des risques sanitaires importants.

Plus de la moitié de personnes âgées ne sont pas propriétaires du logement qu’elles occupent. Le niveau de cohabitation est relativement élevé. Le robinet reste le principal mode de ravitaillement en eau de boisson (52,9%) et la principale source d’éclairage est l’électricité (73,2%).

Dans un contexte démographique où les personnes âgées deviennent de plus en plus nombreux ; dans un contexte social où la famille est traversée par une crise de solidarité remettant progressivement en cause les capacités des jeunes à prendre continuellement en charge leurs parents et ascendants par devoir social [1], et où l’urbanisation fait éclore de nouvelles formes de solidarités organiques ; dans un contexte économique caractérisé par une paupérisation croissante des masses de population, il n’est plus possible de laisser hors du champ d’études les multiples problèmes posés par le vieillissement [2]. Dans ce contexte, les formes de reconversion socioprofessionnelle de cette catégorie de la population ne permettent plus de répondre pendant longtemps à leurs multiples problèmes, en plus de ceux de leurs familles dont ils ont encore parfois la charge aujourd’hui. Ainsi, ‘‘Les modes de fonctionnement de nos sociétés, nos institutions et nos structures économiques et sociales doivent ainsi évoluer pour qu’elles correspondent mieux aux nouvelles structures démographiques qui se mettent en place et aux besoins nouveaux qui en découlent’’ (F. Gendreau et D. Tabutin, 2002 : 8). On a souvent déploré l’absence des actions en faveur de la personne âgée dans la plupart des politiques de développement en Afrique du fait du vide institutionnel autour de la question. Sur ce point, nous rejoignons l’idée de Mapule F. et Ramashala (2001) qui suggèrent que les politiques nationales introduisent impérativement la question du vieillissement et les mécanismes de prise en charge des personnes âgées au cœur même de la planification sociale et économique.

Bibliographie

Arabat N. (2001), "Urbanisation rapide et conditions de vie des personnes âgées en Afrique", in Modalité de résidence des personnes âgées, Bulletin Démographique des Nations Unies, no 42/43.

Antoine Ph. et al. (1995), Les familles dakaroises face à la crise, Dakar, IFAN, ORSTOM, Ceped.

Bommier A. (2002), ‘‘Transferts entre ménages et générations’’, in G. P. Tapinos, Ph. Hugon et P. Vimard (dir), La Côte d’Ivoire à l’aube du XXIe siècle. Défis démographiques et développement durable, Paris, Karthala, pp. 369-383.

Couderc M. (2005), ‘‘Les retraités sont fatigués. Etude exploratoire sur la prise en charge des personnes âgées retraitées à Dakar : entre systèmes de protection sociale centralisée et décentralisée’’, Communication présentée au colloque international sur : « Sociétés, développement et vieillissement en Afrique : comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 Février 2005.

Debie F. (1995), Géographie économique et humaine, Paris, P.U.F.

Desjardins B. et Legare J., (1984), "Le seuil de vieillesse. Quelques réflexions de démo-graphes", in Sociologie et Sociétés, Vol XVI, no 2 p. 37-48.

Diop-Maes L.M. (1996), Afrique noire. Démographie, sol et histoire, Présence Africaine/ Khepera.

Dumont R. (1973), L’Afrique noire est mal partie, Paris, Seuil.

Ela J.M. (1983), La ville en Afrique noire, Paris, Karthala.

Evina Akam et Randriambanona R. (1988), "Vieillissement et besoins éducationnels des personnes âgées. Le cas spécifique de l’Afrique", Communication présentée à la rencontre d’experts organisée par le BIT, l’AIUTA, l’IEIAS et l’AIDAC, Genève, 8-10 décembre 1987, Document de recherche n°86, Institut de démographie/Université Catholique de Louvain.

Fall A.S. (1994), ‘‘Et si l’insertion urbaine passait par l’investissement dans des réseaux sociaux ? Réseaux formels et informels de solidarité et de dépendance dans les quartiers de Dakar’’, in Jacob J-P. et Lavigne Delville P. (éds), Les associations paysannes en Afrique : organisation et dynamiques, APAD-karthala-IUED.

Fomekong F. et MVeing S. (2008), « Conditions de vie des ménages et recours aux soins des personnes âgées au Cameroun », in African Population Studies Vol. 22 no 2/Étude de la Population Africaine vol. 23, No 1.

Fomekong F. et Mimche H. (2006), Le vieillissement de la population en Afrique subsaharienne. Quels défis pour les politiques sociales et de population ? in revue Internationale des Sciences Humaines et Sociales, Vol 1, No 1, Août 2006, Yaoundé- Cameroun.

Fonkoua P. (2003), "Dimension psychopédagogique de l’adulte vieillissant : Relever le défis de la marginalisation de la personne âgée en Afrique", Atelier simultané 4, Mai 2003.

Gendreau F. (1996), Démographies africaines, Savoir plus Université, AUPELF/UREF.

Gendreau F. et Tabutin D. (2002), ‘‘Introduction : jeunesses, vieillesse et sociétés’’, pp. 7-22, in F. Gendreau, D. Tabutin et Poupard M., Jeunesses, vieillesses, démographies et sociétés, Chaire de Quételet, Louvain-la-Neuve, Academia-bruylant/L’Harmattan.

Kuate-Defo B. (2005), "Attributs socio-démographiques, comportement préventif, santé et capacité fonctionnelle des personnes âgées en milieu africain", Communication présentée au colloque international sur : « Sociétés, développement et vieillissement en Afrique : Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 Février 2005.

Locoh Th. (1993), ‘‘Solidarités et survie des populations africaines : quel rôle pour la famille, l’Etat et les autres acteurs sociaux ?’’, in Chasteland J. C., Véron J. et Barbieri M. (eds), Politiques de développement et croissance démographique rapide en Afrique, Collection ‘‘Congrès et Colloques’’, n° 13, INED-Ceped-PUF, pp. 215-221.

Locoh Th. et Makdessi Y (2000), ‘‘Transition démographique et statut des personnes âgées en Afrique : quelles perspectives ?’’, communication au Colloque international de l’AIDELF ‘‘Vivre plus longtemps, avoir moins d’enfants : quelles implications ?’’, Byblos (Liban) 10-13 octobre 2002.

Loufouankoueno S. (2005), ‘‘Analyse institutionnelle de structures de prise en charge des personnes âgées au Congo-Brazzaville’’, Communication présentée au colloque intans le villageernational sur : « sociétés, développement et vieillissement en Afrique » : « comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 février 2005.

Malthus R. (1992), Essai sur le principe de population I, traduit de l’anglais de Prevost P. et G., GF-Flammarion.

Mapule F. et Ramashala (2001), Conditions de vie, pauvreté et état de santé des personnes âgées, in modalité de résidence des personnes âgées, Bulletin Démographique des Nations Unies, no 42/43.

Marie A. et al. (1997), ‘‘Du sujet communautaire au sujet individuel. Une lecture anthropologique de la réalité africaine contemporaine’’ in Marie A. (éd) ; L’Afrique des individus. Itinéraires citadins dans l’Afrique contemporaine (Abidjan, Bamako, Dakar, Niamey), Paris, Karthala, pp. 53-110.

Mimché H. et Fomekong F. (2004), "Santé des populations et développement durable en Afrique sub-saharienne", Communication présentée aux Journées scientifiques « Population, santé et développement durable en Afrique subsaharienne » dans le cadre des activités scientifiques du Sommet de la Francophonie, Ouagadougou, 22 novembre 2004 (à paraître).

Mimche H., Yambene H. et Fomekong F., ‘‘The Elder Abuses in Cameroon’’, unpublished paper.

Munyama P. (2002), "La spécificité des sexes et la maltraitance des personnes âgées en Afrique", Communication présentée au Congrès de l’Ontario sur la violence envers les personnes âgées, Canada du 16 au 20 novembre 2002.

Nations Unies-CEA (2002), Maltraitance des personnes âgées : évaluation du problème et proposition d’action à l’échelle mondiale.

N’Da C. (2005), "La cohésion sociale à l’épreuve des conflits intergénérationnels en Côte d’Ivoire : Le cas du conflit entre jeunes et vieux à propos du régime successoral chez le peuple Agni Sanwi dans le département d’Aboisso", Communication présentée au colloque international sur : « sociétés, développement et vieillissement en Afrique : Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 février 2005.

Nzita Kikhela P. D. (2002), ‘‘Le vieillissement dans les politiques de population en Afrique subsaharienne’’, in Gendreau F., Tabutin D. et Poupard M., Jeunesses, vieillesses, démo-graphies et sociétés, Chaire de Quételet, Louvain-la-Neuve, Academia-bruylant/ L’Harmattan, pp. 83-97.

Organisation Mondiale de la Santé (OMS), (2002), Vieillir en restant actif : cadre d’orientation.

Plan urbain et MIRE (1992), Vieillir dans la ville, Paris, L’Harmattan.

Ploton L. (1996), Maladie d’Alzheimer. A l’écoute d’un langage, Lyon, éditions Chronique Sociale.

Ripon A. (1992), Éléments de gérontologie sociale, Toulouse, Privat.

Vandermeersch C. (2002), ‘‘La prise en charge des vieux jours de Montezo en Côte d’Ivoire (2000), in Gendreau F., Tabutin D. et Poupard M., Jeunesses, vieillesses, démographies et sociétés, Chaire de Quételet, Louvain-la-Neuve, Academia-bruylant/L’Harmattan, pp. 321-335.

Vidal Cl. (1994), ‘‘La solidarité africaine : une mythe à revisiter’’, in Cahiers d’Etudes Africaines, vol. XXXIV, n° 136, pp. 687-691.

Yambene H., Mimche H. et Zoa Zoa Y. (2005) ; "Caractérisation et perspectives d’amélioration de l’offre d’assistance aux personnes âgées au Cameroun : le cas de la ville de Yaoundé’’, Communication présentée au colloque international sur : « sociétés, développement et vieillissement en Afrique : Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 février 2005

Yaba M. (2005), ‘‘Profil socio-démographique des personnes âgées dans une ville africaine : cas des personnes âgées de la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres de Brazzaville’’, Communication présentée au colloque international sur : « Sociétés, développement et vieillissement en Afrique : Comprendre le vieillissement pour prévenir les conflits de génération ». Abidjan, 22-25 février 2005.

[1] Comme le relève Mathilde Couderc (2005 : 5-6), ‘‘Dans la Déclaration de Politique de Population du Sénégal (2001), on nomme les personnes âgées, les « Aînés ». Ce terme ‘‘permet une valorisation sociale de ce groupe-cible conformément à nos valeurs culturelles et à la place qu’il occupe dans l’équilibre de notre société, notamment la socialisation des enfants et l’encadrement des jeunes’’.

[2] Il faut relever avec une certaine insistance que contrairement aux sociétés occidentales et certains pays d’Afrique anglophone, la gérontologie est encore à la traîne parmi les champs de réflexion sur le social.

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011