Accueil » Programme » Séance plénière » Introduction

Introduction

Alain THALINEAU, Université de Tours, CITERES UMR 6173, France

Au cours de ces deux jours de colloque, nous avons discuté de la transition démographique et du vieillissement de la population dans les pays du Sud. Il a été question, plus particulièrement, des enjeux soulevés par ces évolutions sur la situation économique et sociale des personnes dites "âgées". Des différents échanges, il apparaît que le fait d’avoir travaillé toute sa vie durant n’est pas un critère suffisant pour avoir un droit à une pension de retraite. Dès que les personnes ne sont plus en capacité de travailler en raison de leur vieillissement, elles se trouvent devoir s’appuyer sur les proches pour être aidées et subvenir à leurs besoins. Mais ces solidarités familiales et de proximité deviennent de plus en plus incertaines. Dès lors, la question du vieillissement s’insère dans la question sociale :

  • A qui revient l’obligation d’apporter une aide à ces "anciens travailleurs" ? Cela relève-t-il de la solidarité étatique ? Pourquoi l’État devrait-il être l’instrument de la protection sociale ?
  • Cela relève-t-il de la solidarité libérale qui s’appuie sur la libre volonté de chacun à s’engager pour secourir les personnes les plus démunies ? Est-ce à l’État d’initier la solidarité libérale en soutenant financièrement des associations caritatives ? Est-ce aux citoyens de se mobiliser pour apporter l’aide nécessaire aux personnes en difficulté économique et sociale ?
  • Cela relève-t-il des obligations familiales ? Comment la mobilité spatiale des jeunes générations et les transformations de l’habitat peuvent-elles être compatibles avec l’obligation d’apporter une aide aux "aînés" ?

En arrière plan à ce questionnement, se pose la question du sens de l’État vis-à-vis des autres institutions (corps intermédiaires et familles). Dans les pays du Nord, plus l’État a été appréhendé comme l’instrument principal de la cohésion sociale, plus le droit social s’est développé [1]. Se pose également la question de la place des femmes dans la société. En effet, la façon de résoudre la question sociale dépend également des rapports de genre. Dans les sociétés où le travail des femmes n’est pas reconnu, où le travail du care est considéré comme relevant de « la nature féminine », la solidarité familiale devient, de fait, une solidarité portée par les femmes envers d’autres femmes [2].

Cette séance plénière vise à discuter les points de vue des acteurs institutionnels engagés dans l’action d’aide auprès des personnes âgées. A partir d’une présentation de certaines des actions mises en place au Maroc et au Sénégal, il s’agira d’appréhender comment ces actions se situent dans le processus de résolution de la question sociale du vieillissement.

[1] Esping-Andersen Gøsta, 1999, Les trois mondes de l’État-providence. Essai sur le capitalisme moderne. Paris. PUF.

[2] Jacqueline Heinen, 2004, « Genre et politiques familiales », in Bard, Baudelot, Mossuz-Lavau, Quand les femmes s’en mêlent, La Martinière.

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011