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Prise en charge institutionnelle des personnes âgées au Sénégal

Mamadou COUMÉ, Département de Médecine Interne - CHU Le Dantec, CHU de Gériatrie Gérontologie de l’IPRES, Ministère de la santé et de la prévention, Dakar, Sénégal et UMI 3189 « Environnement, Santé, Sociétés », Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal ; Université de Bamako, Mali ; CNRST, Burkina Faso ; CNRS, France.
Kamadore TOURÉ, Département de Santé Publique et de Médecine préventive - UCAD, Ministère de la santé et de la prévention Dakar, Sénégal et UMI 3189 « Environnement, Santé, Sociétés », Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal ; Université de Bamako, Mali ; CNRST, Burkina Faso ; CNRS, France.
Mamadou Mourtalla KA, Service de Médecine Interne, Direction UFR Thiès, Sénégal
Thérèse DIOP MOREIRA, Département de Médecine Interne - CHU Le Dantec, Dakar, Sénégal.

INTRODUCTION

Au Sénégal la protection sanitaire et sociale des retraités et personnes âgées pose un défi majeur de santé et développement pour trois raisons :

  1. Le vieillissement de la population, conséquence de la transition démographique. En effet, le pourcentage de personnes âgées actuellement de 7% de la population passera à plus de 11% d’ici 2012. L’espérance de vie aujourd’hui de 57 ans atteindra 63 ans pendant la même période.
  2. L’inversion du rapport démographique dans notre système de retraite par répartition basée sur la solidarité intergénérationnelle et le taux élevé de chômage des jeunes avec moins de cotisants pour plus d’anciens.
  3. Le droit à un salaire à l’âge de la retraite qui ne concerne qu’un tiers des personnes âgées

CONTEXTE

Au Sénégal, les personnes âgées de 60 ans et plus, représentent plus de 7% de la population soit plus de 650 000 personnes. Parmi celles-ci, seules 30% bénéficient d’une prise en charge et concernent les anciens salariés qui bénéficient d’une retraite assurée respecti-vement par le Fonds National de Retraite (FNR) pour les fonctionnaires de l’État et l’Institution de Prévoyance Retraite (IPRES) et pour les salariés du secteur privé.

Ainsi donc les 70% restants soit 450 000 ne bénéficient d’aucune protection sociale ; il s’agit de ceux qui n’ont jamais eu un emploi formel, des pécheurs, des paysans, des éleveurs, des femmes au ménage, commerçants, mécaniciens.

Il est important de signaler que la prise en charge des anciens salariés assurés par l’IPRES et le FNR était incomplète et celle des anciens non salariés, inexistante avant la mise en œuvre du plan sésame le 1er septembre 2006.

OBJECTIFS

A court terme : Étendre à toute cette population un accès à des soins de qualité par la gratuité de ceux- ci.

A moyen terme  : Sensibiliser les personnes travaillant dans l’informel à souscrire aux assurances retraite et santé privée.

MISE EN ŒUVRE

  • Mise en place depuis le 1er septembre 2006 du plan Sésame sur l’ensemble du territoire sénégalais par décret présidentiel (2008-381).
  • Construction d’un établissement national de référence gériatrique du Sénégal au niveau de l’Institution de Prévoyance Retraiterons.
  • Conditions d’accès : détention de la carte nationale d’identité numérisée attestant de l’âge du sujet.
  • Soins assurés par les services publics de santé des postes de santé aux centres de santé et hôpitaux dans le respect strict du système de référence et contre référence en vigueur qui exige de passer par les centres de santé qui référent aux hôpitaux sauf urgences.
  • Prestations offertes :
    • Consultations.
    • Médicaments essentiels (disponibles dans le cadre de l’initiative de Bamako qui comporte de médicament essentiels en générique. La liste des médicaments essentiels a été complétée par l’introduction d’une liste gériatrique dans le cadre du plan sésame).
    • Aides aux diagnostics.
    • Soins médico-chirurgicaux.
    • Hospitalisation en 2ème catégorie
  • Prestations non prises en charge :
    • prothèses
    • pace maker
    • dialyse et médicaments d’officine
    • évacuation à l’étranger
  • Gestion par un conseil national de suivi et d’évaluation :
    • présidé par le Ministère de la santé et de la prévention médicale
    • élargi aux institutions d’assurance vieillesse à la faculté de médecine et aux associations représentatives de personnes âgées.
  • Financement : Budget de 01 milliard de FCFA soit 1 530 000 euros dont
    • 700 millions par l’État et
    • 300 millions par l’IPRES. Fonds prés positionnés
    • (pour préfinancement) dans les structures de santé en sus
    • de leur budget annuel de fonctionnement et d’investissement du Ministère de la Santé et de la Prévention Tarification hospitalière
    • fixée par arrêté interministériel
    • dans le cadre de la loi sur la réforme hospitalière.

SUIVI – ÉVALUATION

Rapport annuel présenté dans le cadre de la revue annuelle conjointe du gouvernement :

Prise en charge gratuite de 124 000 malades par an dont

  • 108 000 dans les hôpitaux et -* 24 000 dans les centres de santé

Effets pervers et Points faibles

  • Recours des retraités du FNR au plan sésame
  • Abus des patients
  • Abus des structures
  • Déficit chronique

Solutions

  • Exonérer le 1/5 au retraité du FNR pour rationaliser le sésame destiné aux personnes âgées sans protection sociale en particulier ceux du monde rural.
  • L’implication des collectivités locales doit être définie et effective
  • Nécessité urgente de rationaliser les actes de diagnostic, de traitement et de suivi par :
    • La mise en place de formations en gériatrie gérontologie adaptées
    • L’informatisation des données
    • La mise en place de protocoles de diagnostics et de thérapies

CONCLUSION

Comme souvent en Afrique, plus qu’en Europe, les grandes décisions sanitaires sont politiques et sont mis en place en « urgence ». Ce plan en est un exemple.

A plus ou moins long terme, et en raison des contraintes que ne manquera pas d’entraîner l’augmentation de la population âgée, il s’agira de mettre en place un système de couverture pérenne qui pourrait revêtir la forme d’une Caisse nationale d’Assurance Maladie Vieillesse (CNAMVIE) ou d’une Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), comme il en existe dans les pays développés, ce qui non seulement traduit nôtre idéal de solidarité nationale mais constituera aussi un exemple de modèle social réussi dans le cadre de l’intégration africaine « vers une société pour tous les âges et sans exclusion sociale ».

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011