Compte-rendu
L’annonce
de la journée
Le programme
Les
participants[1]
INED (UR6) : C. Bonvalet (CB), C. Clément (CC), M. Coste (MC), F. Dureau (FD), V. Golaz (VG),C. Imbert (CI), E. Lelièvre (EL), C. Pirus (CP), N. Robette (NR)
IRD
(UR013) : O.
Barbary (OB),
M. Bertrand (MB),
D. Delaunay (DD),
A.Quesnel (AQ),
K.
Peyronnie
(KP), M.
Piron(MP)
CEPED: P. Hamelin (PH)
Invités: B. Bensoussan (BB), JP. Levy (JPL), I. Ribeiro (IR), F.Soavedra (FS)
La fiche d’analyse des recensements et enquêtes
La pluri-résidence à différents moments de la vie
La plurirésidence dans les familles recomposées[2]
Céline Clément et Catherine Bonvalet
Présentation et cadrage de la recherche
L'enquête "Biographies et entourage" permet non seulement de reconstituer les trajectoires d'un individu, mais également celle de son entourage. Elle permet d'étudier l'espace de vie, autrement dit le système résidentiel des personnes. Ici, c'est le système résidentiel des familles recomposées qui nous intéressera. Sur les 2830 enquêtés (Franciliens des générations 1930-1950) :
Les enquêtés qui appartiennent
à une
famille recomposée sont 628, soit 22% du total de
l’échantillon. Ces familles
recomposées se répartissent comme suit:
Du point de
vue du système résidentiel, les familles
recomposées sont moins fréquemment que
les couples en première union propriétaires d'une
résidence principale ou
secondaire.
Introduction
Le travail qui suit repose sur l'analyse d'une quinzaine d'entretiens semi-directifs effectués auprès d'enquêtés de "Biographies et entourage" qui ont été ré-interrogés. Ils ont tous appartenu, à un moment donné de leur vie, à une famille recomposée. Leur sélection s'est faite selon plusieurs critères:
- qu'ils aient connu un divorce ;
- qu'ils vivent en couple ou qu'ils connaissent une union libre ou une unions "à temps partiel" (ie avec décohabitation des deux conjoints).
Au total, 9 entretiens ont concerné des femmes (des générations 41-50), et 15 des hommes (des générations 41-48). Autant dire que cette étude est avant tout exploratoire.
1
– Relation entre
les ex-conjoints
En général, la mère obtient la garde des enfants qui se rendent chez le père pour les fins de semaine et les vacances. On note qu'il existe souvent un décalage entre la pratique des couples et les décisions juridiques : les arrangements sont la règle. Le lien parental est bien souvent le seul qui unit les deux ex-conjoints, car le lien conjugal a disparu. Seuls les enfants permettent la continuation de la relation entre les ex-conjoints, mais parfois, ces derniers n'entretiennent plus de relation, auquel cas les grands-parents jouent le rôle d'intermédiaires.
2 – Rôles de la
résidence secondaire
Par ailleurs, la co-résidence avec l'enfant est vue comme essentielle dans la relation parent-enfant, le logement conserve son caractère fondateur. D'autres lieux sont également importants, c'est ici qu'intervient la résidence secondaire comme lieu de rencontre.
Ce n'est pas son seul rôle, il existe certaines situations où la résidence secondaire s'inscrit dans un projet de couple, au même titre qu'un enfant, pour les conjoints de famille recomposée ("C'est notre bébé").
De plus la multiplicité des lieux, et notamment des résidences secondaires, permet leur spécialisation : celle reçue en héritage peut-être consacrée à la relation avec les enfants d'une ancienne union, et celle acquise avec le nouveau conjoint peut être réservée au seul couple.
Conclusion
On ne peut conclure sans souligner l'extrême diversité et complexité des trajectoires familiales des familles recomposées en partie liées à la souplesse de leur fonctionnement. Le rôle de la famille paternelle apparaît au final important. Le rôle des résidences secondaires est divers, celles-ci pouvant tout autant servir à l'accueil des "beaux-enfants" qu'à celui des petits-enfants. La résidence secondaire constitue en fait un révélateur du fonctionnement familial, et la connaissance de son mode d'acquisition est un bon indicateur de son mode de fréquentation.
Discussion
CP: Avez-vous pensé
à interroger des enfants?
CC: C'est que cela pourrait
être intéressant, en
particulier lorsque les enfants sont adultes.
EL: Soulignons qu'il existe un projet
de
réinterrogations d'enfants mené par
Irène Théry qui s'intéresse aux
solidarités
financières.
AQ: Avez-vous cherché
à estimer la mesure des flux
d'argent, de visites ou de passages au sein des lieux?
CB: Non, ce n'était pas
l'objet de cette étude.
AQ: Ces résultats
peuvent-ils faire l'objet d'un retour
sur un étude plus quantitative?
CB: C'est bien ce qui va se passer
puisqu'on envisage
une analyse des lieux fréquentés
déclarés dans l'enquête "Biographies et
entourage".
EL: Pour l'instant, il n'y a
effectivement pas d'analyse
quantitative publiée sur "Biographies et entourage". Donc
l'analyse
d'entretiens est un bon préalable pour des analyses
quantitative à venir.
PH: Sait-on une rupture conjugale
provoque chez les
femmes inactives une entrée dans le monde du travail?
FD: A-t-on des données
à l'échelle nationale?
EL: L'enquête Histoire
Familiale permettrait une
meilleure estimation.
VG: Il faudrait étudier
également la relation entre
rupture conjugale et changement de résidence.
CB: En fait, il serait
intéressant de voir ce
qu'implique une rupture en termes de changements de statuts.
EL: CC a raison: il ne faut pas
négliger l'évolution des
choses car les enfants grandissent. Cela nécessite quels
types de
configurations successives on observe.
CB: il existe un ensemble de valeurs
qui lient les
enfants et la maison: on se partage, ça circule.
BB:
distinguons si vous le voulez bien trois choses:
CC: Nous avons écarté d'emblée les cadres supérieurs, pour répondre au premier point. Pour les professions intermédiaires, il s'agit principalement d'enseignants occupant souvent des logements de fonction, ce qui expliquer certaines formes de mobilité. Concernant le second point, il faut noter que la place de la résidence secondaire dans le projet conjugal varie selon qu'elle provient d'un héritage ou d'un achat. Enfin, la circulation des conjoints a lieu tant qu'il n'y a pas de séparation. Mais cela nécessite un suivi sur le temps long.
Les pratiques résidentielles des étudiants
Bernard Bensoussan
Observation de la vie étudiante à Paris, puis Enquête nationale "Les conditions de vie des étudiants" auprès de 27 000 étudiants sur leurs pratiques, leur situation résidentielle, et la situation de leurs parents.
Les lieux de résidence sont
appréhendés à
partir :
Les questions centrales de cette étude sont : peut-on parler pour qualifier le système résidentiel des étudiants de plurirésidence ou de délocalisation (le logement étudiant n'est alors qu'une extension du logement parental)? Les lieux sont-ils véritablement "habités"? Quel est le lieu de référence?
200 entretiens ont été menés auprès d'étudiants. Par ailleurs, d'autres enquêtes ont été réalisées dans le cadre d'un financement par la région Rhône-Alpes sur les pratiques résidentielles des jeunes.
Une autre question s'est posée : à partir de quand débute la vie de couple ? Quelle relation existe-t-il entre l'unité "couple" et l'unité "ménage" ? L'univers de la colocation fut alors privilégié comme cadre d'étude à travers l'analyse des reconfigurations, des stratégies de remplacement des colocataires, de la circulation de la détention de bail. Il est apparu à Lyon que le quartier de la Croix Haute était un quartier d'élection pour ce système d'échange.
Deux problèmes se posent :
Au final, il y a une remise en cause de l'association univoque : 1 résidence=1adresse. Il faut définir la résidence à partir des pratiques dans différents logements. Quel registre de pratiques autorise à parler de résidence ? Quelle est la temporalité des usages ? Dans cette perspective, sont recueillies lors des enquêtes des informations précises sur l’ensemble des perosnnes ayant vécu dans les logements de l’échantillon.
Une enquête a ainsi été menée auprès de l’ensemble des personnes qui résident ou résidé dans un ensemble de logements lyonnais, soit 830 personnes de 18 à 30 ans. On compte à la fois les hébergements, les visites, les pratiques réalisées individuellement ou avec d’autres personnes. On étudie également les modes de recherche du logement et les réseaux mobilisés.
L'exploitation de cette dernière enquête montre que l'ensemble des trajectoires, des décohabitations, des hébergements sont liés au processus de formation qui clive la population. Trois groupes ont été identifiés :
BB:
On a procédé
à 2 types d'études:
CB: A quel moment un changement dans
les pratiques
résidentielles permet-il de conclure à une mise
en couple? De plus, les couples
circulent-ils entre les lieux des parents ?
BB: le logement n'est plus un lieu d'ancrage, c'est le réseau qui l'est. Au sein des couples, il existe plusieurs approches selon les milieux. La vie en couple est faite d'un habitat quotidien pas exclusivement transmis par les parents, il existe des achats à deux. Le logement des parents peut-être quant à lui utilisé comme lieu de stockage "en vue de".
La double résidence des retraités originaires du Portugal
Isabelle Ribeiro
Introduction
Ce travail de thèse portant sur les trajectoires résidentielles des migrants du Portugal pose la question de la bi-résidence au moment de la retraite. Une enquête de 1976 montrait qu'une grande majorité des migrants portugais souhaitaient ne rester en France que quelques années. Seuls quelques-uns envisageaient de pouvoir rester à condition qu'ait lieu un regroupement familial. Aujourd'hui, ces migrants sont en France, généralement depuis plus de 30 ans ; ils sont souvent à la fois propriétaires d'un logement en France et d'un logement au Portugal.
L'étude
repose sur les données d'une enquête
réalisée pour la Caisse National
d'Assurance Vieillesse (2003) sous la direction de C. Attias-Donfut. En
tout,
6 200 personnes nées à
l'étranger ont été
interrogées dans 12 régions
métropolitaines. Parmi elles, 1 001 sont natives du
Portugal (372 sur ces
1 001 personnes sont franciliennes). Les questions portaient
sur
l'histoire migratoire, familiale avant et après la retraite,
sur l'opinion des
personnes quant à leur situation professionnelle, leur
santé, leur
"intégration", ainsi que sur leurs conditions de logement.
Parallèlement, 20 entretiens qualitatifs ont été menés afin d'analyser les différences de discours entre hommes et femmes, et les comportements observés en cas de veuvage. Plus généralement, les choix résidentiels ont été questionnés (rester en France, retour au Portugal ou bi-résidence).
Une majorité sont propriétaires. Ceux-ci justifient leur acquisition de plusieurs manières: les enfants sont devenus autonomes, le coût élevé des loyers, la recherche d'un point d'ancrage en Île-de-France, l'achat de logements dégradés à bas prix. La moitié sont propriétaires d'un logement collectif, souvent des loges de concierge. Parmi les propriétaires, 62% ont un autre bien immobilier à l'étranger. La double résidence est donc bien réelle. La périodicité est similaire entre retraités et non retraités : dans les deux cas, c'est pour la période estivale qu'ils se rendent dans la résidence secondaire.
Attraction/Répulsion des différents espaces
Attractif | Répulsif | |
Ile-de-France | Logement | Perte de logement (concierges) |
Famille | Revenus trop faibles | |
Travail | Aucune attraction pour la région | |
Système de santé | ||
Portugal | Bonne intégration | Système de santé |
Logement (belle maison) | Mauvaise intégration | |
Famille (famille entourage) | Village isolé | |
Travail (jeunes) | Dépendance du mari | |
Niveau de vie + intéressant | Solitude |
La règle est
l'alternance entre les séjours en France et au Portugal,
surtout pour les
retraités (c'est différent des migrations
estivales). L'été est très important
car la famille se retrouve dans la résidence au Portugal qui
est alors un lieu
privilégie de la grand-parentalité. Les limites
de ce système : nécessite
un bon état de santé, il devient difficile
à poursuivre au moment de la
"grande vieillesse".
Après plus de 30 ans de résidence en France, la moitié des migrants portugais sont propriétaires en Île-de-France, et sont souvent également propriétaires au Portugal. Il faudrait insister plus que l'on a fait sur le rôle privilégié des petits-enfants dans ce système de bi-résidence.
Discussion
CB: Quel
sont les effets des naturalisations?
IR: Il n'y a
pas beaucoup de naturalisés. On note simplement une
évolution dans les derniers
recensements. Il faut noter par ailleurs que l'achat en France est
souvent
précédé d'un achat au Portugal.
FD: Y a-t-il
des différences selon les lieux d'émigration?
IR : Oui,
surtout dans la manière de construire sa maison.
FD : Un
retour définitif engendre-t-il la perte des pensions de
retraite?
IR : Non.
PH: Comment
avez-vous constitué l'échantillon?
IR: A partir
du recensement.
BB: Vous
étudiez les 50-69 ans: entre ces âges, comment
ça évolue?
IR: La cessation d'activité est une étape très importante. L'autre étape importante est relative au vieillissement et à l'apparition d'une invalidité qui modifie considérablement les durées de séjour.
Le concept de résidence dans les recensements et les grandes enquêtes au Nord et au Sud
Introduction (Françoise
Dureau)
Dans cette deuxième séance, il s'agit de voir comment des organismes statistiques nationaux saisissent la notion de résidence (autrement-dit : comment, à un moment donné, une personne est-elle rattachée à un lieu ?) et d'examiner si les pratiques de pluri-résidence sont appréhendées par les recensements et les grandes enquêtes menés par ces institutions. Dans cette perspective, les participants ont été sollicités pour la réalisation de fiches destinées à recueillir ces informations dans un pays ou un groupe de pays. Une analyse de 20 sources d’information concernant 13 pays distincts a ainsi pu être réalisée.
1. Afrique
Monique BertrandDans les recensements du Ghana et du Mali, le résident est toute personne qui a passé au moins 6 mois à son lieu actuel de résidence ou qui a l'intention d'y s'installer pour 6 mois au moins. La résidence envisagée est unique. Les définitions sont liées aux relations métropolitaines et à la situation de nomadisme des "populations flottantes" dans les années 1970.
Lors des derniers recensements, une question supplémentaire a été introduite pour saisir les visiteurs (personnes installée dans le ménage depuis moins de 6 mois et n'ayant pas le projet de rester plus de 6 mois) : où habitez-vous habituellement ? Cette interrogation est la seule occasion de mettre en relation transversalement deux lieux. De même, la seule occasion de mettre en relation longitudinalement deux lieux est la suivante : au Mali, la prise en compte de la dernière localité habitée ; au Ghana la prise en compte de la localité habitée 5 ans auparavant.
La notion de ménage recouvre des acceptions différentes. Si elle est aisée à appréhender au Mali (même dans un habitat de cour), elle est plus complexe dans le contexte pluri-ethnique ghanéen. L'unité de pot domestique (préparation des repas) ne suffit pas. La notion de pluri-résidence fait surtout référence à une gestion intra-urbaine des problèmes du logement. Ex : le problème des adolescents.
VG
:
Les visiteurs réguliers et les visiteurs non
réguliers sont-ils différenciés ?
MB
:
Non, pas dans les recensements.
FD
:
Pour les visiteurs, y a t-il eu des tableaux croisés de
leurs deux lieux de
résidence (lieu habituel de résidence et
lieu d'enquête) ?
MB
:
Je n'en ai pas vu. Le croisement de variables est rare.
L'enquête "démographie-santé" effectuée à l'occasion des mesures d'ajustement structurel et de lutte contre la pauvreté n'a pas donné lieu à la production de tableaux dans les rapports, ni d'éclairage sur les transferts de ressources et de stratégies de survie des populations. Elle n’a pas généré de données particulières.
Remarque : L'accès aux recensements est problématique dans les deux pays.
Valérie
Golaz
Le recensement effectué au Niger ressemble à celui du Mali. Le découpage des différentes populations y est identique ainsi que les questions se rapportant aux lieux de résidence : lieu de résidence antérieure à l'actuelle ; durée d'occupation dans le logement actuel (6 mois requis pour être considéré résident).
Françoise Dureau
En Côte d'Ivoire, comme dans les pays précédents, c'est l'intention de passer plus de 6 mois dans le lieu du recensement ou de l'enquête qui est prise en compte dans la notion de résidence. On peut douter de la fiabilité de l’enregistrement de l’intention de résidence, d’autant plus que l’individu interrogé n’en maîtrise pas forcément la concrétisation effective. En effet, l'enquête à passages répétés réalisée en 1978 et 1979 par Antoine et Henry a montré que les discordances entre les déclarations d’intention et les réalisations effectives ont porté sur 10 à 30 % des personnes interrogées comme visiteurs ou résidents présents. Le critère de durée de 6 mois n'est pas explicite. Des éléments relatifs aux déplacements temporaires vers les lieux de naissance ont été introduits dans cette enquête ; on y trouve aussi des indicateurs sur les biens fonciers et immobiliers possédés.
FD
et MB :
Les recommandations internationales font que les solutions sont
souvent identiques.
Valérie Golaz
Au Kenya, des recensements réguliers ont été réalisés dès les années 1940. Ils ne saisissent que les résidents de fait, c’est-à-dire présents lors de l'enquête. Dans le recensement, il est fait référence à la résidence dans d’autres lieux. Une question porte sur le lieu de naissance, et les instructions aux enquêteurs sont : "le lieu de naissance est le lieu de résidence "habituel" de la mère au moment de la naissance. Les autres éléments restent en friche. Les logements collectifs (hôpitaux, écoles, prisons, etc) sont comptés à part.
MB :
le lieu de naissance considéré pose
problème. Pour des raisons
cérémonielles,
non exclusive de l’Afrique, le lieu d'accouchement peut
être, dans certains cas,
différent du lieu de résidence des parents.
Vietnam : cf. fiches de Patrick Gubry (absent à la réunion)
Contexte : « (…) L’utilisation du concept de résidence dans les recensements n’est pas indépendante de l’évolution du contrôle résidentiel au moyen du livret de résidence (hô khau). D’un contrôle extrêmement strict avec peu de déplacements, on passe progressivement à un contrôle de fait plus lâche et à une augmentation considérable des déplacements dans un contexte de libéralisation et de croissance économique. »
Karine Peyronnie
Dans le seul recensement fiable réalisé au Laos (1995), la notion de résidence est similaire à celles décrites précédemment. La résidence de droit correspond aux personnes membres du ménage présents dans le logement depuis au moins 6 mois, présentes ou absentes lors de l’enquête. Néanmoins il est demandé à l’enquêteur de tenir également compte des personnes arrivées depuis. La résidence envisagée est unique. Une question porte sur le lieu de résidence lors du précédent recensement, soit dix années auparavant ; c’est la seule occasion de mettre en relation longitudinalement deux lieux et le lieu de départ est imprécis (niveau : au Laos le district ; à l'étranger le pays).
Remarque : comme au Vietnam, le changement de lieu de résidence est indissociable du degré de contrôle résidentiel au moyen du livret de résidence et, plus largement, de la surveillance des populations. Actuellement, dans un contexte d’ouverture économique, un individu souhaitant changer de domicile doit prévenir la Police de la Province qui va l’accueillir. S’il ne change pas de province, il ne déclare son arrivée qu’aux autorités villageoises de sa nouvelle résidence.
3. Amérique latine et Etats-Unis
Olivier Barbary
Le cas du Brésil est relativement atypique. Les visiteurs ne sont pas considérés. La notion de ménage, inexistante, équivaut implicitement à celle de logement, ce qui est surprenant compte tenu des pratiques résidentielles. Le concept de résidence principale est défini à partir de 3 critères : 1) une auto déclaration "j'habite ici" de l’enquêté ; 2) si non, résidence occupée la majeure partie de l’année de référence (en cas de déménagement durant l’année) ; 3) si deux résidences sont occupées en alternance durant des temps égaux sur l’année de référence, la résidence principale est la plus antérieure des deux (la première dans le temps absolu). Le logement collectif concerne les seuls détenus, si leur condamnation est prononcée.
Daniel Delaunay
Au Mexique, la définition de la résidence se cale sur celle du logement (vivienda), tout en acceptant que les résidents n’aient pas de domicile fixe. Les différentes situations résidentielles des ménages sont clairement distinguées : un ménage occupe un logement ; un ménage occupe plusieurs logements ; un même logement est occupé par plusieurs ménages. Cette forme de recensement de droit est réalisée à partir d'auto-déclarations établissant un inventaire de tous les logements occupés. La seule confusion possible est l'omission des logements collectifs.
Valérie Golaz
Aux Etats-Unis, on retrouve la notion de résidence habituelle : un ménage occupe un logement. Un seul lieu est retenu, en fonction de la durée de son occupation (celui où on a passé le plus de temps). Les logements collectifs sont des lieux de résidence en tant que tels.
Françoise Dureau
En Colombie, on procéde d’abord à l'identification du logement, puis le(s) ménage(s) et leurs membres sont recensés, selon une définition de fait dans le recensement de 1973, puis de droit dans les recensements suivants. C'est toujours la résidence habituelle qui est retenue mais avec des critères de durée changeants. Les consignes données aux enquêteurs sont de moins en moins précises. Dans le recensement de 1993 ne figure plus la question sur la présence ou l'absence des résidents habituels au moment du recensement. Des tableaux relatifs à la résidence habituelle sont construits.
Dès
1976, des enquêtes (Encuesta
Nacional de Hogares) sont réalisées
tous les trimestres : d’abord dans
sept villes puis dans treize à partir de 1993. Depuis 2000,
il s'agit d'une
enquête continue. La résidence principale est le
lieu résidentiel
habituel ; il est saisi dans les logements de
l'échantillon. L’enquête ne
concerne que les ménages ordinaires (exclusion des
ménages collectifs). La
définition du logement et du ménage sont
distinctes du recensement. Un ménage
est formé des individus habitant le même logement
et partageant sa nourriture
ou ses frais de logement.
Depuis 1991, de nouvelles enquêtes ont été réalisées en Colombie. Celle intitulée "Pauvreté et qualité de vie à Bogota " concerne 10 000 ménages (1991). Le critère de durée retenue est de moins de 3 mois pour les résidents absents. Cette enquête tente aussi de prendre en compte le nombre de sorties de Bogota d'une durée de 3 jours et plus pour les individus âgés d'au moins 12 ans.
MB : Comment rendre
compte
des situations où
plusieurs ménages occupent un même logement ?
FD :
Environ 40% des ménages de Bogota partagent leur logement.
Lepartage des
logements est une pratique courante.
MB :
Comment appeler alors l'espace occupé par une
unité domestique ? Et comment le
qualifier ?
FD :
Il correspond aux pièces d’usage exclusif
d’un ménage (non partagées).
PH :Au
Chili, ce sont des recensements de fait. En Bolivie, tout est
arrêté un jour
donné et la population est recensée ce jour
là. Il s'agit d'une photographie de
la population à un moment donnée, ce qui est en
soi intéressant. En raison de
l'existence d'une cartographie au 1/2000 et d'un
géoréférencement de très
bonne
qualité, le recensement du logement y est extraordinaire.
Cependant, ce dispositif
occasionne notamment une sur-représentation
d'étudiants au domicile de leurs
parents.
4. Europe
Jean-Pierre Lévy
La fiche présente l’enquête nationale sur le logement (ENL) réalisée par l’INSEE (France) ; les documents fournis avec l’enquête sont extrêmement détaillés. L’échantillon est représentatif de la situation nationale et tiré à partir de l’échantillon maître de l’INSEE constitué sur la base du recensement : 23 492 logements en 1978, plus de 36 000 logements en 1992, etc. Depuis 1996, une étude plus approfondie des régions Ile de France et Nord Pas de Calais a été mise en œuvre. L'unité d'enquête est le logement et non le ménage. Sont considérés comme membres du ménage tous les individus rattachés au ménage au moment de l'enquête, hébergés ou occupants temporaires compris. Cela signifie que les membres du ménages temporairement absents mais dont l'adresse enquêtée est leur résidence principale - même s'ils n'y résident pas tous les jours de la semaine - sont pris en compte : enfant pensionnaire dans la semaine, conjoint qui réside certains jours dans une autre ville, etc. .
Le recensement de 1999 comprend un bulletin individuel pour l’ensemble des membres du ménage et une feuille caractérisant le logement. Les catégories de logements sont les suivantes : la résidence principale occupée une grande partie de l’année ; le logement occasionnel occupé pour des raisons professionnelles ; la résidence secondaire ; le logement loué ou à louer pour les vacances. Chaque membre d’un ménage figure à la fois dans la base individu et dans la base ménage. Les « Hébergés » et les Sans Domicile Fixe figurent dans la base individu. Un traitement spécifique de ces catégories est donc possible. Une rubrique précise la mobilité résidentielle entre 1997 et 2001 (30 variables sur les caractéristiques du logement antérieur surtout) ; une autre porte sur le dernier logement occupé par la personne de référence (si elle a déménagé depuis 1997) ;
Claudine Pirus
Au Royaume Uni, la personne de référence du ménage répond à l’agent recenseur,en indiquant les personnes vivant à la même adresse que lui. Les personnes temporairement absentes la nuit précédant le recensement mais qui vivent normalement là (enfants scolarisés, conjoint tarvaillant daans une autre ville,etc.) sont incluses dans le ménage. On demande aussi que soit indiqué s’il y a eu ou non, la nuit précédent le recensement, un visiteur vivant généralement ailleurs
Au Luxembourg, les questions suivantes sont posées à tous les membres du ménage : « Depuis quelle année vivez-vous dans le logement ? », « Ce logement est-il votre résidence habituelle ? » Si non, préciser si cette résidence habituelle se trouve au Luxembourg ou à l’étranger ; « Où résidiez-vous à mi-parcours du dernier recensement ? ».
Valérie
Golaz (à partir de la fiche établie
par Christina Munno)
Le recensement en Italie est intéressant car la pluri-résidence y est traitée. Lorsque qu’un individu vit dans plusieurs résidences, celles dont la durée d’occupation excéde 90 jours durant l’année précédant le recensement sont identifiées.
Eva Lelièvre
Dans les publications d’Eurostat les critères de résidence ne sont pas définis. Ne sont indiqués que des avertissements de recherche d’ordre méthodologique. Le document de recommandations de 1998 se résume à un niveau vague de vœux pieux. Le lieu de résidence habituel est celui ou l’individu passe le plus souvent la nuit. La durée de résidence est exprimée en années révolues ; elle ne fait l’objet d’aucune recommandation. Le document intitulé « Statistiques démographiques et méthodes de collecte dans 31 pays européens » de 2003 comprend un fascicule méthodologique sur l’appréhension des migrations internationales, des divorces, des avortements… mais ne s’intéresse nullement à la résidence. Bref, les questions du logement et de la résidence sont largement laissées dans le flou.
[1] Les initiales indiquées entre parenthèses sont utilisées dans le compte-rendu qui suit.
[2] Cette recherche a eu pour financement un contrat avec le PUCA sur les familles recomposées.