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Conditions de vie et santé des personnes âgées en Algérie

Karima BOUAZIZ, Université A. Mira - Bejaia, Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Algérie.

Résumé

Les personnes âgées représente une frange démographiquement négligeable en Algérie mais socialement significative. Il s’agit d’explorer un domaine de recherche peu exploitée ; les conditions de la vieillesse dans une société où le problème du vieillissement n’a pas encore pris une ampleur inquiétante.

L’étude consiste en une analyse secondaire des données transversales de l’enquête algérienne sur la santé de la famille (EASF) réalisée en 2002 .Les analyses portent sur une population non institutionnalisée de 3958 personnes âgées de 60 ans et plus afin de scruter leur configuration sociale et économique, d’évaluer leur état de santé et ses déterminants, et identifier les inégalités existantes devant la vieillesse.

Mots-clés : personnes âgées, vieillissement, conditions de vie, état de santé, Algérie.

Introduction

Les personnes âgées représente une frange démographiquement négligeable en Algérie mais socialement significative. Le vieillissement de la génération du baby boom des années 70 et 80 et la hausse de l’espérance de vie à 60 ans auront pour effet d’accélérer considérablement la croissance du nombre de personnes âgées algérienne au cours des trois prochaines décennies. Considérant cela, il est intéressant de prévoir l’influence potentielle que provoquera ce fameux changement de structure de la population sur notre société, le vieillissement soulève plusieurs problèmes tant au plan individuel que social. Il est donc essentiel que l’on s’interroge dès maintenant sur les conditions de vie et besoins futurs de cette population.

Toutefois, les recherches dans ce domaine et les efforts de collecte et d’analyse de données sont restés très limités, issues généralement des recensements et de quelques enquêtes effectuées auprès des ménages. Nous nous proposons, dans cet article, d’analyser la situation des personnes âgées au sein des familles algériennes, il s’agit d’étudier l’environnement familial dans lequel vivent les personnes âgées et d’établir leur configuration socio-économique et démographique.

Les personnes âgées sont généralement présentées comme une catégorie vivant dans des conditions socio-économiques précaires, connaissant des problèmes de logement et d’alimentation, et souffrant de graves déficiences physiques et mentales les rendant totalement ou partiellement dépendantes (Ettinger et al., 1994). De ce fait, une étude sur leur état de santé et leur mode de vie est pertinente pour connaitre et évaluer leurs besoins.

1. Évolution et perspective des personnes âgées

Sous l’effet d’une natalité très élevée et d’une baisse progressive et constante de la mortalité infantile, la population algérienne s’est accrue à un rythme très élevé, avec une proportion de jeunes toujours très importante. La part des moins de 20 ans était estimée à 55.0 % en 1987. À l’opposé, au sommet de la pyramide, la population âgée dont l’augmentation du volume est due essentiellement à l’allongement de la vie moyenne, ne constituait que 5.7% de la population totale.

À l’inverse des deux périodes de plein élan démographique (1966-1977 et 1977-1987), la population âgée de 60 ans et plus s’est accrue, au cours de la période (1987-1998), à un rythme quatre fois plus rapide que celui des moins de 20 ans, soit respectivement 4.10 % contre 1.01 %. Cette évolution de la structure par âge de la population au bénéfice des personnes âgées est certes liée à la baisse de la fécondité, mais elle est également étroitement liée à la hausse inédite de l’espérance de vie à la naissance. En 2002, l’espérance de vie à la naissance s’étant allongée de près de 1.5 ans par rapport à 1999, la part des personnes âgées a atteint 7.5 % (cf. Tableau 1).

Si le vieillissement de la population algérienne est d’ores déjà évident, il est appelé à s’amplifier dans les prochaines décennies. Les plus de 60 ans représentent aujourd’hui 7.5 % de la population totale, situant l’Algérie dans la moyenne des pays arabes. Leur poids relatif devrait considérablement se renforcer dans les années 2030-2050 avec l’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby boom des années 70 et 80. La population âgée représentera 14,7% de la population totale en 2030 et devrait atteindre plus de 22 % en 2050. Les plus de 60 ans qui était estimés à 2.2 millions en 2002, à 2.8 millions en 2010, seront de l’ordre de 4.3 millions en 2020 et 6.7 millions en 2030. (Office National des statistiques (ONS). 2004).

Tableau 1 : Structure par grands groupes d’âges de la population algérienne selon le sexe de 1966 à 1998 (en %)

2. Quelques caractéristiques de la population âgée de 60 ans et plus

Dans ce qui suit, nous allons caractériser les personnes âgées par quelques variables afin de connaitre leur configuration socio-économique et démographique.

2.1 La structure par âge et sexe :

L’enquête EASF2002 a touché 3958 personnes âgées de 60 ans et plus ; 49,7% d’hommes et 50,3% de femmes, les personnes âgée sont composé de presque autant d’hommes que des femmes. La majorité des personnes âgées enquêtées se situe entre 60 à 69 ans (57,9%). cette part varie selon le genre, atteignant 60,4% pour les femmes contre 55,4% pour les hommes. (cf. Tableau.2)

On observe un vieillissement différentiel selon le milieu de résidence : les régions urbaines apparaissent comme les milieux aux populations plus vieilles : les différences ainsi observées sont probablement le fruit des niveaux de mortalité et des mouvements migratoires des zones rurales vers les zones urbaines.

Tableau 2 : Quelques caractéristiques des personnes âgées de 60 ans et plus en Algérie (en%)

Source : Calculs effectuée sur les données de l’enquête algérienne sur la santé de la famille(EASF2000)

2.2 La structure matrimoniale

En 2002, 72% des personnes âgées ont été mariées, des différences consistantes entre les deux sexes sont constatées concernant l’état matrimonial. Les personnes âgées mariées sont beaucoup plus souvent des hommes que des femmes : alors que plus de quatre vint dix pour cent (93,6%) des hommes âgés étaient mariés, moins de la moitié (49,8%) des femmes âgées l’étaient (cf. Tableau.3), le divorce et le célibat sont peu connus de cette population (1,6% et 0,5%).

Tableau 3 : État matrimonial des personnes âgées par sexe (en %)

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

Le veuvage chez les personnes âgées demeure une caractéristique féminine puisque à peu près une femme sur deux (47%) vit en situation de veuvage, contre seulement 6% pour les hommes.

Le nombre de veuves augmente rapidement avec l’âge (cf. graphique 1). La grande disparité entre les sexes dans ce domaine s’explique par le fait que l’espérance de vie des femmes est plus longue et que les femmes sont, en moyenne, plus jeunes que leurs maris. Cette prépondérance du veuvage chez les femmes est due aussi au faible taux de remariage, les femmes âgées se remarient moins fréquemment que les hommes à la suite d’un divorce ou de la mort du conjoint, surtout si ces événements sont vécus à un âge relativement avancé.

Dans nos sociétés arabo-musulmanes la condition de veuvage pour une femme âgée est perçue comme une normalité, inscrite dans l’ordre des choses. Il serait même malvenu aux yeux de la société qu’une veuve âgée de 60 ans et plus désire de vivre en couple avec un nouveau compagnon (A. Ajbilou et O.Mouhssine Sananès (2000)).

Graphique 1 : Répartition des femmes âgées de 60 ans et plus selon leur État matrimonial et les groupes d’âges

2.3 La situation socio-économique des personnes âgées

2.3.1 Niveau d’instruction

D’après les résultats obtenus de l’enquête, la majorité des personnes âgées en Algérie sont analphabètes (cf. Graphique 2). Les évènements majeurs que connaissent les individus se répercutent tout au long de leur existence. Ces personnes âgées d’aujourd’hui sont les enfants des années trente du siècle passé et les jeunes des années quarante et cinquante. A un moment ou l’instruction et la formation étaient peu acquises, il n’était pas possible pour celles-ci de s’instruire et de se former, d’où on a un pourcentage d’analphabétisme de 84,7 % et une entrée sans qualification dans la vie active. Dans la mesure ou la formation professionnelle et l’instruction faisaient défaut, les personnes âgées n’ont pas pu exercer des activités économiques, ou occuper des emplois garants d’une bonne rémunération et d’un niveau de vie aisé.

Graphique 2 : Répartition des personnes âgées de 60 ans et plus selon leur niveau d’instruction et les classes d’âges

Les femmes âgées sont sensiblement moins instruites que leurs homologues de l’autre sexe. Le pourcentage des femmes analphabètes a atteint 95,3% contre 74,1% pour les hommes. L’école et les parcours de socialisation discriminaient les femmes dont, selon l’idéologie de l’époque, la vocation résidait dans le mariage, la maternité et le ménage. Par ailleurs, on note l’existence d’un écart de degré d’instruction entre générations des deux sexes (cf. Graphique 2).

2.3.2 Activité et ressources

La proportion d’hommes âgés présents dans la population active est considérablement plus élevée que celle des femmes. Cette proportion s’établie à 15,3 % contre 1,9 % pour les femmes.

Concernant l’occupation d’une profession rémunérée dans le passé, 45,5% des personnes de 60 ans et plus déclarent avoir déjà travaillé, la répartition selon le sexe favorise les hommes avec un pourcentage de 82,0% contre 11,7% des femmes. Les revenus sont jugés insuffisants par les personnes âgées à cause de la hausse de plus en plus importante du cout de la vie et la permanence des charges familiales que les personnes âgée continuent à assumer.

2.4 État et conditions d’habitat

Le tableau 5 nous montre clairement que les personnes âgées algériennes vivent globalement dans des ménages de grande taille avec une nuance pour les personnes âgées masculin, en fait, environ 15% des hommes âgées vivaient dans des ménage de tailles inférieures ou égales 3 et 61% dans des ménages de tailles supérieures ou égales à 6. Ces distributions pour les femmes âgées sont respectivement de l’ordre de 26% et 47 %.

80,6% habitent dans des logements qui leurs appartiennent (cf. Tableau.6), cette part s’élève à 96,3% chez les hommes, mais ne représente que 68,8% chez les femmes.

Tableau 5 : Répartition des personnes âgées selon la taille du ménage et le sexe

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

Tableau 6 : Répartition des personnes âgées selon l’état de propriété du logement et le milieu de résidence

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

Tableau 7 : Répartition des personnes âgées selon le type de logement et le milieu de résidence

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

En ce qui concerne les éléments habituels de confort telle l’eau courante, le gaz, l’électricité, les toilettes, les comparaisons entre le milieu urbain et rural révèlent des différences du confort ; les personnes âgées dans les zones urbaines jouissent d’un bien meilleur confort par rapport aux personnes habitant des zones rurales (cf. Tableau 7).

Tableau 7 : Équipement des ménages des personnes âgées selon le milieu d’habitat (en%)

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

3. Avec qui vivent les personnes âgées ?

Le modèle de famille dans lequel les personnes âgées sont hébergées par les enfants est encore vivace et demeure un pilier de la forte solidarité familiale intergénérationnelle en Algérie L’analyse des données montre que l’écrasante majorité des personnes âgées vit avec les membres de leur famille (98%) (cf. Graphique.3) Aux âges avancés, les personnes qui vivent seuls sont essentiellement des femmes. Nous remarquons que les proportions d’individus vivants seuls sont toujours plus élevées pour les femmes que pour les hommes. Ce phénomène s’explique par la différence d’âge au mariage auquel nous devons également ajouter un niveau de remariage plus élevé chez les hommes veufs et divorcés comparativement aux femmes dans la même situation.

Graphique 3 : Répartition des personnes âgées selon le mode de vie et les groupes d’âges

La majorité des personnes veuves vivent avec leurs enfants et plus de la moitié avec leurs petits enfants. Les mariés par contre, vivent généralement avec leur conjoint et leurs enfants (29,3%). La répartition selon le milieu de résidence ne dénonce point de disparité significative. Les deux tiers de cette frange de population déclarent être satisfaits de leur situation de résidence au moment de l’enquête. Cette part semble invariable quelque soit l’âge, le genre ou l’état matrimonial. Par contre selon le milieu de résidence, plus que la moitié des personnes âgées vivant seuls déclarent que cette situation ne leur convient pas et leur est inconfortable.

Dans notre Pays, la cohabitation semble être un support privilégié de l’aide familiale aux personnes âgée dépendantes, avec une signification différente pour les filles et les fils : recohabitation de circonstance pour les premières et Co-résidence de toujours pour les seconds (Attias-Donfut et Renaut, 1994).

L’examen du lien de parenté avec le chef du ménage auquel appartiennent les personnes âgées donne une première indication sur les conditions de vie de ces personnes. Plus de la moitié des personnes âgées Algériennes interviewées lors de l’enquête EASF2002 ont déclarées être chef de ménage dans lequel ils vivent, la majorité écrasante de ces chefs de ménages sont des hommes (94,4%), tandis que les femmes occupent le statut d’épouse de chef de ménage dans presque la moitié des cas. (cf. Tableau.8)

Tableau 8 : Lien de parenté entre les personnes âgées de 60 ans et plus et le chef de ménage Selon le sexe(en %)

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

4. Morbidité et État de santé perçu

La santé des personnes âgées est aussi problématique que celle des autres couches de la population auxquelles il est accordé beaucoup plus d’attention avec souvent des programmes spécifiques mis en œuvre (Heslop, 1999).

4.1 Les problèmes de santé

Les données recueillies au cours de l’enquête Algérienne sur la santé de la famille (EASF2000) montrent qu’avec l’âge, les problèmes de santé deviennent multiples et plus chroniques, tant chez les hommes que chez les femmes. La santé physique ici est cernée au moyen d’un catalogue des troubles classés selon leur localisation dans le corps.

Les principales maladies qui ont été déclarées par les personnes âgées enquêtées sont l’hypertension artérielle (43,5%), les maladies articulaires (26,4%), les maladies gastriques (18,3%), le diabète (16,1%) ; les problèmes de dos (14,9%), les maladies cardio-vasculaires (10,9%), la cataracte (10,6%) et les migraines (11,2%). Selon le milieu de résidence, l’enquête met en évidence la prévalence relativement plus élevés de certaines maladies telles que l’hypertension, le diabète et les maladies cardio-vasculaires en milieu urbain. Par contre, en milieu rural, on observe une prévalence relativement plus importante des maladies articulaires et des maladies gastriques. Il est également à noter que la plupart des maladies déclarées ont été diagnostiquées par un médecin. (cf. Graphique. 4).

Graphique 4 : Répartition des maladies déclarées par les personnes âgées selon le diagnostic du médecin et la nature de la maladie

4.2 Perception de la santé

La santé subjective, c’est-à-dire la santé telle que l’évalue la personne pour elle-même semble être l’indicateur le plus utilisé dans les recherches sur la santé des personnes âgées. Il est demandé à la personne de se prononcer, suivant une échelle, sur sa propre santé. Selon l’analyse des résultats, cet indicateur est corrélé à plusieurs autres, d’où son importance malgré son aspect assez subjectif.

On peut observer l’existence de disparités de santé apparente entre milieu de résidence (Urbain/rural), les groupes d’âges, et le sexe du répondant (cf. Tableau.9).

Les deux tiers des personnes âgées enquêtées signalent d’avoir au moins une maladie chronique ; 66,1% en milieu urbain et 68,1 dans le milieu rural. Il y a plus d’hommes (17,8 %) que de femmes (9,9 %), âgés de 60 et plus qui considèrent que leur santé est bonne. Il y a légèrement de femmes (47,9%) que d’hommes (42,2 %) qui déclarent que leur santé est satisfaisante.

Graphique 5 : Santé perçue des hommes âgés de 60 ans et plus

Graphique 6 : Santé perçue des femmes âgés de 60 ans et plus

Il n’en demeure pas moins qu’il y a plus de femmes (42,2 %) que d’hommes (33,0 %) de 60 ans et plus qui déclarent que leur santé est mauvaise. Tel que précisé, un grand nombre de personnes âgées considèrent que leur santé est soit bonne ou satisfaisante. Toutefois, au fur et à mesure que les individus vieillissent, cette perception positive de l’état de leur santé est sensiblement modifiée chez l’ensemble des personnes âgées (cf. tableau 9).

5. Besoin d’aide et configuration de l’aidant.

Concernant le besoin d’aide pour accomplir certaines activités quotidiennes (AVQ). Deux types d’aide sont identifiables :
- L’aide aux soins personnels (s’habiller, se laver, manger, entrer ou sortir du lit, aller aux toilettes, utilisation des escaliers) ;
- L’aide ménagère (déplacement, petits travaux de réparation ou de jardinage).

L’aide partielle se fait généralement ressentir pour les activités qui demandent de grands efforts tels que « monter ou descendre les escaliers, 13% des personnes âgées sollicitent une aide pour cette activité, parcourir une distance de 350 à 400 mètres : (11,8%), soulever des objets à partir du sol : 10,5%, prendre le bain : 9,1%, l’utilisation des toilettes, se déplacer ou se nourrir semblent être des activités qui ne demande pas d’aide externe. Par ailleurs, le facteur âge est très déterminant quant au recours à l’aide, plus l’âge des personnes âgées augmente, plus elles deviennent dépendantes. Cette dépendance se traduit généralement par un besoin d’assistance pour accomplir des actes quotidiens habituellement effectués sans aide (Dictionnaire des personnes âgées 1984),

Tableau 9 : État de santé perçue des personnes âgée selon le sexe et quelques caractéristiques

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

Selon le genre, il semble que les femmes sont plus dépendantes que les hommes et ce, quelque soit le type d’aide fourni. 37,0% des hommes ou des femmes fournissent une aide à leur conjoint qui a besoin d’aide, tandis que l’aide des enfants est attestée dans 69,3% de ces situations (cf. tableau.10).

Les personnes qui cohabitent avec la personne âgée dépendante constituent un premier cercle d’aidants potentiels pour pallier les difficultés à accomplir soi-même certaines activités de la vie quotidienne dites de base (AVQ de base). Classiquement on distingue en effet deux modes de cohabitation des enfants avec leurs parents âgés : les corésidences de toujours et les recohabitations, qui impliquent des enfants ayant des caractéristiques bien différentes (Attias-Donfut et Renaut, 1994).

Tableau 10 : Aidants potentiels selon le sexe des personnes âgées

Source : calculs effectués sur les données de l’enquête EASF2002

Les femmes ont une place tout à fait particulière dans l’organisation de l’aide profane, lorsqu’ils ont besoin d’être aidés, les hommes le sont presque exclusivement par une femme, près de 73%. Cependant, au-delà de cette dimension bien connue de l’omniprésence féminine dans la production d’aide, on remarque qu’environ une femme sur neuf pouvait compter sur le soutien de son époux. (cf. Graphique 7).

Ce sont les enfants qui assurent l’essentiel de l’aide pour les femmes (69,8%), l’aide du conjoint est moins fréquente que celle d’un enfant (11,6%)

Graphique 7 : Aidants potentiels selon le sexe des personnes âgées

6. L’accès aux soins est aux médicaments

La consommation de médicaments est révélatrice d’un mauvais État de santé, mais elle est aussi un facteur de risque pour la santé. 48,3 % des personnes âgées déclarent prendre des médicaments, cette part est relativement plus élevées chez les femmes (57% contre 41,3% des hommes). Aussi, 50,1% des femmes prennent plus de trois médicaments par jour contre 47,9% des hommes.

Par ailleurs, 43,9% des personnes âgées déclarent avoir des difficultés à se procurer les médicaments (42,8% des hommes et 44,8% des femmes).

Conclusion

Le célèbre démographe français A. Sauvy à écrit « de tous les phénomènes contemporains, le vieillissement de la population est le plus sur dans son développement, le plus facile à prévoir et peut-être le plus grave dans ses conséquences ».

Le vieillissement de la population représente, sans doute, la caractéristique démographique la plus spectaculaire que connaîtra l’Algérie dans les trois ou quatre prochaines décennies. Si la part des personnes âgées ne représente aujourd’hui que 7,5% de la population totale algérienne, force est de constater que leur nombre augmentera dans les décennies à venir, suite aux changements démographiques que vit l’Algérie depuis une trentaine d’années. Ce fait annonce le défi majeur de notre société pour les prochaines décennies.

La situation des personnes âgées est souvent méconnue ou mal connue dans notre pays à l’instar des autres pays en développement ou le problème n’a pas encore pris une ampleur inquiétante. Certes, si les différentes actions menées jusqu’à présent pour contenir la croissance de la population depuis les années 1980, ont donné leurs fruits, les défis à surmonter demeurent ceux liés au vieillissement démographique, ces défis sont de nature économique et sociale et ils nécessitent une mobilisation de toutes les composantes de la société algérienne.

Bibliographie

AJBILOU A. et MOUHSSINE-SANANES O. (2000), « Les personnes âgées veuves au Maroc », gérontologie et société, n° 95, pp.141-152.

ATTIAS-DONFUT C. et RENAUT S. (1994), « Vieillir avec ses enfants. Corésidence de toujours et recohabitation », Les cahiers de sociologie de la famille, n o 1, Paris, pp. 57-80.

DICTIONNAIRE DES PERSONNES AGEES (1984), de la retraite et du vieillissement, sous la direction de J.C SOURNIA, Franterm, Paris, p.38.

HESLOP A. (1999), Ageing and development, Help Age International, Social Development, a working paper 3, p 36.

OFFICE NATIONAL DES STATISTIQUES (ONS). (2004), « Projections de population à l’horizon 2030 », collection statistiques, n°106.

VAN DER GEESTS (2002), « Respect and reciprocity : Care of elderly people in rural Ghana », Journal of Cross-cultural gerontology, Vol. 17, pp 3-31.

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

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