Atelier du Champ 3 

Peuplement et territoire

 

 

 

Objectif général de l’atelier

 

Une des principales problématiques du « champ 3 » est celle du rapport entre peuplement et territoire au niveau national et régional. Elle vise notamment à encourager une meilleure prise en compte de la dimension territoriale et localisée des comportements démographiques et, en particulier, des mobilités.

Au cours de cet atelier nous nous proposons de prendre connaissance d’un certain nombre de travaux sur ce thème, mais aussi d’envisager l’hypothèse et les modalités de nouvelles recherches à encourager dans les pays du Sud. Dans cette perspective, le Ceped pourrait alors jouer le rôle d’intermédiaire ou de facilitateur entre différentes équipes de recherche afin de partager travaux, expériences et méthodes dans le domaine très négligé – notamment en milieu rural -  des « dynamiques de peuplement ».

Dans l’appel à communication initial, trois approches étaient proposées : a) - une analyse du peuplement par l’analyse des lieux habités ; b) - une réflexion sur les « valeurs » du territoire ; c) - une analyse portant sur les phénomènes de causalité circulaire dans la relation peuplement/territoire.

 

A la réception des propositions de contribution[1], il est apparu nécessaire de réorganiser légèrement le déroulement de cet atelier en proposant les trois entrées suivantes, telles qu’elles figurent dans le programme :

 

- Peuplement et traitement de la localisation

- Peuplement et dynamiques foncières

- Les « valeurs » du territoire

 

 Première session : « peuplement et traitement de la localisation »

 

Dans ce premier atelier, il s’agit d’analyser à travers une série de cas concrets, les problèmes que pose l’étude du peuplement et des dynamiques de peuplement à la surface de la terre. On aurait tout aussi bien pu appeler cette session : « Géographie de la population ; de l’apport de la spatialisation des comportements démographiques ».

 

Qu’est ce que cela apporte de connaître les distributions et les caractéristiques d’une population à la surface de la terre ? Tous ceux qui sont réunis ici ont, j’imagine, une claire conscience du fait que la variation dans l’espace des comportements démographiques est 1) une réalité et 2) que cette réalité n’est pas aléatoire. Autrement dit, il existe une logique spatiale aux comportements démographiques.

 

Aussi classique que puisse être ce champ d’investigation, quelques remarques s’imposent :

 

1) Première remarque, aussi incontournable que soit cette approche, il semble bien que les questions de migrations et de pression démographique et foncière appréhendées sous l’angle des dynamiques du peuplement aient été singulièrement délaissées – notamment en Afrique – au cours des deux dernières décennies. Il faudra d’ailleurs se demander pourquoi des études classiques de géographie de la population ont pu être ainsi laissées en déshérence.

 

2) Deuxième réflexion, alors que les études portant sur la géographie de la population sont négligées, on porte néanmoins des jugements définitifs sur des questions de distribution de la population qui justement ne sont acceptables qu’au prix de travaux détaillés sur la relation Espace/population. On ne peut pas évoquer le peuplement, le surpeuplement ou le sous peuplement sans faire référence à l’espace qui, précisément, fonde ces notions (par ailleurs très relatives).

 

3) Troisième observation, les concepts de peuplement, de dynamiques de peuplement, de distributions de la population à la surface d’un territoire ne sont pas des catégories tout à fait familières pour les démographes « classiques ». mais du côté de la géographie force est de remarquer que, si le concept est fréquemment employé dans les deux acceptions du terme (en tant qu’action et en tant qu’état), il n’a pas pour autant suscité un courant structuré dans la discipline.

 

Pour conclure l’introduction à ce premier atelier, je rappellerai que les données démographiques – et les données censitaires notamment – sont en général des données localisées ; et que l’objectif de cette première session est justement d’étudier l’intérêt mais aussi les limites de l’utilisation du maillage territorial. On ne le rappellera jamais assez, si les résultats d’un recensement de population prennent toujours la forme d’une longue série de tableaux, on tend à oublier que le succès même de l’opération de dénombrement exige au préalable une cartographie et une délimitation extrêmement précise du territoire. Et cela pour une raison simple : pour recenser tout le monde sans oublier personne mais sans compter deux ou plusieurs fois les mêmes individus, il faut disposer d’une cartographie actualisée et d’un inventaire exhaustif de l’ensemble des lieux habités à recenser.

 

Nous allons donc nous consacrer à des sujets qui peuvent paraître d’une grande simplicité mais qui sont incontournables lorsqu’il s’agit d’étudier des dynamiques de peuplement. Pour ce qui concerne ce premier atelier, on peut décliner un certain nombre de questions qui seront abordées par les uns ou par les autres, j’en citerai juste quelques unes: comment étudier et représenter dans l’espace les distributions de population ? Comment étudier et représenter l’évolution de ces distributions dans le temps ? Quels avantages et inconvénients sont associés aux différents niveaux de mesure de la localisation ? Toutes les localités peuvent-elles êtres localisées par leurs coordonnées géographiques ? Dans quels cas est-il préférable d’adopter un niveau d’agrégation géographique polygonal (tel que village ou commune, ou district) ?

 

Au bout du compte, il sera certes beaucoup question de cartographie, mais ce n’est pas pour autant une réflexion sur la cartographie comme outil de représentation. Car, par rapport à ce qui nous rassemble aujourd’hui, la carte est ici au service de la recherche et ceci pour une raison simple : la localisation des faits démographiques participe à l’interprétation des faits démographiques. Pour le dire autrement, ce qui est en permanence en filigrane non pas seulement dans cette session mais qui vaut pour l’ensemble de cet atelier, c’est qu’on enrichit considérablement son analyse en répondant à la question : pourquoi tel phénomène se produit ici et pas ailleurs ; et pourquoi ici plus qu’ailleurs ?

 

Deuxième session : « Peuplement et dynamiques foncières »

Plus que pour toute autre catégorie de population, la terre et, plus généralement, l’accès à la ressource foncière, représente pour les agriculteurs une ressource qui fait de l’espace et du territoire tout autre chose qu’un simple support de l’activité humaine. De ce fait, en milieu rural en particulier, il est essentiel d’analyser les dynamiques de peuplement au regard des conditions d’accès à la terre, de sa rareté ou, au contraire, de sa grande disponibilité.

Une fois encore, les notions de densité de population (voire de densités rurales ou de densités agricoles) sont absolument fondamentales en ce sens qu’elles mettent en relation des effectifs de population au regard de leur espace de vie. C’est aussi dans cette perspective que les notions utiles mais délicates de surpeuplement ou de sous peuplement peuvent être employées. Plus largement, l’analyse de la pression démographique et foncière et des dynamiques de peuplement (ou de dépeuplement) est envisagée ici au regard de l’utilisation agricole de l’espace.

 

Troisième session : « Les valeurs du territoire »

 

L’espace géographique n’est pas le support neutre, homogène et stable de l’activité humaine. Aussi banal que ce propos puisse paraître, il se trouve que cette réalité géographique pénètre difficilement l’esprit de nos concitoyens pour lesquels l’espace tend à relever de la simple évidence.

Pour tenter d’inverser cette perception molle et indifférenciée de l’espace où ce dernier n’est que le simple support de l’activité humaine, on s’attachera à envisager comment les sociétés humaines valorisent de manière différente leurs espaces de vie. Certaines de ces valeurs sont objectives, d’autres sont subjectives ; certaines sont mesurables et quantifiables, d’autres pas ; certaines ont un certain caractère d’universalité tandis que d’autres sont relatives à des groupes sociaux voire à des individus. Tout point de l’espace est ainsi diversement perçu et appréhendé selon les échelles auxquelles renvoient ces espaces et selon les diverses catégories d’acteurs et de pouvoirs. On voit donc se superposer en un lieu un écheveau extraordinairement complexe d’enjeux et d’intérêts.

 

 

 



[1]

Avertissement: pour l’essentiel, les actes du présent atelier résument des travaux et des recherches en cours d’élaboration. C’est un choix que nous assumons d’autant plus volontiers que si l’ensemble de ces communications se prêtait difficilement à une publication en bonne et due forme, il nous paraissait en revanche que la richesse des informations et des questionnements justifiait pleinement que ces travaux soient portés à la connaissance du public. Conséquence de cela, les contributions présentées ici ne peuvent être considérées comme des publications académiques au sens où elles n’ont pas subi le filtre de la lecture critique. De ce fait, ces contributions n’engagent, sur le fond comme sur la forme, que leurs auteurs.