Densification et structure de la population
du Mt Elgon (Kenya)
Valérie Golaz (INED)
Région étudiée : Mt Elgon, Kenya
Thématique : Densification différenciée de la population
Sources : Cartes et résultats publiés des recensements de population, 1989 et 1999 + données désagrégées de 1999 + sources qualitatives sur la mobilité
Remerciements : Je remercie le Central Bureau of Statistics, Nairobi, ainsi que M. Kinanjui, pour avoir préparé et mis à ma disposition les données brutes du recensement de 1999 concernant les trois districts de Mt Elgon, Bungoma et Trans Nzoia.
Ma communication porte sur l'analyse des recensements kenyans concernant la région du Mt Elgon, au Kenya. Comme le reste du Kenya, le Mt Elgon connaît un accroissement naturel extrêmement soutenu de sa population depuis 30 ans. La densification rapide de la population entraîne des processus d'adaptation diversifiés (intensification des cultures, diversification économique, baisse de la fécondité, migration, expansion territoriale,…). Mais la baisse de la fécondité est relativement faible dans la région, et le taux d'accroissement naturel de la population va probablement demeurer supérieur à 2 % par an pendant encore quelques temps. La migration est limitée par une économie ralentie et un marché foncier saturé dans l'ensemble des régions fertiles. L'une des dernières possibilités resterait l'expansion territoriale, du fait de la présence d'une réserve naturelle, la réserve forestière du Mt Elgon, qui couvre les flancs de la montagne. Mais depuis l'établissement de la réserve, la population en est exclue, et tout front pionnier d'altitude est prohibé. Une exception cependant existe : il s'agit de 100 km² de forêt, déclassée dans les années 1970 pour légaliser l'implantation d'habitants de la réserve forestière.
Les données des recensements donnent des informations sur la répartition spatiale de la population en dessous de cette réserve forestière. Une analyse de la croissance démographique par les lieux et de la structure de la population dans chaque unité administrative peut nous éclairer sur les processus en cours, et les besoins futurs de ces populations.
La densification de la population est-elle différente d'une unité administrative à une autre ?
Si oui, pourquoi ?
- Un accroissement naturel différent ?
o Dû à une fécondité plus élevée dans certains lieux ?
o Dû à une mortalité plus élevée dans certains lieux ?
- Des mobilités différentes ?
o En relation à des différences d'écosystème (relations haut / bas sur les flancs de la montagne) ?
o En relation à des statuts fonciers différents (terres vacantes, immatriculées, déclassées...) ?
o En raison de différences d’infrastructure (déplacement des jeunes vers les écoles, des actifs non agricoles vers les marchés et les centres urbains) ?
o Pour des raisons sociales (l’exclusion d'une communauté, l’inclusion de femmes par le mariage) ?
o Dues à des déplacements forcés de population ?
o Par choix personnel ?
Quel est le maillage administratif pertinent pour la perception de la densification de la population et pour l'analyse de la mobilité ? Quelle est l'unité idéale ? Trop grande, on passe à côté de spécificités locales. Trop petites, on rentre dans des spécificités individuelles. Comment distinguer des particularismes liés à l'espace d'autres liés aux personnes qui l'habitent ? En quoi est-ce un problème ?
- L'évolution du maillage dans le temps limite la finesse de l'analyse
C'est le cas pour les mesures d'accroissement inter censitaire : les limites utilisées sont les moins fines, on "perd" donc en précision de l'information. C'est le cas dans l'ensemble du Kenya, où les divisions administratives sont souvent morcelées d'un recensement un autre, en raison d'un accroissement démographique important.
- Les données antérieures à 1999 ne peuvent pas être désagrégées
Seules sont disponibles les publications "papier" officielles, sur les recensements de 1962, 1969, 1979 et 1989. Des analyses complémentaires sur les migrations ne sont donc pas envisageables (pour l’instant ?).
- L'absence d'information sur une "grande" maille, la réserve forestière.
Cette partie du district de Mt Elgon n'est pas recensée, alors que deux types de peuplement s'y côtoient : un front pionnier qui a tendance à rogner la limite officielle depuis le bas, en particulier dans certaines vallées, des images satellites en attestent, et l'existence, plus ou moins tolérée par l’administration depuis plus d'un siècle, d'une communauté qui vit dans la réserve forestière et sur les landes d'altitudes du sommet de la montagne.
- Des données non (encore) géoréférencées ?
En termes de précision spatiale, l'unité la plus fine est la zone d'énumération (ce qui est déjà assez satisfaisant).
Les deux pyramides ont la même allure et sont caractéristiques du milieu rural kenyan, où la baisse de la fécondité n'a pas été aussi forte que dans la capitale ou les grandes villes du pays.
Sur ces pyramides, on trouve à gauche, en rouge, les hommes, à droite, en bleu, les femmes. La courbe rouge représente les résultats masculins (en symétrie) de manière à faciliter la comparaison avec ceux des femmes. Différentes nuances de bleu sont utilisées pour indiquer le statut matrimonial des femmes : en clair, celles qui ont déjà été mariées, en foncé les autres.
Les habitants du district de Mt Elgon résidents à Bungoma en août 1998
Les habitants du district de Bungoma résidents au Mt Elgon en août 1998
La forme générale de ces deux pyramides montre des déplacements importants chez les adolescents célibataires (10-19 ans), qui peuvent être mis en relation à la scolarisation ou au placement. Le nombre frappant de femmes mariées de 15 à 25 ans ayant déménagé de Mt Elgon à Bungoma entre 1998 et 1999 atteste de migrations de mariage importantes dans ce sens là. Le déplacement inverse (femmes de Bungoma qui sont mariées et vivent au Mt Elgon) semble bien moins fréquent.
La location(Emia, 13039 habitants):
La sub-location
(Emia, 4033 habitants):
La zone d'énumération (zone 4 de Emia sub-location, 280 habitants):