Atelier Mobilité et Résidence, 16 & 17 novembre 2004, Nogent-Sur-Marne


Atelier de travail des 16 et 17 novembre 2004

 

Proposé par Françoise Dureau (Migrinter, U. Poitiers) et Valérie Golaz (INED)

 

La résidence, lieu où l’on dort, est collectée dans la plupart des enquêtes démographiques et des recensements comme un lieu unique. Les analyses font ensuite souvent l’amalgame entre les caractéristiques de ce lieu et des caractéristiques sociales individuelles. Ainsi le caractère rural ou urbain du lieu de résidence, les conditions matérielles que l’individu y trouve, etc., sont souvent utilisés comme variables explicatives de son comportement. Ce raccourci parfois abusif nous pousse à repenser le rattachement d’un individu à l’espace dans lequel il vit.

Selon l’échelle d’observation utilisée, différentes configurations résidentielles apparaissent. Si la stabilité résidentielle est encore de mise dans certaines zones de production agricole du Sud comme du Nord, par exemple chez les propriétaires fonciers actifs de l’agriculture, le développement des marchés et des moyens de transport et de communication entraînent une croissance importante de la mobilité et des déplacements humains. Un individu peut ainsi partager sa vie entre deux écosystèmes différents. Des commerçants font des aller–retour hebdomadaires entre la capitale et les petites villes, revendant dans chaque lieu ce qu’ils ont rapporté de l’autre. Des salariés des entreprises urbaines investissent dans le foncier en milieu rural et y passent leur temps libre.  

Ces quelques exemples nous montrent que pour certaines catégories de population, le rattachement d’un individu à un lieu unique, et l’attribution des caractéristiques de ce lieu à l’individu, sont abusifs. En particulier le peuplement urbain ne peut se comprendre sans considérer les liens qui unissent la ville, ses marges et le reste d’un pays, par la mobilité de sa population. S’intéresser à l’évolution du peuplement des grandes villes, par exemple, suppose de prendre en compte la mobilité des individus qui les constituent, et de mettre en relation cette mobilité avec les lieux sur lesquels elle s’appuie. Que ce soit au sein de la ville (en particulier dans le cas des métropoles), ou entre la ville et le reste du monde, les trajectoires individuelles sont complexes, et selon l’échelle d’observation utilisée, les espaces s’imbriquent et s’articulent de manière variable. Nous proposons donc une première table-ronde autour de la mise en système des lieux de résidence (A) qui pose les jalons d’une réflexion méthodologique sur la caractérisation des individus par ces lieux (B).

 


A.      Des lieux de résidence mis en système


La question de la multiplicité des lieux de résidence relève de deux échelles temporelles complémentaires.  

1.      Trajectoires résidentielles


Si l’on considère la trajectoire résidentielle d’un individu depuis sa naissance, la précision de l’observation est nécessairement limitée aux lieux de résidence les plus fréquentés, du fait des problèmes de collecte et de mémoire. Malgré cette limite, différents lieux peuvent être relevés, qui, même s’ils ne sont plus cités comme lieux de résidence à certains moments de la vie, demeurent des lieux de passage si ce n’est de référence, en raison de leur valeur symbolique ou affective.  

2.      La pluri-résidentialité des populations


Si l’on travaille maintenant avec une profondeur temporelle plus courte, de l’ordre de l’année, la précision du recueil peut être plus fine : les changements résidentiels saisonniers, hebdomadaires ou même irréguliers apparaissent, trahissant une partie de la complexité de la mobilité humaine.

 

 B.      La caractérisation socio-spatiale des individus

Cette réflexion sur la multiplicité des lieux de résidence à différentes échelles temporelles nous amène à questionner la mesure du rattachement de l’individu aux lieux où il réside d’une part, et à questionner la validité de l’assimilation des caractéristiques de ces lieux à l’individu qui y réside d’autre part. La multiplicité potentielle des lieux de résidence peut être appréhendée par la notion de système résidentiel, qui permet d’aller au-delà du rattachement à un lieu unique, et de quantifier l’importance relative de chaque lieu « de résidence » pour l’individu.

Lorsqu’un individu se rattache à plusieurs lieux dont les caractéristiques spatiales ou sociales sont différentes, il ne rentre plus dans les catégories classiques : ni rural, ni urbain, il peut avoir un statut différent dans chacun de ces lieux, être locataire dans l’un, propriétaire dans l’autre, etc. Comment intégrer cette complexité dans la caractérisation des individus ? et inversement, comment caractériser des lieux dont les habitants présentent une variété de comportements, tant du point de vue résidentiel que de celui de l’activité ?