2 - le poids du Sida dans la mortalité infanto-juvénile en afrique subsaharienne

Benoît Ferry
(IRD-CEPED, Paris)

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Cette présentation a pour objectif de montrer, à partir de la grande diversité des épidémies de VIH/Sida en Afrique, leur faible impact sur la mortalité infanto-juvénile, à l’exception des zones les plus touchées rencontrées en Afrique Australe.

Il apparaît en effet que les niveaux de prévalence du VIH varient grandement en Afrique, de moins de 1% au Sénégal et en Afrique de l’Ouest à plus de 35% au Botswana. L’Afrique Australe semble la plus touchée par le VIH/Sida.

Bien que l’Afrique compte environ 64% des personnes séropositives dans le monde (figure 1), le Sida n’y représenterait que 7% des causes de décès des enfants de moins de 5 ans (figure 2), avec toute l’incertitude subsistante sur l’attribution des causes de décès chez les enfants.

Les jeunes enfants sont principalement infectés par leur mère séropositive. En effet une femme séropositive transmettra le VIH dans 25 à 30% des cas à son enfant pendant la grossesse, au cours de l’accouchement ou par l’allaitement. 75% de ces enfants survivent à 1 an et environ 40% à 5 ans. On constate que tant que la prévalence du VIH reste inférieure à 5%, son effet sur la mortalité infanto-juvénile est faible. Par contre en Afrique Australe, où les prévalences sont plus élevées, on peut déjà mesurer un effet sensible du Sida sur la mortalité infanto-juvénile : plus de la moitié des décès lui sont attribués ; au Zimbabwe ou au Botswana cette mortalité a été multipliée par 3 à cause du Sida (figure 3).

L’impact de telles mortalités des jeunes enfants est déjà très fort sur les espérances de vie (à la naissance) des pays les plus touchés, où l’on peut constater des reculs de plus de 20 ans, alors que l’espérance de vie continue de progresser dans les pays les moins affectés par le Sida (figure 4).

On ne peut s’intéresser à la mortalité infanto-juvénile sans s’inquiéter de la morbidité des jeunes enfants, qu’ils soient séronégatifs (moins de soins de la mère séropositive, risque de devenir orphelin) ou qu’ils soient séropositifs (immunodéficience et risque de décès, s’ajoutant aux risques déjà cités).

On ne résoudra le problème de la morbidité et de la mortalité infanto-juvénile dans les pays infectés par le VIH/Sida que par la prévention de la transmission mère-enfant. Or ces mesures de prévention ne représentent aujourd’hui que 5% des besoins dans les pays les plus infectés. Il faut donc développer la prévention primaire et la planification familiale, le conseil, le dépistage, le traitement de la mère et de l’enfant, la prise en charge, le soutien et l’alimentation du nourrisson. Il est également important de procurer les soins aux enfants séropositifs notamment pour le traitement des maladies opportunistes, les traitements antirétroviraux, et la prise en charge des orphelins.

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