CONSTATS


La mobilité humaine est sans doute un des phénomènes les plus difficiles à saisir de manière rigoureuse, elle est d'autant plus complexe, qu'elle s'inscrit dans l'ensemble des rapports interpersonnels, économiques, culturelles, linguistiques, politiques,... Sa genèse et sa logique de fonctionnement résident dans la structure des relations au niveau mondial. De ce fait, les migrations internationales, occupent une place centrale dans le système global d'échanges et, avec elles, l'ensemble de problèmes et de conflits socio-économico-politiques qui secouent notre planète. Au-delà de la "mondialisation" de l'économie, nous assistons à la transnationalisation des espaces sociaux, au décentrement des objectifs visés de même qu' à une translation spatio-affective, avec l'émergence accrue de l'appartenance "Identitaire". Ainsi par exemple, les communications et les échanges avec le Maroc sont loin de s'affaiblir et trouvent même dans la mondialisation des processus économiques et dans la construction de l'espace européen, l'occasion d'un certain renforcement des liens avec l'espace d'origine en particulier et avec le Maroc en général.

A l'orée du troisième millénaire, les migrations ne sont plus seulement le résultat de la division entre riches et pauvres, elles sont aussi l'incarnation inévitable de l'interdépendance croissante des nations, des Etats, des économies, tout autant que des métissages culturels. L'émigration marocaine se restructurant en fonction des contraintes exogènes, elle fonctionne de ce fait comme un véritable système migratoire; phénomène à l'origine éminemment temporaire ; débouchant aujourd'hui sur la formation de communautés ethniques, installées et pour bon nombre stabilisées. On parle même de minorités, voire de "diaspora" à propos des deux millions et demi de marocains vivant à l'étranger. Or la force de cette population tient à sa capacité d'organisation, de structuration, à sa richesse culturelle et à son attachement au Maroc, qui se manifeste essentiellement par les transferts monétaires, les retours en vacances, l'acquisition de logement et les craintes pour le devenir de leurs enfants dans le pays d'accueil.


POURQUOI UN OBSERVATOIRE REGIONAL ?


Alors qu'aujourd'hui la recherche sur les migrations et les relations ethniques, enjeu prioritaire pour la société européenne, s'inscrit progressivement dans une dynamique communautaire via des études d'ensemble, des recherches comparatives et la mise en place d'outils et de réseaux européens ; l'accès à l'information sur ce sujet au Maroc, est souvent malaisé au niveau national et constitue un vrai jeu de piste au niveau local. Cette défaillance est plus flagrante dans la Région Souss-Massa-Daraâ, qui malgré l'épaisseur historique de son mouvement migratoire, l'ampleur de ses effets et son impact sur les mutations en cours. Toutes choses qui favorisent une dynamique de recherches et d'initiatives socio-économiques, qu'il faudrait accompagner et soutenir en mettant en place des structures d'observation et de suivi. Car il s'agit non seulement de favoriser la création des espaces de rapprochements et d'échanges pour les émigrés qui se veulent un trait d'union entre deux mondes qu'ils connaissent et qu'ils revendiquent, mais aussi de promouvoir des activités scientifiques interdisciplinaires - programmes de recherche, colloques, cycles de conférences, contrats - qui permettent aux chercheurs de toutes disciplines de se rencontrer, de collaborer et de faire émerger de nouveaux thèmes d'études en relations avec ce sujet.

C'est dans cet objectif que fut crée en 1996 au sein de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l'Université Ibn Zohr d'Agadir, l'Observatoire Régional des Migrations Espaces et Sociétés (l'O.R.M.E.S). Conçu principalement comme un Forum d'études, de recherches, de formations, d'informations et d'animations au service de la communauté scientifique, des émigrés et des décideurs. Il assure le suivi de l'évolution du mouvement migratoire, à un moment ou le caractère labile, transitoire et réversible de l'émigration est remis en cause. La connaissance au niveau de ces dynamiques, de leurs déterminants, de leurs fonctionnements, de leurs trajectoires internes et de leurs implications tant dans les espaces et sociétés d'accueil que dans les régions et pays d'origine nécessite d'être développée à travers une approche pluridisciplinaire. L'observatoire intervient ainsi essentiellement (mais pas exclusivement) dans le Sud-Marocain en proposant des actions ponctuelles pour aider les décideurs tant publics que privés et le milieu associatif à entreprendre la réalisation de projets socio-économiques concrets.


LES OBJECTIFS DE OBSERVATOIRE REGIONAL


Partant du principe que la question migratoire est plurielle et touche tous les champs disciplinaires des sciences de l'homme et de la société, aussi, nous avons opté dès le départ pour une approche pluridisciplinaire (géographes, urbanistes, sociologue, linguistes, etc..) et à une ouverture grandissante sur d'autres laboratoires, au Sud comme au Nord. Notre objectif étant de répondre à un besoin très actuel qui à faire connaître et valoriser le rôle des émigrés dans les mutations socio économiques en cours. Mais aussi à suivre l'évolution de la migration, ses effets sur la société, l'économie, l'espace national et régional. A répondre à l'attente tant des émigrés que des milieux économiques et du monde associatif, par l'écoute, l'observation, l'analyse et l'information. A développer, seul ou en liaison avec les milieux universitaires et le monde associatif, des activités de recherche pour aider au désenclavement des spécialistes de ce domaine, favoriser la coopération, permettre aux jeunes chercheurs de s'exprimer en mettant à leur disposition un fonds documentaire et une banque de données. A renforcer également la coopération entre chercheurs par l'organisation de rencontres scientifiques. Analyser comment se constituent et évoluent les correspondances et les discordances entre l'espace des interactions locales, celui du national, et l'autre dit "transnationalisé" et voir par conséquent, comment s'articulent et se tissent les réseaux identitaires des M.R.E. Assurer une meilleure connaissance du mouvement migratoire marocain, en valorisant ce patrimoine sous forme d'expositions et d'éditions. C'est en bref, tout à la fois un espace de formations, d'informations, d'animations et de suivi des migrations et de leurs effets.


LES ACTIVITES MENEES


Depuis sa création il a permis de donner une impulsion décisive à l'implication des émigrés dans la vie socio-économico-culturelle de leur région. De même par une politique de préparation de dossiers en concertation avec les services concernés, il contribue à ce que les entrepreneurs émigrés hésitent moins, désormais, à investir dans la région. Les incompréhensions et les méfiances étant souvent le fruit d'une méconnaissance mutuelle et d'un manque de temps, par une politique d'aide et d'orientation, il favorise le rapprochement et la proximité. A travers des activités ciblées, il renforce les liens entre les enfants des émigrés et la région et favorise ainsi la solidarité. Il permet d'établir une communication et des échanges interculturels pour mieux faire connaître la région auprès des émigrés. Par la réalisation d'études adéquates, il tente de faciliter la prise de décision. Il se donne aussi pour mission de suivre l'évolution migratoire et de constituer une banque de données, au service des décideurs et des chercheurs. Seul ou en collaboration avec d'autres organismes, il organise des activités de recherches scientifiques, pour promouvoir et/ou approfondir la réflexion sur les différents problèmes de population. Il instaure un travail de partenariat avec les organismes, les collectivités territoriales et les associations qui s'intéressent au problème des liens entre population et développement. Qui plus est il tente de favoriser la communication sur ce thème en mettant en valeur les actions et les réalisations de la région dans ce domaine. Former " à " et " par " la recherche ce, en accueillant les étudiants marocains et étrangers en sciences humaines, en mettant à leur disposition une documentation de recherche et des équipements informatique, en organisant pour ce faire des séminaires de réflexion et de formation. La constitution concertée d'une base documentaire sur les migrations, relayée par un Bulletin d'information annuel (en préparation) devrait permettre de dresser un bilan des actions, des travaux reçus ou en cours des activités. Pouvant de ce fait servir de forum aux débats engagés sur les questions migratoires. On citera entre autres actions toutes aussi importantes la contribution à la création d'un réseau national de recherches sur l

Pour mener à bien ses actions, l'ORMES a collaboré et/ou passé un certain nombre de conventions et d'accords de coopérations avec des organismes et des établissements nationaux et internationaux notamment, avec le Ministère des Droits de l'homme (Rabat), le Secrétariat d'Etat à la lutte contre l'analphabétisme (Rabat), le Conseil Régional de la région Souss Massa Daraa, l'IFA d'Agadir, le Centre Jacques Bercques (Rabat), l'Association de la Banque Populaire pour l'Education et la Culture, le Comité Mixte Inter-universitaire Franco-Marocain, l'équipe Migrinter (mshm de Poitiers), l'IRMC de Tunis, ICOTEM (Université de Poitiers), le CEDET (Paris VII), la Direction de l'Aménagement du Territoire, SPEED (Université catholique de Louvain), l'équipe Mobilités, Intinéraire et Territoire (Université de Paris VII), l'Association Génériques (Paris), l'Association Passerelles (Thionville), le GRAPPE (Université de Rennes II), le Cidim (Marseille), Espace Mémorial de l'Immigration Marocaine 'l'Emim' (Bruxelles 2004), U.L.B (Bruxelles), INTER-POP (Paris), CEPED-IRD (Paris), LPE-IRD (Marseille), Conseil de l'Europe (Strasbourg), SYFACT (Sfax -Tunisie), l'AREMAM (Rabat), la Chaire de l'UNESCO (Casablanca), le CEMMM (Oujda), le Comité Mixte Maroco-Tunisien, l'Université de la Coruna (Espagne), le CREAD (Algérie) etc…



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