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Sur les traces de la vieillesse marocaine d’aujourd’hui

Isabelle JACQUET, Membre de la Chaire Unesco « La femme et ses droits », au Maroc, Belgique

Le présent article reprend plusieurs extraits de notre ouvrage : « La vieillesse dans la société marocaine. Récits de vie et portraits » Éditions Acadamia Bruylant, Louvain-La-Neuve, Belgique- 2009. En parallèle avec les travaux des statisticiens et des démographes qui étudient l’état du vieillissement actuel et futur de la population marocaine, nous nous proposons d’apporter des données sociologiques sur la population des vieux et des veilles dans la société marocaine d’aujourd’hui.

CARACTÉRISTIQUES COMMUNES ET DIFFERENCIÉES

Préalable : Une approche selon le genre

Les théories du genre et les études féministes soulignent que la masculinité et la féminité se construisent de façon spécifique. Quel que soit le sujet d’études, il s’impose donc de considérer que les réalités sont vécues de façon différente selon que l’on est homme ou femme . Au Maroc, dans le cadre d’une recherche sur le vieillissement, la première observation démontre la pertinence de cette indication méthodologique. On ne peut pas parler de la vieillesse au Maroc sans faire la distinction entre la vieillesse des femmes et la vieillesse des hommes La vieille femme est une « femme », ce qui implique une position, un statut et des rôles spécifiques qui ont peu de points communs avec la position, le statut et les rôles de l’homme et du vieil homme. Les hommes et les femmes adultes ont des rôles et des attitudes nettement différenciés. Zakia Daoud parle du modèle traditionnel patriarcal « fondé sur une hiérarchie verticale Homme/Femme, et une ségrégation horizontale : Femmes dedans/ Hommes dehors » . L’âge arrivant, la distance demeure. Les vieilles femmes ont leur monde et les vieux hommes ont le leur.

A. Caractéristiques communes

Nés en 1935 ou avant cette date, les vieux et les vieilles dont nous tentons d’évoquer le portrait ont eu 65 ans ou plus en l’an 2000. Pour la majorité, ces gens sont nés dans un village où les conditions de vie étaient rudes : il fallait être résistant et bien constitué pour dépasser l’enfance et atteindre l’âge adulte. C’est une caractéristique qu’il faut d’emblée souligner : ces vieilles et ces vieux font partie d’une cohorte d’individus dont beaucoup sont morts durant leurs premières années d’existence. Il faut relever leur bonne constitution physique de départ qui leur a permis d’atteindre 65 ans.

Ils et elles sont, sauf exception, né-e-s dans des familles de plus de 7 enfants où les personnes âgées de plus de 65 ans étaient rares. Les estimations démographiques, les plus anciennes dont on dispose celles de 1950-55 indiquent une espérance de vie à la naissance inférieure à 42 ans [1].

Ceci n’exclut pas que dans les souvenirs qu’ils et elles égrènent, certain-e-s informants et informantes se souviennent de grands vieillards et de très vieilles femmes.

Leur logement a été l’habitat familial regroupant toutes les générations en vie du groupe familial.

Cette génération, majoritairement originaire des campagnes est aussi celle de la première vague de l’exode rural qui a suivi le Protectorat (1956). Ils/Elles avaient alors 20 ans.

B. Caractéristiques différenciées

1. L’enfance et l’âge adulte

a) Éducation

Ils/Elles ont reçu une éducation rigoureuse où l’autorité de l’adulte et surtout celle du père était sacrée. Dans « Le passé-simple » [2], un roman paru en 1954, Driss Chraïbi, né en 1926, a brossé le portrait de l’archétype du père « potentat tyrannique » de l’époque. Sans atteindre les excès décrits dans cet ouvrage, il est certain que l’éducation reçue était sévère et très marquée par le respect de la religion et des traditions. Pour les filles, dès qu’elles approchaient de la puberté, la surveillance se renforçait et tout le groupe familial veillait jalousement à ce qu’elles conservent leur « honneur », considéré comme celui de l’ensemble du groupe. La virginité des filles et leur pudeur étaient la marque de l’honorabilité de tous et de toutes.

b) Instruction

Les garçons

Petits garçons, ils sont allés à l’école coranique et ils ont appris des passages du Coran« par cœur » et « à la dure » En témoigne le « célèbre » propos du père de famille amenant son enfant chez le fqih (le maître) et lui donnant tout pouvoir de le battre : « Tu l’écorches et moi je le tue ! » ou « Tue-le, je l’enterre ». C’est une phrase que tou-te-s les informant-e-s connaissent et répètent quand ils et elles s’expriment sur les écoles coraniques dont leur ont parlé leurs pères et grands pères. Ces méthodes pédagogiques ont continué longtemps à marquer l’attitude des maîtres d’école vis-à-vis des garçons dont ils avaient la charge et qui ont, de ce fait, été instruits « à la dure ».

En ce qui concerne l’école « laïque », moins d’un enfant sur quatre a eu l’occasion de la fréquenter. Ce groupe d’âge a été scolarisé à 25% dans les villes, à 15% dans les campagnes. (Source Recensement 82, 94 et 2004). Leurs enseignants au cycle primaire (1941-1947) et au cycle secondaire (1948-1954) étaient majoritairement français. Ils sont d’ailleurs les derniers à avoir connu cette situation. La génération qui les a suivis a connu des instituteurs venus d’Algérie et des instituteurs marocains. La plupart des garçons ont donc été éduqués par le travail. Ils ont été mis très jeunes à contribution pour aider dans l’exploitation familiale (commerce, agriculture, artisanat). Leur travail était nécessaire et même lorsqu’il ne l’était pas, les adultes le considéraient comme un mode d’éducation.

Les filles

Les filles n’ont reçu aucune instruction scolaire que celle-ci soit religieuse ou laïque. Cette génération est analphabète à 99 % [3]. Leur « école » fut la maison et les tâches ménagères. Elles ont été formées par le travail et au travail. La fille paresseuse était impitoyablement et constamment pourchassée [4]. L’idéal poursuivi par les parents et tous les adultes du groupe familial était d’avoir des filles courageuses, dures à la tâche et vertueuses.

Elles n’ont pas eu, comme leurs frères, accès à l’école coranique (msida). Quelques petites citadines ont eu accès à une Dar fqira (maison de la maîtresse du Coran) sorte d’école coranique des fillettes pour y apprendre quelques sourates et à faire leur prière. Les autres vieilles femmes d’aujourd’hui connaissent quelques sourates du Coran apprises d’oreille et qu’elles récitent péniblement.

c) Relation homme/femme- Images respectives

À l’intérieur des familles et dans la société, Ils/Elles ont connu et vécu des rapports entre homme et femme très codifiés. Les femmes avaient leur domaine, « la maison », les hommes le leur et les deux mondes ne se mélangeaient pas. Le destin était clairement tracé selon que l’on fût un homme ou une femme et la règle ne souffrait pas d’exception.

Les garçons

L’image de la femme qu’ils ont connue et qu’on leur a inculquée est celle d’un être dépendant dont il faut prendre soin et qui, en retour, doit les servir. Ils ont noué des relations matrimoniales et ont fondé des foyers avec des femmes toujours plus jeunes qu’on a souvent choisies pour eux. L’idée d’une relation égalitaire était hors contexte et non imaginable. Ils ont vécu dans leur ménage en étant polygames, ou avec la perspective de la polygamie. Cela signifie qu’ils pouvaient à loisir répudier leur femme et prendre une nouvelle épouse. Le code de la famille de 1957 le leur permettait. Ce n’est qu’en 1993 (ils avaient déjà 58 ans) que, suite à un remaniement de la loi, la première épouse doit donner son accord au second mariage de son époux.

Les filles

L’image de l’homme qu’elles ont connue et qu’on leur a inculquée est celle d’un être protecteur et dominant qu’il faut servir. Depuis leur enfance et jusqu’à la puberté, ces femmes ont été dépendantes de l’autorité paternelle. Elles ont été éduquées dans la perspective du mariage et de la maternité. Mariées très jeunes (15-16 ans) sans leur consentement, elles sont passées de la tutelle d’un père ou d’un frère à celle d’un époux qui avait tous les pouvoir sur elles

d) Répartition des rôles et du pouvoir

Les femmes

Dans la répartition des rôles sociaux décrite par Caroline Moser [5], les femmes ont été strictement cantonnées au rôle reproductif et au rôle social, quand celui-ci était limité au milieu familial. Les femmes n’ont fait aucune incursion dans le domaine économique. Dans les cas où l’énergie [6] déployée était productrice de biens non directement consommés par la famille, autrement dit de biens commercialisables, le bénéfice de la vente leur échappait totalement.

Cela signifie que tout leur temps a été consacré aux soins à assurer de façon à permettre la vie du groupe familial. C’est en tant que mère, et plus encore en tant que mère d’enfant mâle, qu’elles ont été reconnues.

Formées à s’occuper des tâches ménagères et, dans les campagnes, à se mettre au service des cultivateurs du groupe familial, elles n’ont jamais possédé de biens propres. Elles ont, du point de vue économique, tout attendu du bon vouloir et de la bienveillance d’un homme détenteur du pouvoir et de l’argent (le père, le mari, le frère, le beau-frère en cas de veuvage). En ce qui concerne l’exercice du pouvoir à l’intérieur des foyers, il y a lieu de nuancer : par voie détournée et dans l’ombre, certaines femmes ont réussi à imposer une certaine part d’autorité mais publiquement et en dehors de l’intimité, elles devaient montrer obéissance et obédience aux hommes de la famille.

Les hommes

Dans la répartition des rôles, ils ont été formés pour remplir le rôle économique et social tant dans l’espace public qu’à l’intérieur du cadre familial [7] où ils étaient les responsables et prenaient toutes les décisions importantes. Cette autorité était tardive pour ceux qui sont restés dans les villages où la tutelle du père détenteur de la terre et des moyens de production a pesé sur eux, sur leur(s) couple(s) et sur leurs enfants jusqu’à la mort de l’aïeul. Agents de l’extérieur, ils ont vécu, « en première ligne », l’évolution de la société et reçu « de plein fouet » tous les coups qui ont ébranlé et parfois démoli leurs convictions et les attitudes qu’ils avaient apprises de leur père et le plus souvent « à la dure ».

L’autorité leur était dévolue et ils ont eu à prendre des décisions sans pouvoir se référer à un modèle. Pour ne citer qu’un exemple, c’est à eux seuls qu’est revenue, en dernière instance, la responsabilité d’aiguiller leurs garçons vers le système scolaire ou de les garder auprès d’eux pour les former eux-mêmes avec les méthodes qu’ils connaissaient.

2. La vieillesse

a) L’entrée dans la vieillesse- La dépendance- Le veuvage

En ces matières, il faut d’emblée souligner la grande différence entre les hommes et les femmes. Le veuvage qui est vécu très différemment selon le sexe. Les vieilles femmes sont en majorité des veuves. Les vieux hommes sont mariés. Il y a au moins six fois plus de veuves que de veufs au Maroc [8]. Ce fait s’explique de différentes façons.

La différence d’âge au mariage

Au moment où ces femmes ont atteint l’âge du mariage [9], les accords conjugaux, qui rappelons-le se concluaient sans l’avis des époux [10], unissaient toujours un homme plus âgé à une femme plus jeune. Une différence de 20 à 30 ans entre les époux n’était pas du tout exceptionnelle.

La différence de longévité

Bien qu’elle ait peu bénéficié des progrès de l’obstétrique, la génération de femmes concernée ici a, malgré tout, été moins décimée par la mortalité maternelle que les générations précédentes. Ces femmes ont survécu aux aléas de leur période productive (de 15 à 45 ans, soit de 1950 à 1980). De plus, au cours de ces trente dernières années, la longévité progresse et leur est favorable.

Le remariage des vieux

Le remariage est une pratique qui explique très largement pourquoi la grande majorité des vieilles sont veuves alors qu’il y a peu de vieux veufs. L’habitude voulait, et veut encore, qu’au décès de leur femme, les hommes se remarient rapidement avec des jeunes femmes et ce, jusqu’à des âges très avancés. Pourvu qu’il ait un peu de bien ou des enfants qui ne soient pas dans la misère, un homme, même d’un âge très avancé, trouve facilement une jeune femme à épouser.

Le veuvage pour les femmes est vécu tout différemment. La veuve, à moins qu’elle ne soit très jeune (moins de 33 ans pour reprendre l’estimation de Guessous [11]), perd toute valeur sur le marché matrimonial. La veuve doit « garder l’honneur » et ne peut prétendre à un remariage. Elle doit adopter un maintien modeste et renoncer à toute tentative de séduction.

La dépendance physique aujourd’hui et demain

Cette situation très déséquilibrée explique que les vieux d’aujourd’hui ne posent, en général, pas de problèmes de dépendance physique à leurs enfants. Ils ont, à leurs côtés, une femme plus jeune et plus vaillante pour les aider et au besoin pour les soigner et veiller sur eux.

En revanche, les vieilles femmes impotentes et dépendantes sont à charge de leurs filles ou de leurs belles-filles ou encore plus généralement des femmes de leur famille. Cette situation va s’amplifier avec les progrès de la longévité. Il faudra assurer les soins quotidiens de plus en plus longtemps pour un nombre de vieilles de plus en plus important. Aujourd’hui, les femmes ayant une activité professionnelle qui les retient longtemps hors de leur foyer [12] ont encore le plus souvent la possibilité d’héberger à demeure une bonne ou une femme de leur famille qui assure ces soins. A long terme, la situation risque de devenir moins gérable.

b) Le logement

Les hommes

Les vieux qui ont du bien, notamment une maison, restent chez eux jusqu’à la fin de leur vie. C’est une règle qui ne souffre pas d’exception. Actuellement, suite aux mauvaises conditions de travail et au chômage, le vieux doit souvent partager son logement avec les générations qui le suivent. Mais il vit « chez lui » et tant qu’il conserve ses facultés intellectuelles, il garde la préséance.

Dans les cas où le vieux ne peut subvenir à ses besoins, le plus souvent, les enfants se cotisent pour lui permettre de rester avec sa femme ou ses femmes dans la maison ou l’appartement qu’il occupe.

Les femmes

La situation est diamétralement opposée pour la femme qui, une fois veuve, ne peut rester seule dans la maison ou l’appartement qu’elle occupait lorsqu’elle était mariée. Le seul cas où elle peut conserver ce logement est celui où elle a des enfants célibataires vivant avec elle. Sinon, elle est tenue de déménager et de s’installer chez un de ses enfants.

La condition de la veuve est soumise à l’usage et aux mœurs : il n’est pas imaginable qu’une femme vive seule.

À son veuvage, la mère, qu’elle soit vieille ou pas, change obligatoirement de statut social et de logement. « Le veuvage peut faire basculer la vie de la femme âgée [13]. » Même chez les personnes ayant du bien, cette règle s’applique presque toujours. Au décès de l’époux, il est extrêmement rare qu’une femme puisse continuer à vivre dans sa maison et avec le même train de vie que du vivant de son mari. La première raison est que suivant les règles d’héritage, une veuve hérite du huitième [14] des biens de son époux. On comprend donc qu’il ne lui reste pas assez pour subvenir seule à ses besoins et pour mener la même vie qu’auparavant. La nouvelle Moudawana (2004) n’a pas modifié cette situation.

Les maisons de retraites

Tant pour les hommes que pour les femmes, le placement en maison de retraite est rare.

En 2005, il y avait au Maroc une population de 2.500 individus âgés hébergés dans des « maisons de vieillesse ». C’est un chiffre qu’il faut mettre en parallèle avec les 8% de la population des plus de 60 ans soit 2,38 millions d’individus sur un total de 30 millions. (Chiffres du recensement 2004)

Nous avons dénombré 6 « maisons de vieillesse » indépendantes à Marrakech, Safi, El-Jadida, Kénitra, Fès et Oujda et 44 « maisons de vieillesse intégrées » [15] dans des « maisons de bienfaisance » (voir Annexe 2). Chaque maison de vieillesse héberge en moyenne 50 pensionnaires. L’entrée à la maison de vieillesse se fait sur demande. Les demandes émanent des personnes âgées elles-mêmes, de familles qui n’ont pas les moyens de prendre un parent en charge, d’autorités communales qui veulent apporter une solution aux problèmes publics liés à la mendicité de vieux et de vieilles sans abri et sans ressources. Les responsables de la maison de vieillesse procèdent à une enquête de voisinage par l’intermédiaire d’une assistante sociale de l’Association musulmane de Bienfaisance (AMB) locale. Deux membres du bureau de l’AMB et le directeur de la maison de vieillesse prennent ensuite connaissance de son rapport et décident de répondre à la demande d’hébergement ou de la refuser.

c) La situation économique

Les femmes

Aujourd’hui encore, presque partout dans le monde, la situation économique de la femme est encore très liée à celle de son père, de son époux ou de son frère, bref des hommes ou de l’homme dont elle « dépend ». Le Maroc ne fait pas exception.

Le niveau de vie de la femme marocaine dépend de celui de son mari et, après son veuvage, le niveau de vie de la vieille femme dépend du niveau de vie et de richesse de ses enfants. Au Maroc, la position de dépendance constituant la norme pour les femmes, elles ne changent donc pas de statut économique à l’heure de la vieillesse. Dans l’ensemble, les vieilles trouvent normal que leurs enfants les entretiennent et ne se plaignent aucunement de cette situation Il y a, pour elles, continuité d’un statut économique. Les hommes âgés, en revanche, souffrent énormément quand ils sont démunis et doivent dépendre de leurs enfants.

Lorsqu’une vieille femme déplore le manque d’argent, on peut d’emblée supposer qu’elle se réfère à la pauvreté du groupe familial, pas à sa pauvreté personnelle. Dans leur vie d’adulte, les vieilles d’aujourd’hui n’ont pas eu accès à l’avoir, à l’économique, à l’argent. Elles ont toujours été financièrement dépendantes. Il est donc tout à fait logique que la situation économique des vieilles soit l’indigence.et la dépendance.

Il faut signaler que l’immigration a quelque peu changé la donne. Les immigrés (les MRE [16]) envoient de l’argent à leurs mères et celles-ci se trouvent parfois munies de sommes qu’elles n’ont jamais eu l’habitude de gérer. Ainsi donc, il arrive fréquemment qu’une belle-fille restée au pays avec les enfants soit dépendante financièrement de sa belle-mère. Dans ce cas aussi, l’argent des immigrés change les normes, bouleverse le quotidien et est souvent source de conflit.

Les hommes

En comparaison, la situation économique des vieux hommes qui n’ont pas accumulé une fortune personnelle durant leur vie adulte, est beaucoup plus lourde à supporter. Le vieux est un « homme », il est donc « dehors » et il a besoin d’argent pour se déplacer dans l’espace public, se payer un café à une terrasse et en offrir un à ses amis. Sans argent, il est honteux. L’indigence et la dépendance financière vis-à-vis des enfants lui sont une souffrance, un coup grave porté à son honneur qui le fait littéralement vieillir. Les hommes riches, eux, vieillissent beaucoup moins vite. Ils restent jeunes et considérés comme jeunes beaucoup plus longtemps.

La perte d’autonomie financière est d’autant plus difficile à supporter que les vieux hommes gardent en mémoire le modèle de leur propre père : un homme qui jusqu’à son dernier souffle est resté le détenteur unique et incontesté de l’autorité patriarcale, le pourvoyeur des moyens d’existence, un homme qui tenait les cordons de la bourse et décidait en dernier recours des destinées des membres du groupe familial.Ce statut n’est plus le leur, loin s’en faut.

d) Ménopause et Andropause

L’andropause et la ménopause sont encore, en général et sous toutes les latitudes des sujets difficiles, un peu « honteux ». Ces changements hormonaux sont le signe de l’avancée en âge, ils rapprochent de la mort et de ce fait, ils sont cachés et niés. Cette problématique n’est sortie de l’ombre que très récemment.

Au Maroc, pour les femmes, l’entrée en vieillesse est très clairement liée au cycle hormonal. Passé l’âge de la reproduction, elles ont traversé la ménopause désignée comme « l’âge du désespoir » pour trouver une place et un statut de vieille au sein de la famille.

« L’âge du désespoir » : une expression qui en dit long… Beaucoup de ces femmes « étaient au monde », « existaient » par leur beauté considérée comme une valeur fondamentale de la féminité. La ménopause qui les enlaidit les dépossède d’une grande part de leur identité.

La littérature célèbre les beaux vieillards, leur barbe d’argent, leur chevelure de neige, la blancheur de leur vêtement, une aura de pureté qui annule les fautes passées [17]. Malheureusement, les vieilles femmes ne sont pas concernées par cette glorification de la beauté de l’âge. On ne chante pas la beauté des vieilles femmes. On met en exergue leur grand cœur, leur bonté, leur beauté morale et leurs vertus, mais physiquement, à l’encontre des vieux, elles ne sont pas « belles ».

À ce propos, l’ouvrage de Soumaya Naamane GUESSOUS « Printemps et automnes sexuels – Puberté, ménopause, andropause au Maroc » paru en 2000 est une référence unique.

L’auteur, sociologue, a réalisé une enquête auprès de 720 personnes (360 hommes et 360 femmes) répartis équitablement entre le milieu urbain et le milieu rural. Son échantillon était également déterminé selon l’âge : 1/3 de jeunes gens, 1/3 d’adultes (femmes non ménopausées, hommes non andropausés), 1/3 de personnes âgées.

Son objectif était de recueillir des informations sur le vécu des relations affectives et sexuelles aux différents âges de la vie. Les hommes ont refusé de témoigner de leurs propres expériences. L’enquête auprès des hommes se limite à un recueil d’opinions.

S.N. Guessous présente le « vécu » du processus du vieillissement. Elle approfondit le sujet et relève les nombreuses différences qui ne sont, hélas, jamais en faveur des femmes. Commençons par le début : les signes avant-coureurs du vieillissement, les premiers cheveux gris et un certain embonpoint enlaidissent la femme « à coup sûr » tandis qu’ils apportent un charme supplémentaire à l’homme.

Quant à l’âge de la vieillesse, il est très différent : hommes et femmes s’accordent à estimer que la femme vieillit déjà à partir de 33 ans tandis que l’homme n’est vieux qu’à partir de 75 ans ! En fait tout tourne autour de la notion de fécondité : les femmes ménopausées sont infécondes et donc vieilles. Les hommes, féconds « jusqu’à leur dernier souffle [18] », restent jeunes. Il n’y a, d’ailleurs, pour eux aucune limite à l’âge du mariage [19].

La grande majorité des femmes sont également de cet avis, estimant qu’un homme qui a de l’argent peut se marier même s’il est impuissant car « la puissance de sa poche remplace sa puissance sexuelle ».L’épouse plus jeune est sensée soigner son vieux mari mais également lui procurer du plaisir et de la force. « La jeune femme donne la vie, la vieille la consume » dit le dicton.

Le statut matrimonial et le pouvoir de séduction des vieilles est dramatiquement autre. La différence de traitement et d’attitude est énorme. Passé 40 ans, la femme n’est plus « désirable » et ne peut prétendre à un mariage ou un remariage. Elle est sexuellement considérée comme morte et n’a de recours que la piété et l’oubli de toute sexualité. En revanche, la puissance sexuelle des hommes est réputée croître avec l’âge : 77% des citadines et 83 % des rurales en sont encore persuadées aujourd’hui. Ce constat inspire à S.N. Guessous une comptabilité des plus amères. Au Maroc, l’âge social des femmes est celui de leur féminité : il commence à la puberté et se termine quelques années plus tard avec les premières traces du déclin de la jeunesse. Pour les 360 hommes interrogés, une femme est désirable vers 15 ans et c’est vers 33 ans qu’elle cesse de plaire. « Quant à l’avis des femmes sur leurs propres limites, il n’est pas plus rassurant : elles situent l’âge où elles commencent à séduire à 16 ans et l’âge de la fin de leur séduction à 35 ans. »

LES MARQUEURS CHRONOLOGIQUES

Tout individu est constitué par son histoire personnelle et familiale qui est traversée par l’Histoire. En d’autres termes, tout individu est marqué par le contexte et par les événements historiques qui ont jalonné son existence. Nous avons choisi de nous limiter aux événements politiques et aux faits de société les plus marquants

1. L’enfance et le jeune âge [20] (1950-1960)

Les personnes âgées de 65 ans en 2010 ont vécu de 5 à 15 ans entre 1950 et 1960.

Événements politiques nationaux

Cette décennie s’ouvre sur une période de résistance active et d’insurrections causant la mort de milliers de Marocains. Le sultan rebelle est déposé et exilé.

Le 2 mars 1956, une page de l’histoire est tournée : l’indépendance est proclamée, la fierté nationale est restaurée et l’avenir semble ouvert. Mohamed V, vénéré pour sa résistance au Protectorat, est un roi extrêmement populaire. Il dévoile ses filles en public et promet l’accès à l’enseignement pour tous (garçons et filles).

La structure scolaire (qui n’a scolarisé que 11% de la population ) est profondément déstabilisée par le départ massif des enseignants français. On fait alors appel à des enseignants algériens, « les seconds Français », qui ne s’intègrent que difficilement et cette situation handicape « l’École » dans laquelle la grande majorité de la population place beaucoup d’espoir. 1959, L’Université Mohamed V est créée à Rabat. 1960, L’enseignement primaire et secondaire est arabisé.

Faits de société

Au point de vue vestimentaire, dès le début des années 50, la djellaba féminine s’impose et remplace les vêtements traditionnels comme le haïk [21]et le litham [22]. L’indépendance marque aussi le début de « l’exode rural puissant qui s’explique par le fait que quatre cinquième des Marocain-e-s vivent d’une agriculture sous productrice. [23] ». Le pays sort de la zone du franc français, la monnaie nationale devient le dirham.

La communauté juive marocaine qui ne s’était pas impliquée dans la lutte pour l’indépendance et qui avait bénéficié des faveurs de l’Etat français, notamment pour la scolarisation de ses enfants, quitte massivement le pays. Certains métiers perdent presque tous leurs artisans : les matelassiers, les orfèvres en bijouterie …

« Choc culturel : la présence sur le territoire marocain des troupes américaines qui ont débarqué en 1942 et qui s’installent (la présence américaine durera jusqu’en 1987).

La présence américaine va marquer la population des villes. Les Jeeps fascinent, les chewing gum et le Coca Cola, les films qui arrivent en masse d’outre-Atlantique sont fort appréciés. Les stocks américains, les premiers électroménagers (le réfrigérateur) se vendent dans des petits commerces parallèles à côté des campements des garnisons.

La présence américaine, c’est aussi le développement des boîtes de nuit [24], de la prostitution à grande échelle, la montée des maladies sexuellement transmissibles et l’apparition d’un nouveau lexique pornographique.

Les vieux et les vieilles d’aujourd’hui ont donc fait leurs premiers pas dans un Maroc tout neuf et en pleine effervescence. Leurs parents ont été les acteurs et les actrices de l’indépendance. Leurs parents étaient majoritairement des ruraux dont beaucoup étaient tentés par l’aventure de la ville. L’indépendance, victoire éclatante avait fait naître bien des espoirs d’une vie économique meilleure.

2. Les premiers pas dans la vie d’adulte (1960-1970)

Les personnes âgées de 65 ans en 2010 ont fait leurs premiers pas dans la vie d’adulte, de 15 à 25 ans, entre 1960 - 1970. C’est à ce moment-là qu’ils et elles ont contracté mariage et fondé une famille. Cette période, décisive a été marquée par des événements dramatiques et très lourds de conséquences pour le pays.

Événements politiques

1960 : le tremblement de terre à Agadir fait 15000 victimes et anéantit 90% de la ville côtière. (29 février)

En mai 1960, les premières élections du Maroc indépendant sont organisées. Le 26 février 1961, le décès inopiné de Mohamed V (à l’âge de 52 ans) secoue émotionnellement tout le pays. Son fils Hassan II lui succède. Une nouvelle constitution est adoptée qui confère au souverain le titre de Commandeur des Croyants (article 19).

Trois ans plus tard, c’est la Guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc autour du tracé des frontières.

En 1963, s’ouvre l’ère des complots et de la répression politique menée par le chef suprême de la sécurité, le général Oufkir. L’opposition est impitoyablement pourchassée, tous les foyers de rébellion ou suspectés tels sont « nettoyés » à coup d’emprisonnement et de relégations [25]. Ben Barka est assassiné.

En mars 1965, c’est la rue qui s’enflamme. Lycéens, parents d’élèves rapidement suivis par les chômeurs et tous les « laissés-pour-compte » de la croissance [26] font éclater l’insurrection à Casablanca. Elle sera réprimée dans le sang (1500 morts) et mènera à la proclamation de l’état d’exception (juin 65).

Lors de leur entrée dans la vie adulte, l’enthousiasme, les espoirs et l’ouverture, contexte de leur premiers pas et de leur enfance ont été sérieusement ébranlés. Les mauvaises performances économiques, la faim qui en découle, l’école qui ne tient pas ses promesses, la répression assombrissent un horizon que l’on avait rêvé serein et prospère.

3. L’âge des possibles (1970- 1980)

Les personnes âgées de 65 ans en 2010 ont eu 25 à 35 ans au cours des années 70-80. C’est à ce moment là qu’ils et elles ont tenté de s’établir et de trouver leurs voies.

Événements politiques

L’état d’exception est levé mais les complots se succèdent (Complot baâsiste -71, Complot de Skhirat -71, Coup d’état avorté -72) et la répression s’abat lourdement sur l’ensemble du pays [27]. Tribunaux d’exception, emprisonnements, disparitions, assassinats politiques (Bendjelloun en 75) Le Maroc traverse « les années de plomb ». Dans les collèges et les lycées, l’année 1970 est une année blanche. A l’université, la contestation étudiante est impitoyablement écrasée. Les étudiants et étudiantes considéré-e-s comme responsables sont relégué-e-s dans des bagnes.

Fermeture de l’institut de sociologie (70), Suspension de l’Union Nationale des Étudiants marocains (73) Suppression des cours de philosophie et de sociologie (73).

En 1973, le décret d’arabisation des Facultés des lettres amorce le mouvement de l’arabisation du supérieur. Cette année est aussi celle de l’introduction du département des Études Islamiques au sein des universités.

En 1975, la Marche Verte enflamme le nationalisme (6 novembre) et ouvre la voie à la construction du Sud marocain qui va considérablement grever le budget de l’État.

1979, ouvre la période de Driss Basri, ministre de l’Intérieur et maître d’œuvre de la répression.

Les premières minis jupes « débarquent » dans les grandes villes. La TV « noir et blanc » s’installe progressivement dans les foyers. Elle trône au milieu du salon principal où tout se passe et devient peu à peu un des éléments centraux de la vie familiale.

L’arabe égyptien est de mieux en mieux connu : c’est la langue des films et des feuilletons télévisés.

De 1970 à 1975, pour les intellectuels, la revue " Souffles" d’Abadelatif Laabi et Abraham Serfati secoue le monde arabe et le Maroc par l’expression d’une pensée de gauche.

Les problèmes de la Palestine sont au centre des préoccupations et marquent profondément le monde arabe. C’est le début de la montée de l’anti- américanisme.

La période de l’établissement et de la recherche de solutions de vie durables s’opèrent dans un contexte plombé. Les améliorations attendues et espérées sont difficiles à atteindre et pour beaucoup l’espoir et les perspectives sont ténus. Le succès du coup de force de la marche verte revigore la fierté nationale.

4. La maturité et l’établissement (1980-1990)

Les personnes âgées de 65 ans en 2010 sont entrées dans la maturité, de 35 à 45 ans, durant la décennie 1980-1990. C’est l’époque où un premier bilan est possible et où on peut augurer de l’avenir avec une certaine assurance. Au point de vue professionnel, « les jeux sont faits » et pour ceux et celles qui n’ont pas réussi à faire leur place, les espoirs d’amélioration s’amenuisent.

Événements politiques

Nouvelle période noire qui commence par la première vague de sécheresse. Elle durera 4 ans et videra partiellement les campagnes.

La dégradation économique qui s’ensuit mène aux émeutes « de la faim » - Casablanca (81) Tétouan et Nador (84) Fès, Tanger et Kenitra (84) ; elles sont, une fois de plus, réprimées dans le sang et les victimes ne seront jamais complètement dénombrées [28]. Sur le plan politique, l’association islamiste radicale « Adl wa Al Ishane » du Cheikh A. Yassine, est interdite. Le Cheikh est assigné à résidence. (89).

Faits de société

En 1980, la première réforme de l’enseignement secondaire tente d’associer formation scolaire et développement.

Les premières antennes paraboliques font leur apparition.

La voiture est définitivement présente dans l’espace urbain. Elle devient un bien de consommation qui n’est plus réservé à une élite restreinte.

La plupart des minarets sont équipés d’installations électriques. La voix du muezzin a changé.

1987 : Tahar Ben Jelloun est lauréat du prix Goncourt pour son roman « La Nuit sacrée ».

1988 : début de la construction de la Grande Mosquée Hassan II à Casablanca. (Elle sera achevée en 1993). Les travaux sont financés par un impôt obligatoire qui ternit l’image royale. Le maître d’œuvre et l’architecte sont Français. 10.000 artisans marocains apportent leur concours à cette entreprise grandiose.

1984 : Nawal El Moutawakil remporte la médaille d’or aux Olympiades (400 m haies). Elle est la première femme athlète arabe et africaine à décrocher un trophée sportif de ce type.

C’est la dégradation économique et la paupérisation des villes qui font le contexte de cette décennie. Dans les couches de la population pauvre, les vieux et les vieilles d’aujourd’hui ont été des adultes qui ont connu la faim. Dans les couches de population riche, dans « l’autre Maroc » la prospérité et même l’opulence est au rendez vous.

5. La maturité (1990-2000)

Les personnes âgées de 65 ans en 2010 ont vécu leur période de maturité, de 45 à 55, ans de 1990 à 2000.

Événements politiques

La décennie débute par une grève générale, par des émeutes à Fès, Tanger et Kenitra. (décembre 90) et est marquée par la lente montée en puissance de l’islamisme.

En février 91, une manifestation contre la Guerre du Golfe tourne à la démonstration de force, pour la première fois, la présence islamiste est massive. Les islamistes font aussi parler d’eux en créant des troubles sur les campus de Fès et de Casablanca. (janvier 1994)

Les années 90 s’achèvent avec le décès de Hassan II. Il meurt le 23 juillet 1999 à l’âge de 70 ans, peu après avoir à nouveau ouvert le jeu politique via le gouvernement d’alternance du socialiste Youssoufi.

La succession d’Hassan II est assurée par son fils qui prend le nom de Mohamed VI. Le jeune Roi révoque une partie des plus proches collaborateurs de son père. Peu avant, en 1998, plusieurs prisonniers politiques sont libérés ; certains sont indemnisés.

Novembre 99 marque l’éviction de Driss Basri (qui avait été nommé pour la première fois Ministre de l’Intérieur en mars 1979 et qui était un des principaux artisans du régime d’Hassan II).

Faits de société

1993-1994 : La population urbaine est devenue majoritaire

1993 : Parution de « Notre ami, le roi » de Gilles Perrault. La royauté est directement attaquée. Le vêtement islamique importé d’Arabie Saoudite est de plus en plus porté par les femmes. Le litham et le foulard qui couvre les cheveux, sont remplacés par le voile qui couvre aussi les oreilles, le cou et une partie du front.

1993 : Amendement du code de la famille de 1957 : la première épouse doit donner son accord au second mariage de l’époux.

1996 : Parution de « Miseria » livre de Aïcha Ech Channa. La misère des petites bonnes et des mères célibataires, deux grands "sujets tabous " deviennent publics

1999 : Aïcha Ech Channa est décorée par le Roi Mohamed VI.

1994 : La réforme universitaire est mise en chantier.

2000 : Une tentative de réforme de la condition féminine, le Plan d’intégration de la femme dans le développement, soulève les passions et conduit à deux très grandes démonstrations une à Rabat « pour », l’autre à Casablanca « contre ».

1990 : L’arrivée des chaînes de TV par satellite (les "bouquets médiatiques") Le Maroc reçoit les images du monde.

1997 : Hicham El Guerrouj remporte le championnat du monde (1.500 m)

1997 : Nezha Bidouane remporte le championnat du monde du 400m haies L’arrivée au pouvoir de Mohamed VI, le début de l’ouverture politique sont des évènements qui font renaître l’espoir de jours meilleurs.

6. Le début de la vieillesse (2000-2010).

De 55 à 65 ans, c’est le début de la vieillesse pour les individus nés en 1945.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

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BARGACH, M (2004) Le monde des retraités. Rabat, sans éditeur.

BENNOUNA, M (2002) Héros sans gloire. Paris, Paris Méditerranée.

COUPLET, X, HEUCHENNE, D (1998) Religions et Développement. Paris, Economica.

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GUESSOUS, N (1996) Au delà de toute pudeur. Casablanca, Eddif.

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MERNISSI, F (1992) La peur/modernité. Paris, Albin Michel. Ministère de la justice-Royaume du Maroc (2005) Guide Pratique du Code de la Famille. Rabat, A.D.I.J.J. (Association de diffusion de l’Information Juridique et Judiciaire,) Coll. Guides Pratiques.

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Rapports

RAPPORT NATIONAL SUR LE VIEILLISSEMENT
2ème assemblée mondiale sur le vieillissement. Madrid, avril 2002 Royaume du Maroc, Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle, du Développement Social et de la Solidarité.

RAPPORT ARABE SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN
Programme des Nations Unies pour le Développement Fonds Arabe de Développement Économique et Social 2002 : Créer des opportunités pour les générations futures. 2003 : Vers une société du savoir. 2004 : Vers la liberté dans le monde arabe. 2005 : Vers la promotion des femmes dans le monde arabe.

RAPPORT NATIONAL SUR LA POLITIQUE DE POPULATION 2006
Royaume du Maroc, Haut commissariat au Plan, Commission Supérieure de la Population CERED. Personnes âgées au Maroc : Situation et Perspectives

RAPPORT GENERAL 50 ANS DE DEVELOPPEMENT HUMAIN AU MAROC ET PERSPECTIVES POUR 2025
Royaume du Maroc

[1] AZZAMAN Saïd (1995) : Caractéristiques sociodémographiques de la population âgée urbaine. Document non publié

[2] « Le passé simple » est devenu un livre-culte auprès du lectorat francophone au Maroc. Jusqu’aujourd’hui, l’œuvre n’a pas été traduite en arabe.

[3] L’exception concerne quelques femmes de cette génération, qui ont eu des répétitrices privées et qui maîtrisent parfaitement la lecture et l’écriture.

[4] MESSAOUDI L. : Images et représentation de la femme dans les contes marocains du Nord-Ouest dans la revue Clio N°9, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 1999

[5] MOSER, C. Gender planning in the Third World : Meeting practical and strategic gender needs cité par JACQUET, I (1995) Développement au masculin/féminin. Paris, L’Harmattan.

[6] Il faut insister sur la charge de travail qui a pesé sur ces femmes qui ont tenu de grands ménages sans aucun confort (pas d’eau courante) ou sans l’aide d’aucun ustensile électroménager. A l’extérieur des ménages, elles ont été une force de travail indispensable pour les travaux agricoles et pour les commerces. Cette somme de travail « invisible »statistiquement et considérée comme une activité naturelle a marqué leurs corps très durement.

[7] Pour coller à la réalité et nous faire l’écho de nombre d’avis et de propos qui relativisent cette autorité paternelle, il faut préciser que nous traitons ici de l’autorité « officielle » et « publique ».

[8] Lors de l’enquête de 1985, l’état matrimonial se présentait comme suit : pour les femmes 40% de mariées, 4 % de divorcées, 56% de veuves, pas de célibataires. Pour les hommes, 89% de mariés, 2% de divorcés, 8% de veufs, 10% de célibataires. Ministère de l’Artisanat et des Affaires Sociales- Royaume du Maroc (1985) Les Personnes Agées Au Maroc – Situation –Besoins - Aspirations. Document non publié. Chez les personnes âgées de plus de 65 ans, 9 hommes sur 10 sont mariés et il y a moins de 4 femmes mariées sur 10. AZZAMAN Saïd (1995) Caractéristiques sociodémographiques de la population âgée urbaine. Document non publié.

[9] Rappelons que nous tentons de définir la situation des vieilles d’aujourd’hui, ce qui signifie des femmes qui sont nées en 1935 ou avant.

[10] Plus précisément, sans l’avis de l’épouse mais pas systématiquement sans l’avis de l’époux. Un homme mûr pouvait négocier son mariage. En revanche, les jeunes hommes étaient, comme les jeunes femmes, mariés sans leur avis ou consentement.

[11] GUESSOUS N. (2000) : Printemps et automne sexuels. Casablanca, Eddif et Autres Temps.

[12] 18% de la population féminine en âge exerce une activité professionnelle statistiquement connue– Rapport du social 2001, Ed. Okad, Rabat, 2002.

[13] BARAKAT M., Le troisième âge au Maroc : Inégalité de genre dans l’ouvrage « Images de femmes, Regards de société ».

[14] La veuve sans enfants hérite du quart de la fortune de l’époux décédé.

[15] Nous n’avons pas trouvé de document qui traite d’une politique d’intégration intergénérationnelle au sein des maisons de bienfaisance où cohabitent des enfants et des personnes âgées. Dans la maison de bienfaisance de Kénitra ; les vieux pensionnaires nous ont appris que les liens informels qui se nouent entre les générations sont systématiquement découragés… Le responsable craint la mendicité des vieilles et des vieux.

[16] Marocain Résident à l’Etranger

[17] NASRAOUI M. (2003) : La vieillesse dans la société tunisienne. Paris, Harmattan, Coll. Histoires et Perspectives méditerranéennes.

[18] Guessous rapporte le cas de vieillard de 95 ans, très fier d’avoir encore défloré et rendu enceinte sa toute jeune épouse de 19 ans et elle précise que ce cas n’est pas isolé.

[19] Les mariages des hommes très âgés suscitent aujourd’hui quelques plaisanteries tant à la campagne qu’en ville, toutefois la situation reste admise. Pour les personnes âgées concernées par notre travail, le remariage de l’homme à un âge avancé est normal.

[20] Le terme « adolescence » serait inapproprié pour décrire une situation où on passait sans transition de l’enfance à l’âge adulte.

[21] Grande pièce de tissu de forme rectangulaire qui sert de manteau et qui se ferme au moyen d’une fibule.

[22] Voile léger qui se porte sous le nez et couvre la bouche et le menton.

[23] VERMEREN P. (2002) : Histoire du Maroc depuis l’indépendance. Paris, La découverte Coll. Repères.

[24] Dans la ville de Kenitra, avec un bon informant, il est encore possible de retrouver le tracé du quartier des boîtes de nuit.

[25] Les conditions de relégation dans des bagnes –dont les « célèbres » bagnes de Tazmamart et Kenitra – ont été au centre des travaux de l’instance « Equité et Réconciliation » qui a tenu ces séances de 2004 à 2005.

[26] « En 1964, près de 45 % des enfants âgés de 7 à 14 ans sont scolarisés. C’est un bond énorme mais le pourcentage stagne. Une fois fait le plein de fonctionnaires, (10 fois plus que sous le protectorat), l’école ne tient pas ces promesses. Le chômage des intellectuels - situation que l’on n’avait jamais imaginée - commence à devenir une triste réalité.

[27] Medhi BENNOUNA, Héros sans gloire, Paris Méditerranée, 2000

[28] En mars 2007, une association des victimes se prépare. Pour les émeutes de Casablanca, le chiffre de 300 victimes est avancé (TelQuel n° 215 – mars 2007)

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011