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Conditions d’habitat des ménages dirigés par les personnes âgées au Togo

Atavi-Mensah EDORH, Unité de Recherche Démographique (URD), Université de Lomé, Togo.

La population mondiale vieillit et c’est dans les pays en voie de développement, où le vieillissement est plus rapide et les conditions de vie plus précaires, que les conséquences de ce phénomène sont plus graves. C’est à ce constat que se résument les conclusions de la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement qui s’est tenu à Madrid, sous l’égide de l’ONU, du lundi 8 au vendredi 12 avril 2002.

Dans la plupart des pays africains, compte tenu du niveau élevé de la mortalité, les personnes âgées sont en faible proportion. Mais l’allongement de la durée de vie et la diminution entamée de la fécondité va changer la structure par âge et nous assistons à une augmentation progressive de la proportion de personnes âgées.

Une analyse sur les conditions de vie des ménages et les caractéristiques du logement ou de l’habitat suppose une clarification des concepts habitat et conditions de vie qui peuvent avoir plusieurs définitions. Pour l’Encyclopédia Universalis "l’habitat n’est pas qu’un toit-abri, foyer ou logis, mais un ensemble socialement organisé. Il permet à l’homme de satisfaire ses besoins physiologiques, spirituels et affectifs, il le protège des éléments hostiles et étrangers". Cette définition met l’accent sur un espace plus large et en plus de l’habitation, il considère aussi l’environnement. Elle cadre mieux avec l’objectif principal de notre étude car, elle distingue dans l’habitat les infrastructures et le confort comme l’accès à l’eau potable, le mode d’éclairage, l’évacuation des eaux usées, la nature du toit, du sol….).

La forte poussée démographique de ces 20 dernières années fait que la demande de logement est devenue plus pressante. A coté de cette forte demande, la crise économique a vu le pouvoir d’achat des ménages baisser alors que le coût des terrains à bâtir et des matériaux de construction sont en constante hausse. Ainsi, l’accès à un habitat de qualité est de plus en plus difficile. L’habitat est devenu un facteur d’exclusion sociale. Il est de plus en plus fortement tributaire du pouvoir d’achat des ménages, et il apparaît désormais comme un signe de richesse ou de pauvreté. Le concept de conditions de vie englobe une vision plus large et comprend des facteurs à la fois matériels et non matériels.

Ce concept inclut l’accès à des soins de santé de base, à une alimentation adéquate en quantité et en qualité, aux services d’éducation de base et d’alphabétisation des adultes et à l’eau potable. Certains considèrent également la situation de l’emploi, l’accès au crédit, le transport, le logement, l’habillement… (Nations Unies, 1989).

L’émergence des femmes chefs de ménage modifie sensiblement les structures actuelles des familles en créant d’autres types de modèles familiaux. Pour certains chercheurs, sa progression relèverait de la paupérisation des femmes (Pilon et al, Seidou Mama, Tichit, 1997) dans la crise économique que traverse les pays africains. Pour d’autres, ce changement est essentiellement dû autant à un certain pouvoir de prise de décision qu’à une autonomisation croissante des femmes vis à vis des hommes. Dans une telle mouvance, l’on peut se demander s’il y a une différenciation de conditions de vie des ménages selon que ceux-ci soient dirigés par les femmes âgées ou par les hommes âgés.

Les données de base de cette étude proviennent de l’enquête famille (EFAMTO) réalisée au cours du dernier trimestre 2000 au Togo par l’URD. Cette enquête a collecté des données sur 2773 ménages sur toute l’étendue du territoire. Elle a ainsi permis de disposer des données récentes sur les ménages et leur structure selon le sexe du chef de ménage. D’après les résultats de cette enquête, un quart des ménages est dirigé par les vieux (60 ans et plus).

La présente communication vise à déterminer les conditions de vie des ménages selon le type de ménage qu’il soit dirigé par un vieux ou par une vielle. Les conditions de vie de ces ménages s’analyseront selon :

  • les caractéristiques de l’habitat (matériaux de construction, sanitaire, accès à l’eau potable, promiscuité) et de l’équipement des ménages (moyen de déplacement et de communication) ;
  • le type de ménage auquel ils appartiennent, le nombre d’enfants dans le ménage, le niveau d’instruction, et le statut d’activité.

I- CARACTÉRISTIQUES DE L’HABITAT

Généralement, pour déterminer les conditions de vie des ménages, l’on utilise les variables sur le revenu et la consommation. Dans notre étude, nous approchons les conditions de vie des ménages par les caractéristiques de l’habitat.

I.1 - Statut d’occupation du logement

Il s’agit du statut d’occupation du logement dans lequel vivent les membres du ménage âgé. Les résultats du tableau 1.1 montrent que, 72 % des ménages âgés sont proprié¬taires, 3 % sont locataires, 23 % vivent dans une propriété familiale et 2 % sont hébergés.

Quand on compare par sexe, on remarque que les ménages dirigés par des femmes âgées vivent soient comme propriétaire (53 %) ou dans des maisons familiales (44 %). Par contre les hommes CM sont plus propriétaires (81 %). De part les coutumes la préoccupation première des hommes, c’est d’avoir une maison alors que la femme est appelée à rejoindre son mari.

Tableau 1.1 : Répartition des ménages selon le statut d’occupation par sexe

I.2 - Ménage âgé et types d’habitation

Le type d’habitation regroupe ici les variables caractérisant la nature du toit, du sol et du mur. Pour la nature du toit, les 2/3 des ménages âgés ont des toits en tuile/tôle (65 %). En ce qui concerne la nature du sol, 69 % des ménages ont le sol de leur habitation en ciment et 67 % d’entre eux ont le mur de leurs maisons en semi dur.

L’analyse des données du tableau 1.2, montre que la majorité des logements ont un toit en tôle ou en tuile. On remarque cependant que c’est dans les logements occupés par les ménages dirigés par une femme âgée que l’on observe la proportion la plus importante de toit en tôle ou en tuile (75 % de logements occupés par les ménages dirigés par une veille femme contre 61 % chez les hommes âgés).

Par rapport à la nature du sol, on note également que c’est dans les logements occupés par des ménages dirigés par une femme que l’on note la proportion la plus importante de sol en ciment. Par contre en ce qui concerne la nature du mur, c’est dans les logements occupés par des ménages dirigés par les hommes que l’on trouve les proportions les plus importantes de mur en semi dur.

Tableau 1.2 : Répartition des ménages âgés selon le sexe et le type de construction

I.3 - Ménages et source d’approvisionnement en eau

Le tableau 1.3 présente la répartition des ménages selon la région et quelques caractéristiques des conditions de vie du ménage (source d’approvisionnement en eau, mode d’éclairage et type d’équipement sanitaire).

L’analyse selon la source d’approvisionnement en eau révèle que 39 % des ménages au Togo s’approvisionnent en eau courante, 37 % en eau de puits et 24 % des ménages boivent de l’eau de surface, eau de pluie et autre.

Les commentaires ci-dessus ne tiennent pas compte de la présence de la source d’eau au sein du ménage. Qu’en est-il exactement de cette disponibilité de la source d’eau dans le ménage ?

L’analyse des données montre que sur toute l’étendue du territoire, seulement 4 % des ménages disposent de l’eau courante à la maison, ce qui est très dérisoire. Un effort important doit être fait dans ce secteur vu l’importance d’une eau propre et saine dans les conditions de vie des ménages.

L’analyse selon le sexe du chef de ménage révèle des différences assez significatives. Il ressort, en général que la proportion de CM femmes âgées s’approvisionnant en eau courante est plus importante que celle des CM hommes âgés.

I.4 - Ménages âgés et types d’éclairage

La répartition des ménages selon le mode d’éclairage et la région montre que sur l’ensemble du territoire, la grande majorité des ménages s’éclairent avec une lampe à pétrole ou avec un lampion (80 % des ménages). A Lomé, 56 % des ménages ont de l’électricité et 44 % s’éclairent grâce à une lampe à pétrole ou avec un lampion. A part Lomé, la grande majorité des ménages à l’intérieur du pays s’éclairent grâce à la lampe à pétrole ou au lampion. Un effort important doit être mené dans ce secteur également.

Tableau 1.3 : Répartition des ménages âgés selon la source d’approvisionnement en eau, le mode d’éclairage et le type d’équipement sanitaire et le sexe du CM

I.5 -Ménages âgés et types de sanitaires

Nul n’ignore l’importance des équipements socio sanitaires dans la vie des ménages. Au cours de cette enquête, il a été demandé aux chefs de ménages le genre de toilettes qu’utilise les membres du ménage.

L’analyse des données du tableau 1.3, révèle que 61 % des ménages font leurs besoins dans des latrines non couvertes et dans la nature. Seulement 11 % des ménages disposent d’une fosse septique dans leur ménage et 21 % des ménages d’une fosse étanche.

I.6 - Ménages et mode d’évacuation des ordures et eaux usées

Le tableau 1.4, présente la répartition des ménages selon le mode d’évacuation des ordures ménagères et des eaux usées. L’analyse des données selon le mode d’évacuation des ordures ménagères montre que 71 % des ménages au Togo utilisent essentiellement le dépotoir sauvage pour évacuer leurs ordures ménagères.

Tableau 1.4 : Répartition des ménages âgés selon le mode d’évacuation des ordures et eaux usées et le sexe du CM

En ce qui concerne l’évacuation des eaux usées, il apparaît que la plupart des ménages au Togo jette les eaux usées dans la rue ou dans la nature (65 %), 16 % des ménages jettent ces eaux dans un puisard.

I.7 - Promiscuité au sein des ménages âgés

Le niveau de promiscuité dans les ménages âgés a été cerné lors de l’enquête par la variable « le nombre moyen de personne par pièce ». Lors de l’enquête, il été demandé au chef de ménage, le nombre de pièces que le ménage utilise pour dormir. La taille du ménage a été ainsi rapportée au nombre de pièces qu’utilise le ménage pour dormir. Le tableau 1.3, présente la répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et le nombre moyen de personnes par pièce.

L’analyse des données montre qu’en général, le niveau de promiscuité est moindre quand le chef de ménage est de sexe féminin. En effet, 15 % des CM femme âgées ont en moyenne 1 personne par pièce alors que chez les CM homme âgés cette proportion est de 8 %. Si nous considérons les cas où le niveau de promiscuité est en moyenne de 3 personnes et plus, niveau de grande promiscuité, on note que la proportion de CM homme est significativement plus importante que celle des CM femme.

Tableau 1.5 : Répartition des ménages selon le sexe du chef de ménage et le nombre moyen de personnes par pièce

I.8 - Typologie des ménages âgés

En Afrique, on rencontre une variété de situations lorsqu’on aborde les différents aspects de l’organisation sociale. La variable "type de ménage" est l’une des variables les plus intéressantes au regard de l’analyse de la structure des ménages. Compte tenu des données disponibles et de l’objectif de l’étude, la typologie suivante a été élaborée. Elle comprend huit catégories de ménages qui se définissent comme suit :

1 − Isolé : CM (chef de ménage) seul
2 − Monoparental : CM + enfants
3 − Monogame : CM + conjoint (+ enfants)
4 − Polygame : CM + conjoints (+ enfants)
5 − Monoparental élargi : CM + enfants + autres personnes
6 − Monogame élargi : CM + conjoint (+ enfants) + autres personnes
7 − Polygame élargi : CM + conjoints (+ enfants) + autres personnes
8 − Non familial : CM + autres personnes apparentées ou non.

Les ménages monogames élargis (31 %) sont en proportion plus importants que tous les autres types (tableau 1.6). C’est le type prédominant au niveau des ménages dirigés par les hommes (40 %) ; il en est de même pour les ménages monogames (non élargis) qui viennent en deuxième position (23 %) pour l’ensemble. Le terme élargi caractérise la présence au sein du ménage d’autres personnes (en dehors des conjoints et des enfants) apparentées ou non au chef du ménage.

Tableau 1.6 : Répartition des ménages âgés (%) selon le type et les caractéristiques socio-démographiques

Puis, suivent les ménages monoparentaux élargis (14 %) et les ménages polygames élargis (9 %). On constate que 77 % des ménages dirigés par les femmes âgés sont de type monoparental dont 50,2 % de ménages monoparentaux élargis et 26,4 % de ménages monoparentaux restreints.

Quoique faiblement représentés [1] (7 %), les ménages non familiaux sont proportionnel¬lement plus importants dans les ménages dirigés par les femmes que dans ceux dirigés par les hommes (19 % contre 3 %). Les chefs de ménage de sexe féminin, par rapport à leurs homologues hommes, semblent alors plus hospitalières ; elles accueillent proportionnellement plus de personnes étrangères à leur noyau familial.

Rappelons que le ménage non familial comprend le chef de ménage et éventuellement d’autres personnes (parents ou non), à l’exclusion du conjoint et de l’enfant.

On constate que les ménages monogames élargis qui restent majoritaires quel que soit le milieu de résidence sont légèrement plus représentés en milieu urbain qu’en milieu rural (37 % contre 27 %). La situation inverse s’observe en ce qui concerne les ménages monogames nucléaires ; ceux-ci sont plutôt en proportion plus importante dans les campagnes (25 %) qu’en ville (20 %). Pour les ménages polygames élargis, la différence entre les proportions va en faveur du milieu rural. De même, les ménages polygames non élargis sont proportionnellement plus importants en milieu rural (9 % contre 2 %), du fait que la pratique de la polygamie y demeure encore répandue. Par ailleurs, les ménages monoparentaux nucléaires sont représentés dans des proportions identiques en ville et en campagne alors que ceux qui sont élargis sont plus concentrés en milieu urbain ; la majorité de ces ménages est dirigée par les femmes.

Tout porte à croire que les femmes âgées sont relativement plus nombreuses dans les villes à être les premières responsables des ménages de types monoparental ou non familial, alors que la direction des ménages conjugaux (monogames et polygames) revient le plus souvent aux individus de sexe masculin.

Dans l’ensemble, le mode de vie en famille élargie reste dominant. Généralement, les membres de la famille du chef de ménage (enfants et collatéraux) se greffent au noyau principal qui est celui du chef de ménage. Les données révèlent qu’un ménage sur deux (5/10) est de type élargi alors qu’on ne compte que deux sur cinq (4/10) pour les ménages restreints.

II – CARACTÉRISTIQUES DES CHEFS DE MÉNAGE

A la tête de tout ménage, il existe un chef reconnu comme tel par chacun des autres membres. Le sexe, l’âge, l’état matrimonial, la situation dans l’activité sont autant d’éléments intéressants retenus pour décrire le profil socio-démographique de ces chefs de ménage.

Il apparaît que les chefs de ménage sont en grande majorité des hommes : 77 % des ménages ont à leur tête un homme contre seulement 23 % dirigés par les femmes. Dans tous les groupes d’âges, les chefs de ménage de sexe féminin sont proportionnellement moins nombreux que leurs homologues hommes.

Ceci se comprend d’autant plus que, dans nos sociétés patrilinéaires, c’est l’homme qui détient le pouvoir ; la généalogie de la famille est déterminée en fonction de sa personne et de ses descendants.

Une femme mariée vivant dans le même ménage avec son époux est rarement déclarée comme étant chef de ménage. Néanmoins, du fait de certaines conditions, la charge du CM peut revenir à la femme au sein de la cellule familiale de base qu’est le ménage. C’est le cas par exemple si le mari est absent à la suite de rupture d’union ou de migration.

L’âge moyen des chefs de ménage est de 70 ans pour les deux sexes confondus (cf. tableau 2.1.). Il est relativement plus élevé pour les hommes âgés que pour les femmes âgées : 70 ans contre 69 ans, soit un écart 1 an. Les hommes accèdent donc plus tôt au statut de chef de ménage. Les ménages formés autour d’un noyau composé de l’homme et sa (ou ses) femme(s) sont presque exclusivement dirigés par le mari. Souvent, la première responsabilité de la famille ne revient à la femme qu’en situation de veuvage, de divorce ou de migration. Plus l’âge de la femme augmente, plus sa chance d’accéder au statut de chef de ménage par rupture d’union (divorce ou veuvage) est grande.

L’âge moyen des chefs de ménage âgés du milieu rural (70 ans) est supérieur à celui du milieu urbain (69 ans). Les citadins deviennent plus tôt responsables de foyer ; pour des raisons de scolarisation, d’emploi… certains jeunes garçons ou filles se voient contraints de fonder un ménage (généralement de type isolé ou non familial). Par contre, en milieu rural, quelques adultes chefs de noyaux secondaires vivant dans les familles élargies, demeurent pendant longtemps les dépendants d’un chef de ménage principal.

Tableau 2.1 : Age moyen des chefs de ménage (ans) selon les caractéristiques socio-démographiques

II.1 – État matrimonial des chefs de ménage

La variable "état matrimonial" semble influencer fortement l’accès au statut de chef de ménage. La plupart des chefs de ménage âgés de sexe masculin sont mariés. Ils représentent environ 92 % dont 63 % de monogames et 29 % de polygames comme le montrent les résultats du tableau 2.2. Du côté des femmes, on compte 15 % et 20 % respectivement en régimes monogame et polygame. Au total, si 9 CM homme sur 10 sont mariés seulement une femme CM sur trois a ce statut. Ceci peut se comprendre car, c’est l’homme qui assure la première responsabilité dans le foyer. Toutefois, on constate que la proportion des femmes mariées qui sont des chefs de ménage est relativement élevée. Généralement, les femmes mariées qui dirigent un ménage se rencontrent dans les cas suivants :

  • la femme en union et dont le mari serait victime d’une incapacité (physique ou mentale) ne permettant pas à ce dernier d’assumer son rôle de chef ;
  • la femme mariée dont le mari a migré pour diverses raisons (travail, santé,…) ;
  • la femme mariée à un polygame mais ne cohabitant pas avec ce dernier.

Parmi les femmes CM, les 3/5 (61,6 %) sont des veuves ou des divorcées/séparées.

Tableau 2.2 : Répartition des chefs de ménage âgés (%) selon l’état matrimonial et les caractéristiques socio-démographiques

La situation observée pour l’ensemble du pays se retrouve aussi bien dans les secteurs urbain et rural. Partout, les proportions des mariées (monogames et polygames) sont les plus importantes : au moins les trois quarts des chefs de ménage sont en union. Toutefois, on peut remarquer que les chefs de ménage mariés polygames sont plus représentés en milieu rural qu’en milieu urbain.

II.2 –Niveau d’instruction des chefs de ménages

Le tableau 2.3 présente la répartition des chefs de ménage selon le niveau d’instruction atteint [2].

Pour l’ensemble du pays, un peu plus de la moitié des chefs de ménage (53 %) ne sont pas instruits et environ un sur cinq (22 %) se sont arrêtés au niveau primaire ; les autres proportions diminuent au fur et à mesure que le niveau d’instruction augmente, se situant ainsi à 18 % et 7 % respectivement pour le collège et le lycée et plus.

Tableau 2.3 : Répartition des chefs de ménage âgés (%) selon le niveau d’instruction et les caractéristiques socio-démographiques

La proportion des chefs de ménage non instruits est plus élevée d’une part pour le sexe féminin (72 % contre 47 %) et d’autre part en milieu rural (65 % contre 32 %). Cette situation peut s’expliquer par le fait que les chefs de ménage de sexe féminin, sont en majorité des femmes veuves ou divorcées de générations plus anciennes qui ne pouvaient pas aller à l’école. Puis, même de nos jours, certains parents résidant souvent en milieu rural sont réticents à envoyer leurs filles à l’école pour diverses raisons (rôle de ménagère dévolu à la femme, mariage, garde des enfants plus jeunes…).

S’agissant du milieu de résidence, on constate que les citadins sont relativement plus instruits que les résidants en milieu rural. Les non instruits représentent 33 % en ville contre 65 % en campagne. Cette différence s’observe également pour les autres types d’ensei¬gnement, notamment en ce qui concerne le lycée et plus (18 % contre 2 %).

Ceci provient du fait que tous les types d’écoles sont présents et plus accessibles en ville ; ensuite certaines activités nécessitent un niveau d’instruction plus élevé dans la capitale du pays.

II.3 – Situation dans l’activité des chefs de ménage âgés

Le niveau de l’activité économique en ce qui concerne les chefs de ménage est élevé. Dans l’ensemble, 89 % des chefs de ménage sont économiquement actifs c’est-à-dire occupés (tableau 2.4). Les retraités arrivent en troisième position (3 %) après les autres inactifs [3] (4 %). Les ménagères et les chômeurs sont relativement peu représentés. Les élèves sont les moins nombreux parmi les chefs de ménage. Cela se comprend d’autant plus que ces derniers non seulement sont encore jeunes mais également sont souvent incapables de subvenir à leurs propres besoins à plus forte raison à ceux d’un ménage.

Tableau 2.4 : Répartition des chefs de ménage âgés (%) selon la situation dans l’activité et les caractéristiques socio-démographiques

Quel que soit le sexe, les chefs de ménage occupés sont proportionnellement les plus nombreux. On enregistre neuf CM hommes sur dix (91 %) et huit CM femmes sur dix (81 %) qui sont économiquement actifs. Chez les CM hommes, les retraités et les autres inactifs suivent avec des proportions identiques (4 %). Mais du côté féminin, les ménagères et les autres inactives occupent respectivement les deuxième (8 %) et troisième (7 %) rangs. La catégorie "chômeurs" n’existe pas chez les femmes chefs de ménage.

Parmi les CM résidant en milieu rural, la proportion des occupés s’élève à 92 % ; celle du milieu urbain qui est inférieure à la moyenne nationale se situe à 82 %.

Parmi les chefs de ménage inactifs de la ville, les retraités sont les plus représentés avec 7 %. Quoique peu nombreux, les chômeurs sont presque tous localisés en milieu urbain (3 % contre 0 % en milieu rural).

III – TAILLE DES MÉNAGES

III.1 – Les ménages et leur taille

La taille ou la dimension d’un ménage, c’est le nombre de personnes qui le composent. La taille moyenne pour l’ensemble du pays est de 8 personnes (9 personnes pour les ménages dirigés par les hommes et 6 personnes pour ceux dirigés par les femmes). Cette moyenne, supérieure à celle observée au recensement de 1981 (5,9 personnes) ou l’EDST2 (5,4 personnes) est due à la différence des définitions adoptées à ces différentes opérations de collecte.

Les ménages réduits à une seule personne sont faiblement représentés comme l’indique le tableau 3.1. Les ménages comprenant 4 à 5 personnes et ceux de 10 personnes et plus sont proportionnellement les plus nombreux ; dans l’ensemble, ils représentent respectivement 25,6 % et 25,8 %. Les femmes dirigent en majorité des ménages de petite taille (56 %) c’est-à-dire ceux dont la dimension est inférieure à 6 personnes. Par contre, les ménages dirigés par les hommes sont majoritairement de grande taille. Plus de 64 % de ces ménages ont 6 personnes et plus. L’écart entre les deux sexes est très important dans la catégorie de 10 personnes ou plus où l’on enregistre 29,9 % des ménages dirigés par les hommes contre seulement 12 % des ménages dirigés par les femmes.

Tableau 3.1 : Répartition des ménages âgés (%) selon leur taille et quelques caractéristiques socio-démographiques

Graphique 3.1 : Répartition des ménages selon leur taille et le sexe du chef de ménage

III.2 – Taille des ménages selon les caractéristiques des chefs de ménage

Le graphique 3.2 et les tableaux 3.2, 3.3 et 3.4 illustrent les différences de la taille moyenne en fonction des caractéristiques des chefs de ménage : âge, sexe, état matrimonial, instruction et situation dans l’activité.

La taille du ménage augmente avec l’âge du CM. La taille moyenne passe de 2,1 dans le groupe d’âges 15-19 ans à 9,7 dans le groupe d’âges 70 ans et plus (cf. graphique 3.2). A âge égal, excepté le groupe d’âge 15-19 ans, la taille moyenne du ménage chez les hommes est plus importante que celle enregistrée chez les femmes, l’écart étant marqué dans les derniers groupes d’âge.

Graphique 3.2 : Taille moyenne des ménages selon l’âge et le sexe du chef de ménage

Dans l’ensemble, les ménages dont les chefs sont mariés sont de plus grande taille. La taille moyenne est la plus élevée dans les ménages dirigés par les polygames (10,9). Les ménages des monogames suivent avec une taille de 7,3. Cette tendance diffère lorsqu’on considère le sexe du chef de ménage : ce sont les veuves et les femmes mariées en régime monogamique qui ont les familles les plus nombreuses, soit des tailles respectives de 6,3 et 6,1. L’écart se situant entre le célibat et l’union est bien net ; quels que soient le sexe du chef de ménage (hormis le cas de la polygamie) et le milieu de résidence, les ménages de célibataires comptent peu de personnes, la taille moyenne étant autour de 4 personnes alors que cette moyenne oscille entre 7 et 11 dans les ménages dont le chef est en union (monogame et polygame).

Le tableau 3.3 fait ressortir l’influence du niveau d’instruction sur la dimension du ménage. Plus le niveau d’instruction du chef de ménage est élevé, moins sa famille est nombreuse. Aussi bien pour le sexe masculin que pour le sexe féminin, et que ce soit en milieu urbain ou rural, les ménages dont les chefs sont non instruits possèdent les familles les plus nombreuses ; de façon globale, leur taille moyenne s’élève à 8,3. Ensuite, les ménages dont les chefs ont atteint le niveau primaire ont en moyenne 7,9 personnes. Les autres ménages c’est-à-dire ceux dont les chefs ont atteint le collège et plus sont ceux qui ont les plus faibles tailles de ménage, en moyenne 6,7 personnes.

Quels que soient le sexe du chef de ménage et le milieu de résidence, les ménages dirigés par les "retraités" ont la taille moyenne la plus élevée (tableau 3.4). La forte présence de personnes âgées parmi cette catégorie, serait un élément d’explication de cette situation, étant entendu que l’âge est positivement corrélé avec la taille du ménage. Les ménages dont les chefs sont des "occupés" viennent généralement en troisième position après les "autres inactifs". C’est seulement en milieu rural que la taille moyenne des ménages des occupés (8,3) est relativement plus élevée que celle des ménages des autres inactifs (7,4).

Tableau 3.2 : Taille moyenne du ménage selon l’état matrimonial du chef de ménage et les caractéristiques socio-démographiques

Tableau 3.3 : Taille moyenne du ménage selon le niveau d’instruction du chef de ménage et les caractéristiques socio-démographiques

Tableau 3.4 : Taille moyenne du ménage des CM âgés selon la situation dans l’activité du chef de ménage et les caractéristiques socio-démographiques

Conclusion

Les méthodes classiques de détermination du niveau des conditions de vie des ménages utilisent généralement des variables sur le revenu et la consommation. Les critiques souvent portées à l’encontre de ces modèles se résument essentiellement aux difficultés qu’on rencontre la plupart du temps à appréhender ces variables surtout dans le milieu africain où les revenus et la consommation des ménages sont difficiles à cerner.

Comme dit plus haut, les caractéristiques de l’habitat dans lequel vivent les ménages sont fortement tributaires du pouvoir d’achat du chef de ménage. Toutes choses égales par ailleurs, on peut considérer que pour un ménage, plus le pouvoir d’achat est élevé, meilleures seraient les conditions de logement et d’habitat. Arriver à construire un indicateur de pauvreté à partir des caractéristiques du logement serait sûrement une solution palliative aux difficultés généralement rencontrées dans l’estimation des indicateurs classiques de pauvreté à partir des variables telles que le revenu et la consommation des ménages.

Notre intention dans cette partie est de construire un profil de pauvreté des ménages au Togo à partir des caractéristiques de l’habitat. La construction d’une classification des indicateurs calculés doit nous permettre de rendre compte de la pauvreté des ménages au Togo. Notre objectif n’est pas de calculer un indice de pauvreté pour le Togo. Il s’agit surtout de vérifier si à chaque indice calculé pour un ménage donné correspond un profil de pauvreté ou de conditions de vie.

Après analyse de toutes les caractéristiques de l’habitat, d’informations sur le confort de l’habitat, du niveau de promiscuité au sein des ménages et des conditions de vie des ménages selon le sexe du CM, nous sommes tentés d’affirmer que les ménages dans lesquels le chef est une femme âgée ont des conditions de vie meilleures à ceux dirigés par les hommes âgés.

[1] Les ménages isolés sont les moins faiblement représentés. Ceci ne reflète pas la réalité sur le terrain car ce type de ménage qui ne peut être familial était en fait exclu lors du tirage de l’échantillon.

[2] Une question a permis de saisir la dernière classe suivie et achevée avec succès par l’enquêtée. Des regroupements ont été faits en vue de parvenir aux modalités actuelles. "Non instruit" englobe tous ceux qui ne sont jamais allés à l’école jusqu’à ceux qui se sont arrêtés au CE1 avec succès (y compris l’école coranique). Ici "Primaire" est réduit aux classes de CE2, CM1et CM2.

[3] Les "autres inactifs" sont composés d’invalides, de rentiers, d’oisifs, etc.

VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION DANS LES PAYS DU SUD

Famille, conditions de vie, solidarités publiques et privées... État des lieux et perspectives

ACTES DU COLLOQUE INTERNATIONAL DE MEKNÈS

Maroc 17-19 mars 2011