Dynamiques
périurbaines :
population, habitat et
environnement dans les périphéries des grandes
métropoles
La
croissance péri-urbaine de
São Paulo : favelisation et dégradation
environnementale
Marie-Caroline
Saglio-Yatzimirsky
Introduction
Dans
un récent ouvrage paru sur ‘São Paulo
Metropole[1]’,
des urbanistes et géographes soulignent, outre les
permanences, les transformations récentes de
l´espace urbain, qui se manifestent par la multiplication des
voies rapides, la verticalisation résidentielle du centre[2], et surtout la croissance rapide
d´un espace périurbain suite à la
prolifération d´un habitat pauvre
improvisé, favelas accrochées aux collines
boisées.
Notre objectif est d´analyser le développement
périurbain de cette aire culturelle’, qui vient
s´inscrire en miroir à celle d´autre
villes du Sud (en particulier l´Inde).
São Paulo a la particularité
d´être la plus grande des villes
d´Amérique Latine avec Mexico, la capitale
économique du Brésil, la plus moderne en termes
d´infrustructures, ce qui se répercute dans son
paysage urbain spectaculaire, quelque fois comparé
à celui de Los Angeles, mer de gratte ciel
traversée d´autoroutes et de ponts,
ceinturée de favelas (et là
s´arrête la comparaison avec les Etats-Unis).
São Paulo présente un caractère dual
qui ne cesse de s´accentuer, tant la modernité
réorganise l´espace et les fonctions urbaines tout
en maintenant toujours plus une partie de ses habitants dans la
précarité.
La croissance
spectaculaire de São Paulo au siècle dernier explique l´existence d´une
tache urbaine gigantesque qui s´étend
aujourd´hui sur 8000 km2 et gagne 60 km2
par an[3]. La ville est
en effet
passée de 1 million d´habitants dans les
années 30, époque à laquelle elle
commence à s´industrialiser et attirer des
migrants, pour décoller dans les années
50 et 60 où elle atteint 5 millions d´habitants
(5,1 millions en
1966), à 10,6 millions d´habitants
aujourd´hui. Ce à quoi il convient de rajouter 8,
2 millions de personnes pour appréhender la
Région Métropolitaine de São Paulo
(RMSP, soit 39 municipalités en incluant São
Paulo)[4].
Celle-ci, forte de ses 18,8 millions d´habitants,
représente plus de 10 % de la population du
Brésil et 15% du PIB national. Croissance extrême
qui, on s´en doute, pose des défis majeurs, entre
autres liés au développement
incontrôlé du périurbain.
La premier de ces défis est la
favelisation de São Paulo, c´est-à-dire
la multiplication de constructions très précaires
sur des aires illégales aux dépends de toute
considération de salubrité, hygiène ou
sécurité. Il est intéressant de noter
que São Paulo a longtemps entretenu la
réputation, à l´inverse de ses
consoeurs de Rio ou Recife, de ne pas posséder de favelas.
Celles-ci ne se développent qu´à la fin
des années 70, lorsque l´appareil industriel
s´essouffle et que la crise se profile,
hypothéquant les opportunités d´emplois
pour les migrants alors que la spéculation
foncière ferme définitivement la ville et sa
périphérie immédiate aux petits
revenus. Ainsi, depuis les deux dernières
décennies, la RMSP expérimente une détérioration sensible des conditions de vie de ses
habitants, qui s´exprime par l´augmentation de la
précarité et les difficultés
d´insertion économique, et l´explosion
du problème du logement. Malgré cela, le mythe
d´une vie meilleure et des opportunités
d´emploi à São Paulo semble perdurer,
et continue d´attirer des milliers de migrants,
même si dans une proportion moindre que dans les
décennies précédentes. Ce flux de migrants vient
s´entasser dans les favelas qui abriteraient
aujourd´hui plus de 10% des habitants de
São Paulo[5],
et dont les plus récentes sont apparues aux portes de la
ville, dans ce périurbain problématique.
Le second de ces défis,
conséquence direct du premier, est la dégradation
environnementale. La population précaire vient occuper
illégalement les aires qui
n´intéressent pas le marché immobilier,
parce qu´elles sont inconstructibles ou
protégées : ce sont les zones de
forêt au nord et les abords des réserves
d´eau au sud de la municipalité. Là,
chaque jour, la population riveraine déverse des millions de
litres de déchets dans l´eau, sans que soient
mises en place les politiques et infrastructures suffisantes pour
freiner le désastre.
On se propose de caractériser ce
périurbain récent et de montrer en quoi il
diffère de la périphérie des
années 70[6], en employant les
outils quantitatifs, en particulier démographiques, dont on
dispose. Les modalités d´expression de cette
récente péri-urbanisation sont suffisament
nouvelles pour avoir ouvert le débat sur la pertinence de la
notion, et remis en cause les deux catégories binaires qui
la structurent, celle de urbain-rural et de
centre-périphérie.
Dans un deuxième temps on
s´attachera à décrire les
transformations qualitatives de ce périurbain, entre autres
liées à l´évolution de la
question du logement et ses politiques.
Enfin, on verra l´ampleur du
défi environnemental, pour poser la question des politiques
publiques et de leur champ de possibilités.
A. Tentative de définition du
périurbain de São Paulo : une approche
démographique, spatiale et sociologique
1. Le paradoxe démographique de
São Paulo : une croissance
arrêtée, un périurbain galopant
Les outils démographiques mettent en
lumière un paradoxe : alors que la ville
même de São Paulo se dépeuple, la
périphérie lointaine continue de grandir et de
s´étendre spatialement. Ce qui signifie que la
logique démographique de croissance de cette hyperpériphérie n´est pas du
même ressort que celle la ville même, elle
répond à une autre dynamique.
Ici,
il convient de distinguer le
centre de São Paulo qui durant la décennie 90 a
connu une croissance négative en terme absolu[7], des zones
périphériques consolidées qui ont un
taux de croissance démographique de 0% à 3% (avec
une moyenne proche de la moyenne brésilienne –de
1,6%- et de la tache urbaine dans son ensemble - de 1,3%), de la zone
péri urbaine qui enregistre un très fort taux de
croissance (plus de 3%). Ces zones dernières,
situées à plus d´une vingtaine de
kilomètres du centre-ville, ont cru 6 fois plus vite que la
commune de São Paulo : soit 6,3% contre 0,9%. Elles
abritaient 19% de la population de la métropole en 1991, et
33% en 2000.
Or ce n´est pas la
saturation de
l´espace de la commune qui explique cette croissance
périphérique, mais des logiques
foncière très particulières et les
politiques publiques inadaptées. On verra que la
régulation -ou plutôt son absence- et le bas
coût des terres expliquent la concentration de la pression
démographique sur les aires péri urbaines. Ainsi
paradoxalement, 42,3% de l´espace de la commune de
São Paulo est constitué de terrains
inoccupés qui attendent valorisation[8].
Comment expliquer la croissance rapide des
zones péri urbaines de São Paulo ?
Les migration demeure une dynamique
démographique fondamentale de constitution de ce
périurbain. Certes le flux d´entrée est
nettement moindre depuis deux décennies, mais il est de plus
en plus composé par les migrants les plus pauvres, les
Nordestins.
En effet, on observe un ralentissement
du flux
migratoire vers São Paulo : le
taux de 2,31% par an dans la décennie 1970-1980,
est passé à 1,13% dans la décennie
1980-1991.[9]
Cela dit, il est de
plus en plus gonflé par les arrivées de
Nordestins, des Etats les plus pauvres du Brésil, qui
constituent plus de 60% du flux[10]. Sur les
2,1millions de
personnes venues habiter dans les zones péri urbaines dans
la décennie 90, 703 000 viennent d´autres Etats de
la Fédération,dont 521 0000 du Nordeste (le reste
ressort des mobilités internes à São
Paulo). Cette proportion importante de migrants nordestins dans les
dernières décennies contrecarre
l´idée d´une immigration seulement
liée aux opportunités du marché du
travail formel. Celui-ci s´étant nettement
dégradé, la poursuite de l´immigration
serait plutôt liée aux expectatives de revenu de
l´informel et aux attentes de services et
d´infrastructures (logements, santé,
éducation, eau, civisme, etc.).
En outre, la persistance d´un
flux
migratoire pauvre est tempérée par
l´apparition d´une dynamique nouvelle : ce flux
n´est plus à sens unique, de plus en plus les
migrants partent de São Paulo vers d´autres Etats,
et plus encore retournent dans leur Etat d´origine :
50 % des migrants sont aujourd´hui concernés par
ce flux de retour, le double de la décennie 80, ce qui
témoigne aussi de l´incapacité de la
ville à retenir ces migrants, à leur offrir les
services basiques et de l´incapacité du
marché du travail à absorber la main
d´oeuvre.
Si la
migration de
l´extérieur est importante, on observe
également un fort mouvement de mobilité interne
à São Paulo, lié au récent
phénomène de désaffectation (esvaziamento)
du centre. Les bas revenus quittent ce dernier pour des zones
d´habitation moins chères, tandis que les
constructions résidentielles sont progressivement
utilisées à des fins commerciales.
Toutefois,
le périurbain
n´est pas seulement concerné par les migrations
pauvres : une partie des classes moyennes et hautes va
également chercher hors du centre, ‘au
vert’, des possibilités de logements plus
spacieux, hors du périmètre de
dégradation environnementale et de la violence urbaine, et
rejoint les ‘condominios fechados’,
ces ensembles résidentiels de haut standing
ceinturés par des murs et gardés, avec des infrastructures adéquates et
localisés sur des axes routiers importants (Valinhos et Itu
par exemple).
-
Le
péri urbain : une
concentration spatiale de la pauvreté
Le périurbain dans son
ensemble est
donc très hétérogène en
termes socio économiques. Cependant, les zones de forte
croissance démographique, sont celles où sont
installées les familles les plus pauvres.
L´analyse des cartes (cf. infra) souligne en effet la
corrélation entre les indicateurs démographiques
(croissance supérieure à 3%) et les indicateurs
sociaux (analphabétisme trois fois supérieur
à la moyenne intra urbaine, chômage) et de revenu
( revenu en moyenne inférieur d´un tiers par
rapport à la moyenne intra urbaine) les plus
dégradés. Plus
encore, ces espaces péri urbains subissent une aggravation
du profil socio-économique de leurs
habitants depuis deux décennies : dans les
années 70, moins d´un quart des migrants se
plaçait sous le ligne de pauvreté[11],
dans les
années 80 et 90 plus d´un tiers. Et d´un
point de vue dynamique[12],
l´espace péri urbain croit tandis que le revenu
moyen des chefs de famille des 20% les plus pauvres de la RMSP est
tombé de 26% dans la décennie 90 (passant de 72,
34 Rs à 53, 54 Rs)[13].
Pour tenter de saisir ces dynamiques-socio
économiques et de les inscrire dans le territoire de
São Paulo, il s´est
développé toute une réflexion
cartographique exploratoire utilisant les systèmes
d´informations géographiques. Il en
résulte des cartes bien divulguées dans
l´optique de servir les politiques sociales.
La
première de ces réflexions,
développée par le Centre d´Etude
Métropolitaine (CEM-São Paulo City Social
Assistance Department,
2002) a
débouché sur la création
d´une carte de la vulnérabilité
sociale (Social Vulnerability Map), notion
liant des variables démographiques, de risque urbain et
d´accès aux politiques publiques. A partir de la
superposition de diverses cartes[14] de nature
démographiques (forte croissance, proportion de jeunes, etc.),
socio économiques (revenu/habitant, équipement
domestique, etc.) et des
risques urbains (nature des terrains occupés,
défaillance des infrastructures, etc.), les auteurs révèlent
ainsi des enclaves de pauvreté ( Torres & Marques
2001).
Une seconde approche, critique de la
première dans la mesure où elle récuse l´idée de faire de la
pauvreté un attribut seulement socio-économique,
propose de cartographier l´exclusion sociale, notion qui
inclut aussi bien les droits sociaux (accessibilité
à la sécurité, à la
justice, à la citoyenneté et à la
représentation politique, etc) [15] que les biens
matériels, et qui est étroitement
reliée à l´exclusion territoriale
(Rolnik, 2000 ; Sposati et al 1996). Cette perspective permet
de questionner la dimension politique, et de considérer les
zones péri urbaines non seulement comme des zones aux
infrastructures défaillantes, mais
surtout ignorées sciemment par les investissements
publics.
Si l´outil
démographique a permis de distinguer une zone
péri-urbaine en forte croissance, la morphologie de
São Paulo explique sa logique d´inscription
spatiale.
La dynamique de peuplement
périurbain concerne l´occupation
illégale et anarchique d´espaces
inoccupés, soit parce qu´ils sont
protégés, soit parce qu´ils sont
accidentés. Il s´agit au nord, des aires
protégées de la Mata Atlantica, dites zona
de preservação ambiental na regão norte
(ex Serra de Cantareira) ; au sud, des rives des
réserves d´eau, les represas,
dites zonas mananciais ; des bords des
cours d´eau (curso d´agua) et
des espaces verts intersticiels entre deux communes.
La croissance
péri urbaine fait donc fi des soit disantes
frontières naturelles de São Paulo, les
forêts et lacs[16]. Sur les terrain les
plus hostiles, insalubres et dangereux –sur des
dénivelés impropres à la construction
et propices aux éboulements- , une population
s´amasse aux portes de la ville. Ces terrains appartiennent
à ‘la zone rurale’[17] de la ville,
même si le paysage qui émerge, favelas
bourgeonnant au milieu de la forêt tropicale, ne propose pas
une inclusion du rural et de l´urbain. En
l´occurrence, il semble plutôt décliner
un type d´urbain[18], et pouvoir
être qualifié d´urbain
périurbain précaire’[19].
Paradoxalement, c´est bien parce que ces zones sont
considérées comme rurales et qu´elles
sont donc ignorées par les promoteurs immobiliers et les
contrôleurs fiscaux que des favelados
peuvent s´y installer. Il est important de noter
que les populations qui se favelisent ne sont en
général pas des ruraux, mais des exclus de la
ville.
Certes,
la ceinture de São Paulo présente, mais
à une
moindre échelle, des zones ‘mixtes’,
où la
‘poussée’ urbaine n´est pas
fondatrice, et
où d´anciennes zones rurales entourant
la ville sont
progressivement absorbées, donnant à voir des
paysages
plus hybrides. Ce type de périurbain
(qualifié de in-place peri urban, cf.
Note 19) est plus spécifique des décennies 50
à 80. Il s´est constitué par la
progression de la ville qui a empiété sur son
ancienne ceinture verte. L´extension urbaine avec
l´installation des classe ouvrières
s´est en effet poursuivie au détriment des
anciennes fermes et des vilas qui avaient toutes
leur jardin et leur poulailler (cf. Souza, M.V. 2003) tandis que se
précisaient le passage des banlieues aux
périphéries et un nouveau type de ségrégation centre-périphérie (Caldeira). La ceinture
verte, pour des raisons à la fois démographiques
et économiques, a progressivement disparu et ne demeure que
par petites enclaves. Il existait, en
particulier dans la zone sud-ouest, une ceinture horticole
(Cotia, Embu, Cruz) qui a périclité à
la fin des années 80[20]. Outre ces enclaves
cultivées, s´est développé
un marché de haut standing à partir
d´anciennes fermes reconverties en résidences de
week-end (sitio,
chácara de veraneio) pour les urbains
stressés désireux d´échapper
à la ville, et des ensembles résidentiels pour
les classes moyennes et hautes (condominios fechados).[21] De sorte
qu´on obtient un second type de paysage péri
urbain, hybride, mixte de petits terrains cultivés,
fermettes, lotissements et résidences de standing, avec, aux
interstices
et sur les terrains non contrôlés, les
favelas : paysage qui reproduit aux frontières de
la ville l´espace de ségrégation
caractérisant les mégapoles
brésiliennes où se côtoient ghettos
riches et enclaves misérables.
-
Nommer
le périurbain :
à la recherche d´un outil descriptif pertinent
Précisément, il semble
plus pertinent de parler des interstices, de la frontière
urbaine (fronteira urbana) [22],
de la ‘marge
de la tache urbaine’[23], de
‘péripérie de la
périphérie’, de l´hyperpériphérie (hiperperiferia)
que du périurbain pour qualifier ce espaces
précaires et illégaux d´occupation
récente. De fait, le concept de périurbain semble
actuellement peu utilisé dans la réflexion des
urbanistes et géographes sur les mégapoles
brésiliennes, pour deux raisons principales :
D´une part, le
périurbain
en réfère à la
géométrie de la ville. Il rend ainsi plus
difficile l´analyse de zones pauvres à forte
croissance démographique qui ne sont pas
localisées dans la périphérie [24].
Les
frontières urbaines peuvent être
‘internes’ à la municipalité,
bien que en l´occurrence,
dans le cas de São Paulo, elles soient majoritairement
externes. En revanche ce n´est pas le cas à Rio,
où les poches de pauvreté (bolsões
de pobreza, expression de Sposati, 1996) grandissent aux
interstices des quartiers riches.
La seconde limite
de la notion de ‘périurbain’ est
qu´elle
associe systématiquement pauvreté et
périphérie, or
l´hétérogénéité
sociale de
celle-ci, l´existence de ‘poche de
richesse’ (bolsões de riqueza)
c´est-à-dire d´enclaves plus
aisées dans des périphéries pauvres,
et le phénomème récent de la
multiplication des condominios de luxe aux abords des
métropoles (Caldeira 2000) montrent que
l´association doit être relativisée. Par
conséquent, la notion de ‘frontière
urbaine’ permet de distinguer à
l´intérieur de la périphérie
même des zones de grande précarité,
sans englober tout le périurbain, concept trop
homogénéisant.
Il s´agit donc de
dépasser la dichotomie
‘centre-périphérie’( les
classe riches dans les aires centrales, les classes pauvres dans les
périphéries distantes) qui a bien
exprimé le modèle de
ségrégation socio spatiale de São
Paulo jusque dans les années
80, mais ne caractérise plus
l´évolution actuelle. En effet, le nouveau
modèle s´exprimerait plutôt par des
enclaves fortifiées[25] d´un
côté et des zones d´occupation
misérables de l´autre (Caldeira),
modèle qui creuserait le fossé dans
l´espace de la citadinité.
Cela dit, il nous semble difficile
d´écarter le critère spatial de la
localisation dans la réflexion sur le périurbain.
Car ce sont bien dans les zones de ‘limite’
urbaine, ou de ‘frange’ urbaine, que se cristallise
la problématique péri urbaine : sur des
terrains qui se trouvent à la limite administrative des
municipalités, qui appartiennent de ce fait à la
ceinture verte de la ville, au titre de propriété
quelquefois ambigu, qui désintéressent.
Là se mêlent des critères
administratifs, de géo morphologie, et bien sûr
les critères socio-démographiques
cités plus haut. Une partie du périurbain
appartient encore à la commune de São Paulo (le
municipio) et c´est sur celui-là que
nous nous attarderons; une autre concerne la marge de la
Région Métropolitaine.
Parmi les concepts les plus
utilisés, sont ceux de
‘hyperpériphérie’ et de
‘frontiére urbaine’ ( CEM ) pour
qualifier des zones qui réunissent un certain nombre de
caractéristiques :
-une croissance
démographique
supérieure à celle de la région
immédiate
-des indices
socio-économiques
très bas
-une instabilité et un
conflit sur
les droits d´occupation de la terre
-une présence publique
faible, avec
un accès médiocre aux équipements
publics
-une dégradation environnementale
On se permettra d´ajouter
à cette liste un élément important,
qui n´apparaît qu´en filigrane dans cette
caractérisation :
Le
manque d´activité économique
in situ, d´où
découle la problématique de
l´informalité (petits métiers de
revente de produits de consommation, petits services, marché
informel de la construction, etc.), source
quasi unique de revenus.
De l´absence
d´activité économique,
découle également la problématique de
la mobilité : la défaillance des
transports urbains, la carence de l´accessibilité
des populations péri-urbaines au marché du
travail transforme le quotidien en enfer, tant le temps de
déplacement vers le lieu d´activité
prend des proportions importantes (en moyenne 4 heures par
jour).
Autre
élément, conséquence de
l´isolement de ces zones périurbaines :
enclaves non desservies, inaccessibles autrement que par une population
vivant dans des conditions extrêmes, ces espaces sont des
zones de violence, où s´installent
fréquemment les réseaux de trafic de drogue, ce
que favorise l´absence de toute infrastructure de
sécurité ( poste de police, etc).
La
notion de frontière peut donc être
géographique, ou administrative ( à la limite des
municipalités) ou même symbolique – au
sens ou l´entend P. Bourdieu- comme dans le cas de
périmètres de sécurité.
Cette notion de frontière marque un territoire et
suggère le conflit potentiel entre des habitants de
différents niveaux sociaux
Ces
notions forgées à partir d´une
réflexion démographique, sont des outils utiles
pour le sociologue qui peut ainsi qualifier un
extrême de la
‘vulnérabilité’ et de
`l´exclusion’ de la ville
‘légale’. Parce que le
périurbain de la
mégapole brésilienne désigne un
phénomène récent de concentration de
la
précarité, de la vulnérabilité
et de l´exclusion, on va tenter
d´appréhender son inscription
dans le territoire urbain. Pour cela, on examinera les dynamiques
économiques et immobilières qui
président à sa formation.
B.
Les
mécanismes de constitution du terrtoire
périurbain : restructuration
économique, défaillances des logiques
foncières et immobilières
1.
Le
contexte de restructuration productive de São
Paulo : le périurbain comme favela dortoir
Pour
comprendre comment
se noue la question péri-urbaine à São
Paulo aujourd´hui, il est important de comprendre le contexte
socio-économique des dernières décennies. Les années 50-60 sont les
‘Trente Glorieuses’ de São Paulo, qui
présente alors une activité industrielle en forte
croissance ( métallurgie, mécanique -
São Paulo se rend célèbre pour la
construction automobile, électricité,
communications, habillement, chimie) dans la ville même comme
dans sa périphérie, qui attire une population de
migrants candidats à l´emploi. Celle-ci se
caractérise par les possibilités
qu´elle offre à sa population ouvrière
d´acheter à bas coût des terrains pour
la construction d´une maison individuelle (casa
propria). Cette périphérie de
proximité, qu´on qualifie aujourd´hui de
‘périphérie
consolidée’, s´étend dans un
rayon de 10 à 25 km du centre dans les zones est et ouest,
et est proche des sites industriels. Elle est peuplée de
petites maisons individuelles modestes, et des premiers grands projets
de logement publics.
Depuis la fin des
années
70, la crise économique d´un pays qui doit payer
ses dettes secoue la ville et exige la rationalisation de sa
production. La base industrielle s´effrite, fuit les
syndicats trop puissants, la tertiarisation se développe[26],
la ville entre dans
une phase de ‘restructuration productive’ qui a des
conséquences territoriales importantes : le centre
se redéploie, l´ancienne base industrielle de la
périphérie immédiate se
paupérise, en particulier la ceinture automobile de ABC[27].
Depuis 20 ans,
la population de bas revenus de São Paulo se voit
rejetée dans une périphérie de plus en
plus lointaine, là également où les
migrants continuent d´affluer. La ville est donc
passée d´un modèle
d´extension horizontal à un modèle d´occupation intensive de
l´hyperpériphérie.
Cette dernière propose un profil différent de la
périphérie consolidée : elle
se caractérise par l´occupation
illégale et favélisée
de terrains protégés, selon un axe de
densification démographique nord et sud. Comme on va le
voir, des logiques foncières et immobilières
singulières expliquent un type d´habitat
très différent, qui oppose les lotissements
populaires (avec maison individuelle autoconstruite) des
années 50 et 60 et les favelas actuelles.
2. Les logiques foncières et
immobilières du périurbain : favelas et
abandon
Le
modèle d´accession
à la terre et au logement a en effet
évolué de la période de croissance
à celle de la crise. Dans les décennies 50, 60 et
70, la périphérie s´est construite
selon le modèle des lotissements clandestins (loteamentos
clandestinos) : les terres des grands
propriétaires, comprenant souvent une zone de
forêt, étaient vendues sur un marché
informel, sans que soit respectée la procédure
administrative obligatoire. Sur des ‘lots
clandestins’, les acheteurs auto construisaient leur baraque
( dans 70% des cas), mettant souvent une quarantaine
d´années à construire le
deuxième étage. De fait, les lotissements sont
irréguliers[28] car ils ne sont pas aux
normes, et illégaux, car ils ont été
construits sans autorisation. S´en suivait une
régularisation des biens fonciers à posteriori
(cf. amnisties municipales). Le problème
structurel de ces lots clandestins est la
médiocrité des infrastructures. Il
n´existe souvent pas de routes (même si le contrat
de vente est en principe subordonné à la
construction de voies d´accès viables), pas
d´eau courante, pas
d´électricité. Ce n´est que
très progressivement,
et grâce à l´action des associations
d´habitants, que les infrastructures se mettent en place.
Ce
modèle de la casa propria est
fondé sur le trinôme : lotissement
périphérique, maison individuelle,
autoconstruction. Il a
caractérisé les dynamiques
périphériques
des années 40 à 70, et
a été largement promu par les politiques
publiques, sous
l´impact de 3 facteurs : migrations,
pénurie du logement locatif (entre autres dûe au
gel des loyers entre 1942 et 1964 selon la Lei do Inquilinato),
et développement des transports en commun dont les bus. Il
est à noter que les politiques de régulation
publiques trouvent déjà leur limite, produisant
souvent des effets pervers. Par exemple la Loi Lehman [29]
et la loi de
1972 qui conditionne l´octroi de la vente du
lotissement à l´exécution
des travaux
d´infrastructures à la charge du lotisseur a eu
pour conséquence la croissance de la ville clandestine[30]. La nouvelle loi de
1981 se trouve obligée de réduire les exigences
techniques et de procéder à la
régularisation systématique des lotissements
clandestins.
Avec la
crise,
la baisse de revenu des populations ouvrières, la pression
migratoire et l´acuité du problème du
logement, vont se développer deux autres formes
d´habitat précaire : les favelas[31]
et les
cortiços.
A partir de la fin des
années 70, le phénomène
‘d´invasion collective’ de terrains
privés et publics ou semi publics (aires de la périphérie reservées aux voieries, espaces verts et
équipements collectifs) se développe[32].
Ces ‘occupations’ illégales (occupação
est le terme employé par les habitants
eux-mêmes)
sont quelquefois organisées et
politisées[33], elles sont
souvent
anarchiques.
Prenons l´exemple de
Keralux, terrain situé
à la limite
administrative de São Paulo (au nord du district de Ermelino
Matarazzo) et de Garulhos (municipalité à forte
croissance économique où se trouve
l´aéroport international), sur un terrain
privé, ancienne friche industrielle des bâtiments
Keralux qui lui ont donné son nom, mitoyen du parc
écologique Tietê, bordé par le fleuve
Tietê et par la grande route Dutra au nord, par la
voie chemin de fer au sud. Soudain laissé vacant il y a 10
ans, ce terrain a été rapidement envahi, le
bouche à oreille avisant de sa disponibilité.
Aujourd´hui c´est une zone d´occupation
illégale de petites maison de brique et de tôle,
abritant environ 2000 familles, soit 8000 à 10 000
personnes, aux infrastructures très précaires.
Outre les Nordestins, quelques Paulistains s´y sont
installés, attirés par la proximité de
l´activité économique
générée
par l´aéroport.
Les autorités
municipales n´ont pas
réussi à déloger les habitants de
Keralux, le propriétaire continue de réclamer.
Même si aujourd´hui les favelados
de Keralux commencent à s´organiser pour demander
la réhabilitation[34] , ce terrain est en
péril : situé à
côté du nouveau campus de la USP Leste
(Université de São Paulo, Campus de la Zona
Leste), il est à penser qu´il va
intéresser des promoteurs au détriment des plus
pauvres.
A 500 mètres
de là, en face de Keralux,
s´étend la favela Pantanal, une des zones de
misère les plus violente de la Région :
sur cette aire dont le nom fait référence au
vaste marécage situé dans le Mato Grosso
brésilien, située à la limite des
districts de Ermelino Matarazzo et de São Miguel du
côté de la ville de São Paulo et de la
ville de Garulhos de l´autre, vivent près de 70
000 familles, dans un état d´extrême
précarité, sans aucune infrastructure. A
l´origine de cet abandon, un
imbroglio
administratif : officiellement rattachée
à la municipalité de Garulhos, cette zone
s´est ensuite tournée vers São Paulo
lors de la construction de la voie rapide ‘rodovia dos
Trabalhadores’ et du changement de tracé du
fleuve. Dans la pratique, elle n´appartient plus à
Garulhos mais administrativement ne fait pas partie de São
Paulo : les citadins qui
l´habitent sont sans cité et totalement
ignorés par les pouvoirs publics.
A
deux pas, de l´autre côte du nouveau campus et le
long du parc écologique, une ferme abrite 50 têtes
de bétail, dont le lait se vend localement.
Autre
exemple, celui des berges de réserves
d´eau de Guarapiranga (v. Lucio Kowarick).
Situé à l´extrême
sud de São Paulo, dans la région de Campo Limpo,
à la limite des municipalités de Itapecerica da
Serra, Taboão de Serra, Embu, s´est constitué
un territoire ‘urbain
périurbain’ de 1 million de personnes.
Dans les années 70, cette région
ouvrière abritait un ensemble de petites maisons
individuelles autoconstruites sur des terrains achetés bon
marché et régularisés
a posteriori ( voir infra). La classe populaire qui
l´habitait a vécu la crise des années
80 de plein fouet. Ainsi, des grosses industries comme Caterpillar ont
quitté la région, d´autres comme Caloi
ont réduit drastiquement leur main d´oeuvre.
S´y sont développés chômage
et travail informel sur fond de revendication
ouvrière.
La population la plus touchée,
les
chômeurs et les nouveaux migrants, se sont
déplacés sur les zones non
contrôlées de Campo Limpo, dans les
‘protected water source areas’,
zones illégales[35]. Ces zones de
forêt ne possèdent aucune infrastructure pour
accueillir de l´urbain, et représente une zone de
risques pour les nouveaux occupants.
Aujourd´hui, on estime
à
700 000 le nombre d´habitants sur le réservoir de
Guarapiranga, dont 50 000 dans les limites de la
municipalités de São Paulo. Les indices de
développement sont dramatiques : par exemple
‘Jardim Ângela’ est le district
possédant le plus fort taux de mortalité
infantile (134/00 habitant) et le plus fort taux d´homicide
de la ville[36] ;
il
apparaît comme le quartier le plus problématique
sur la carte de la vulnérabilité sociale de
São Paulo.
La
plupart du
temps l´occupation illégale
a un coût : il faut payer les grileiros,
intermédiaires
‘parasites’ revendiquant la
propriété de terres qui ne leur appartiennent
pas, et qui divisent les terrains en lots pour les vendre à
bas prix à des acheteurs souvent de bonne foi. Les terrains
du jardîm Angela ont ainsi été
parcellisés et redistribués par des grileiros.
Les terrains sont souvent de terrains à destination rurale,
lieu d´implantation de fermes (chácaras)
qui sont alors démembréees et
dénaturées pour
un usage résidentiel précaire, ou
rassemblées en plusieurs lots pour servir à la
construction de condominios. Le délit de grilagem[37]
(la division et vente
irrégulière), réfère
à cette pratique tout à fait
spécifique du marché foncier brésilien
et montre bien l´importance des mécanismes
spéculatifs dans la production des territoires
d´exclusion.
Troisième
type d´habitat
précaire qui se développe de manière
concomitante à la crise : les cortiços.
Contrairement aux favelas et maisons individuelles, cette forme de
logement populaire appartient au parc locatif[38]. Outre les
anciennes
constructions ouvrières exigües et sommaires, se
développe un
nouveau marché de cortiços, sous la forme de
‘rajouts de toutes sortes aux maisons autoconstruites dans
les lotissements périphériques’( Sachs,
75). En 81, il y aurait presque 40% de la population de la
grande périphérie de São Paulo
habitant les cortiços , chiffre cependant sur
estimé selon C Sachs (p 78) .
Entre ces trois formes d´habitat,
lotissements clandestins, favelas, cortiços, surgissent des
formes hybrides qui montrent un dynamisme extrême du
très précaire et une intelligence de la
débrouille. Par exemple dans les année 90
apparaît un nouveau modèle de
condominios populares (des îlots informels qui
réunissent quelques familles sous forme
d´appropriation en copropritété). Autre
exemple, l´évolution de la structure des logements
dans les favelas de São Paulo : depuis une
décennie les baraques se ‘verticalisent’
et de plus en plus présentent trois ou quatre
étages, nouveauté pour un type de construction
qui en possédait deux au maximum. En effet, avec la nouvelle
topographie de la favelisation, à flanc de collines, en
pleine forêt, se développe un marché
des lajes ( traduit par
‘dalles’, toit de ciment des maisons
autoconstruites, espace social qui laisse ouverte la
possibilité de construire un étage de plus dans
le futur) : un type de favela que São Paulo
découvre, tandis que Rio le pratique depuis longtemps.
Outre
des
logiques foncières et immobilières, des logiques
économiques et mercantiles différentes opposent
les
périphéries de São Paulo. La
périphérie
‘consolidée’ se
‘gentrifie’,
donnant à voir des indices bien visible de
changement : le
marché immobilier conquiert progressivement les
terrains
de la Zona Leste, avec ses gratte ciel et son modèle de
consommation de masse - chaînes de supermarché,
fast food
- alors que l´hyperpériphérie
récente est
évidemment ignorée par ce type
d´intérêts spéculatifs.
C.
Contrôler
la croissance péri urbaine : défi
environnemental, politique et administratif
1.
Droit
de l’habitation versus droit de l´environnement
Cette
hyperpériphérie, outre qu´elle
concentre les indicateurs d´exclusion sociale les plus bas de
São Paulo, concerne les espaces aux plus forts risques
environnementaux, autre critère de la
vulnérabilité selon le CEM (Torres 2001). Il y a
ainsi une forte corrélation spatiale entre les poches de
pauvreté et la nature des terrains occupés,
inondables, aux pentes à l´inclinaison
égale ou supérieure à 50% et donc
dangereux[39], non desservis par les
réseaux d´eau potable.
De
fait, la croissance incontrôlée d´un
habitat trés pauvre dans des zones insalubres, sur des
espaces inconstructibles, sur les fameux morros
(tertres), à flanc de collines sur des zones
propices aux éboulement de terrain en particulier lors de
pluies (fortes de fin novembre à mars) ou encore sur les
berges des fleuves, présente un double
défi environnemental. En effet elle est en soi un risque
pour la population concernée, mais elle est aussi cause de
dégradation rapide pour l´environnement alentours
: déchets non collectés, eaux
souillées des réserves et des fleuves sont autant
de bombes à retardement. Pour exemple, la population vivant illégalement sur
les rives des réserves Billings et Guarapiranga, qui
fournissent 20% de l´eau consommée dans la RMSP
déverse environ 10 millions de litres de déchets
dans l´eau chaque jour, créant des
problèmes environnementaux dramatiques.
Les intérêts divergents
viennent envenimer le problème et pose des questions de
gestion sociale : droit à l´habitat
versus droit de l´environnement, intérêt
privé versus intérêt public, pollution
par l´urbain vs besoins des agriculteurs, etc.
L´inégalité de
l´accès à la terre,
problématique fondamentale, est différemment
prise en compte par les acteurs publics, qui ont des politiques de
gestion plus ou moins sociale, mercantile ou des
préoccupations écologiques. Ainsi dans la
région des réserves du Sud, s´opposent
l´administration municipale des transports, qui
achève actuellement d´installer une ligne de bus
dans la région et les environnementalistes.
Sous-jaçent au conflit se profile une opposition de nature
politique entre les pouvoirs en place (secrétariat municipal
de l´Environnement -Meio Ambiante et desenvolvimento
sustentavel) d´orientation travailliste (PT) et les
partisans opposés. De fait la région est une
banque de vote PT et a ‘gagné’
sa ligne de bus. Les pouvoirs municipaux affirment que le
désenclavement ne favorisera pas les ‘invasions
clandestines’[40].
2. La politique de logement
insuffisante et politisée
Questionner
les politiques publiques,
c´est poser la question non seulement des actions ponctuelles
(politiques de logement, de transport, équipements, etc.),
mais aussi celle, en amont, du plan de développement de
São Paulo.
Concernant la politique de logement, deux types
d´actions doivent être
distinguées : la location sociale pour les bas
revenus, la régularisation foncière.
Les
politiques visant directement la
viabilisation des favelas ne se met en place que dans les
années 80 et n´arrivent pas à
maîtriser ce phénomène de croissance
anarchique du périurbain. Une des réponses
possibles, les logements populaires de la COHAB (Compagnie de
l´habitat), qui fonctionnent sur la base de
‘locação social’,
n´absorbent qu´une petite proportion des revenus
modestes et du reste n´atteignent pas le segment des plus
pauvres[41].
Pour
faire du logement décent une
priorité, et donc rendre viable une partie du
péri urbain, il faudrait une gestion concertée de
l´espace urbain et une redéfinition en amont des
priorités sociales. De fait, la Constitution
brésilienne de 1988 a défini un Statut de la
Ville (Estatuto da Cidade) -qui
n’est devenu loi fédérale
qu´en 2001- promettant de faciliter
l´accès à la terre et aux logements
pour les couches les plus populaires, grâce à
l´application de plans directeurs et de nouveaux instruments
de financement [42].
En principe chaque ville élabore un plan directeur qui
s´oppose à la rétention
spéculative et
gère l´attribution des terrains vides. En
l´occurrence, tout terrain vide peut être
défini
comme ‘zone spéciale
d´intérêt
social’ (ZEIS) et se voir destiné à la
construction
populaire ; les pouvoirs publics peuvent concéder
le droit
de propriété aux résidents
d´habitations
construites sur des aires publiques depuis plus de 5 ans. La
mobilisation des pouvoirs publics pour faire accepter ce statut de la
ville est récente ; le
Ministère de la ville
qui a pour mission de le faire respecter n’a que 2 ans
d´âge.
En ce sens, les
récentes politiques de logements de la
municipalité de São Paulo se veulent plus
englobantes, embrassant à la fois les
problématiques du Centre et celles de la
périphérie : la récente
politique de réhabilitation des logements dans le Centro,
qui permettrait de soulager les région de la grande
périphérie de São Paulo[43].
En outre,
nombre d´études
de cas montre le rôle clé de
l´appartenance politique de la municipalité. Ainsi
Diadema, municipalité de la RMSP, forte du dialogue ouvert
entre les associations d´habitants et des instances
municipales depuis les années 80, a mis au point une
politique d´urbanisation des favelas et de promotion des
ZEIS, permettant aux coopératives
autogérées d´acheter les terrains et de
viabiliser les logements. Le résultat de cette politique
sociale est l´amplification du marché formel
à destination des revenus les plus bas, la
priorité de l´occupation de l´espace
disponible pour des conjunto habitacionais, et, de
fait, la maîtrise de l´expansion urbaine de la
périphérie de Diadema.
A
l´inverse, des
municipalités de la Région
Métropolitain de São Paulo ont
privilégié le dessein touristique ou industriel
des terrains qui auraient pu être destinés au
logement populaire, avec pour conséquence la croissance
dramatique de leur hyperpériphérie.
3. Quand penser le périurbain exige
une nouvelle vision politique du développement urbain
Enfin, sont mises en cause les structures
administratives qui articulent ces politiques et qui sont apparemment
le maillon faible. La nécessité de mettre en
place de nouvelles structures pour canaliser cette croissance
péri urbaine chaotique ne fait aucun doute.
La décentralisation de 1988,
créant et autonomisant 38 municipalités dans la
RMSP, indépendamment d´avoir permis un
fonctionnement plus démocratique, semble avoir eu un effet
pervers en multipliant les acteurs. Le problème majeur
actuellement est en effet celui d´une concertation pour une
politique commune qui obligerait les municipalités
à une gestion coopérative des
problèmes métropolitains (gestion de
l´eau, questions sanitaires et environnementales). Or le
poids inégal de São Paulo et les affiliations
partisanes limitent la concertation : alors que plusieurs
municipalités sont concernées par les
problèmes qui se développent à leur
frontière, elles sont dans l´incapacité
de mettre en place des politiques communes. Les communautés
de communes sont rares : outre l´exemple
d´ABC (V. note 27), une initiative de gestion commune des
question de sécurité publique réunit
les 39 municipalités de la Région
Métropolitaine depuis 2001[44].
Au delà de la question politique et
administrative, une nouvelle façon
d´appréhender l´espace de la RMSP est en
jeu.
D´une
part, il ne s´agit
plus seulement de penser la ville, mais de considérer la
métropole dans son entier et l´articulation des
communes entre elles, puisque ce sont sur les frontières de
celles-ci que se joue la question péri-urbaine.
Par ailleurs,
la dynamique de
développement de São Paulo doit être
repensée : dans la mesure où les zones
à protéger sont au nord et au sud, il est
nécessaire de développer une nouvelle logique de
mobilité Est-Ouest ( à l´inverse du
réseau Nord-Sud du métro actuel ). Dans le
même sens, il est nécessaire de
redéployer les accès
intra-périphérie selon une logique de transport
annulaire ou
circulaire qui rompe avec l´actuelle logique
centre-périphérie.
Autant dire que la
nécessité d´une nouvelle vision
territoriale intégrée de São Paulo,
où le périurbain est un
élément clé,
s´avère urgente. Le 31 octobre dernier, la
Municipalité de São Paulo, administrativement en
charge de la conception et de l´application du plan
directeur, a changé de tête : le parti
travailliste a laissé place au PSDB. Vamos ver[45].
Bibliographie
- Bourdieu,
Pierre, Le sens pratique,
Paris, Ed. de Minuit, 1980
- Caldeira,
Teresa Pires do Rio,
Cidade dos Muros – Crime, Segregação e
Cidadania em São Paulo, Edusp, 2000
- Dureau,
Françoise & alii, Métropoles
en mouvement, Paris, Economica, 2000 (v. Articles
de Helena Menna-Barreto Silva)
- Journal
da USP, Universidade de São
Paulo, 23-29 juin 2003, no 646
- Iaquinta
David L. & Drescher
Axel W., Defining Periurban : understanding
rural-urban linkages and their connection to institutional context,
Paper presented at the Tenth World Congress of the International Rural
Sociology Association, Rio de Janeiro, August 1, 2000.
- Kowarick,
Lucio, Housing and Living conditions
in the periphery of São Paulo : an ethnographic and
sociological study, Centre for Brazilian Studies, universtity of
Oxford,
Working Paper number CBS 58 04 march 2004
- Mautner,
Yvone “A periferia como fronteira de expansão do
capital”, in Schiffer, Sueli Ramos & Deak, Csaba
(orgs.), O processo de urbanização no
Brasil, São Paulo, EDUSP/FUPAM, 1999
- Marques,
E & Torres, H, São Paulo no contexto do
sistema munidal de cidades, Novos Estudos CEBRAP 56, 2000
- Pinto
da Cunha, José Marcos
& Dedecca Slavadori, Claúdio,
Migração e trabalho na Região
metropolitana de São Paulo nos anos 90 : um
abordagem sem preconceitos, Revista Brasileira de Estudos de
População, v. 17, n.1/2 ;
jan/dec 2000
- Pochmann,
Marcio & alii,
Reestruturação
Produtiva,
São Paulo, Editora Vozes, 2004
- Prosperi
Meyer, Regina Maria & alii, São
Paulo Metropole, São Paulo, Edusp, 2004
- Rolnik,
Raquel & Bonduki Nabil, Formação
da periferia da Grande São Paulo, 1978
- Rolnik,
Raquel, A cidade e a lei,
FAPESP, 1997
- Rolnik,
Raquel, Impacto da
aplicação de novos instrumentos urbanisticos em
Cidades o Estado de São Paulo, Revista Brasileira
de Estudos de População, n.2 ;
março 2000
- Rolnik,
Raquel,
Reestruturarão urbana da
metrópole paulistana : analise de
territórios em transição,
Relatório de pesquisa,
PUC-Campinas/ Fapesp, 2001
- Sachs
C., Politiques
publiques et habitat populaire, Paris, Editions de la Maison
des Sciences de l´Homme, 1990
- Schiffer
S (dir), Globalização e estrutura urbana,
Fapesp, ed Hucitec, 2004
- Souza,
M. V. –
Colonizando a Periferia –
Dissertação de Mestrado, Programa de
Pós Graduação em Arquitetura e
Urbanismo – São Carlos, 2003
- Sposati,
Aldaiza & alii, Mapa da exclusão social da
cidade de
São
Paulo, São Paulo : Educ, 1996
- Sposati,
Aldaiza, Cidade em Pedaços.
São Paulo, Ed. Brasiliense, 200
- Telles,
Vera, Projeto de pesquisa “Cidade,
trabalho e seus territorios : um estudo sobre a mobilidade ocupacional
e reconfiguraçoes urbanas na cidade de Sao Paulo,
2003
- Théry,
Hervé,
Le Brésil, Armand Colin, 2000
- Torres,
Haroldo de Gama 2003, Pobreza
e espaço, Padrões de segregaçaoes em
São Paulo, IEA/USP, vol 17, p 97-128
- Torres,
Haroldo de Gama, Fronteira Paulistana,
communication présentée à la 4e
Encontro Nacional Estudos Populacionais, MG, Bresil, sept 2004
- Torres,
Haroldo de Gama, & Marques Eduardo Cesar,
Reflexões sobre a hiperperiferia, Estudas Urbanos
e Regionais numero 4/ maio 2001
- Torres,
Haroldo de Gama, & Marques
Eduardo Cesar & Saraiva Camila, Favelas no Municipio de
São Paulo,
Revista Brasileira de Estudos de População,
v. 5. n 1; jan/dec 2003
Je tiens à remercier vivement pour
les entretiens qu´ils m´ont accordé
Anderson Kazuo Nakano (Ministerio da Cidade), Haroldo de Gama Torres
(CEM), et Mônica Virgilio de Souza (USP).
[1] Le grand quotidien Estado
de
São Paulo a
changé sa maquette le 17
octobre dernier : son cahier Cidade a
été significativement rebaptisé Metropole.
[2]
Il
est ici
question de l´aire
géographique centrale de São Paulo et non du
‘Centro’, une des cinq
‘régions’ (regões)
administratives São Paulo, centre historique
aujourd´hui délaissé par les
stratégies résidentielles et que la
Préfecture a decidé de réhabiliter (
cf. Note 47).
[3] Selon Théry,
2000, p 125.
[4] São
Paulo :
10,6 millions d´habitants ( 1,5 000 km2)
Région
métropolitaine de São Paulo,
créé en 1967, compte 8,2 millions
d´habitants répartis dans 38
municipalités (6 5 000 km2) .
[5]
Le Center for Studies of Metropolis, CEM-CEBRAP, estime que la
population vivant dans les favelas de São Paulo
est de
1.161 millions, soit 292 000 domiciles, 96% connecté
à un
réseau d´eau, la moitié à un
système
d´égout, 82% à un système de
collecte de
poubelles.
[6]
L´argument
de Torres est que la
périphérie de
São Paulo s´est modifiée
depuis les
années 70. Sous ce terme qui
référait
à la géomorphologie urbaine, on rassemblait les
quartiers
extérieurs, relativement homogènes,
habités par
une classe ouvrière à bas revenu et vivant dans
des
conditions précaires. Aujourd´hui, il est
difficile de
parler d´une périphérie tant elle est
hétérogène,
présentant des zones
d´extrême vulnérabilité, qui
ne sont pas
forcément occupées par une ancienne classe
industrielle,
et qui concentrent des indicateurs socio- économiques encore
plus bas.
[7]
Sur les 96 districts de la ville, 54 connaissent actuellement un taux
de croissance négatif, or ce sont les plus centraux et les
mieux dotés en infrastructures ( Estado
de
São Paulo,
18.10.2004, A 5).
[8] Par
exemple, en contrepoint de cette croissance, certains des espaces du
centre se vident, comme la région d´Ipiranga, sur
les rives du fleuve Tamanduatei, bastion industriel traditionnel,
aujourd´hui en friche.
[9] Dans
les années 70, la différence entre les
entrées et les sorties révèle um solde
positif de 2,2 millions de personnes, alors que dans les
années 80 , il propose um solde négatif de 36 000
personnes ( Pinto & Dedecca).
[10]
La baisse du flux
de migrants est surtout le fait des relations avec
les Etats voisins de celui de São Paulo, Paraná
et Minas Gerais, dont les flux se redirectionnent en
particulier dans les villes respectives de ces Etats. Ainsi dans la
décennie 70, le flux de migrants était
composé de 53% de nordestins (Etats de Maranhão,
Piauí, Ceará, Rio Grande do Norte,
Paraíba, Pernambuco, Alagoas, Sergipe, Bahia), 17% en
provenance du Minas Gerais, et 17% de Paraná, 13%
d´autres Etats; dans la décennie 80, la proportion
est de 66% de Nordestins, 13% originaires du Minas Gerais, et 7% de
Paraná; 14 % d´autres Etats; dans la
décennie 90, elle est de 64% de Nordestins, 12% du Minas
Gerais et 7% du Paraná, 17% d´autres Etats. On
remarque que la proportion des migrants du Nordeste ne diminue pas
– même si elle baisse en volume- et constitue plus
de 60% des flux, or ce sont les migrants au profil
socio-économique le plus pauvre ( Pinto & Dedecca).
[11]
Deux méthodes de calcul principales permettent
d´évaluer la ligne de pauvreté. La
première utilise le critère
international du 1 dollar par
jours. Avec le taux de
change actuel (2, 32 Reais pour 1 dollar en septembre 2004), on obtient
69, 60 Reais par mois et 299, 28 Reais par famille (Un foyer en moyenne
est constitué de 4, 3 personnes). La seconde est celle du
gouvernement brésilien : est
considérée comme pauvre la population avec
un revenu par
tête mensuel de moins de la moitié d´un
salaire minimum – actuellement de 260 Rs ; et comme indigente
celle vivant avec un revenu de moins du tiers du salaire minimum.
En
2000, 12% de la population de la commune de São Paulo et 14%
de celle de la RMSP vivent sous la ligne de pauvreté. Il est
à noter que le revenu mensuel par tête dans la
région est nettement supérieur à celui
du Brésil dans son ensemble ; il est en
moyenne de 610 Rs à São Paulo, et de 508
Rs dans la RMSP en 2000. Dans les zones de
hyperpériphérie définies par Torres,
La
moyenne du revenu des chefs de famille est de 335 Rs.
Par ailleurs, 10% les plus riches s´approprient
environ 45% du revenus, et les 20% les plus pauvres 2%. Estado
de São Paulo ,
26. 09. 2004, H3, source :
recensements de l ´IBGE).
[12]
La représentation cartographique n´exclut pas une
réflexion em terme de flux (flux de richesse, flux
démographique, flux de migration) pour
appréhender la dynamique de constitution des territoires.
[13]
Dans la commune
de São Paulo, cette baisse est de 23 % ( de
79,73 Rs à 61,31Rs. Estado
de São Paulo,
26. 09. 2004, H3).
[14]
Les
données chiffrées sont les données
censitaires traitées par l´IBGE,
l´Insituto Brasileiro de Geografia e Estatistica. Les
indicateurs sélectionnés sont le niveau
d´éducation, l´origine de la population,
le niveau de revenu par chef de famille, le type de domicile,
l´équipement et les infrastructures du domicile,
etc., croisés avec les indicateurs de risque environnemental
( zone inondable, inclinaison de la pente, type de
fournisseur-adduction d´eau).
[15]
Pour exprimer
cette notion d´exclusion sociale, un indicateur
se dégage de la matrice incluant les quatre informations
suivantes : conditions d´habitabilité,
localisation, infrastructure disponible et nombre de pièces)
transformé en variables dichotomiques (adéquat/
inadéquat). L´indicateur mesure la pourcentage de
domiciles exclus des conditions d´habitation urbaine minimum,
dans une municipalité donnée ( Rolnik, 2000, p.
75)
[16]
La ville de São Paulo est entourée de
frontières naturelles. Se dressant sur le revers
d´un plateau, elle est sérarée
du littoral au sud par la Serra de Mar,
forêt qui court sur un dénivelé abrupt
d´environ 40 km. Au nord, elle est
entourée par la Mata Atlantica, forêt dense,
poumon de la mégapole.
[17]
Le territoire de
chaque commune brésilienne comprend une
zone urbaine (dotée de services et infrastructures urbains)
et une zone rurale – sur laquelle la commmune ne percoit pas
l ´IPTU, impôt sur la
propriété.
[18]
Si on
définit l´ubain à partir des
trois critères suivant :
-composante
démographique (taille de la population et
densité). On parle d´une ville à partir
de 20 000 habitants au Brésil.
-composante
administrative et infrastructurelle : réseaux de
services urbains
-composante
psychologique : conscience des habitants
d´appartenir à la ville
[19] On
se réfèrera utilement à la typologie
de Iaquinta & Drescher : le chain peri urban
(CPU), consitué par l´installation de migrants qui
viennent en réseau d´un lieu, et le diffuse
in migration (DPU), migration en provenance
d´endroits variables. La migration, qu´elle soit
lointaine comme dans le cas des nordestins, ou proche (migration de
l´Etat de SP) est ici fondatrice, et définit un
type de périurbain urbain et non rural.
Cette
typologie des formes de périurbain nous paraît
d´autant plus intéressante qu´elle
permet de préciser l´articulation entre la
mégapole et sa périphérie, plus ou
moins rurale ou urbanisée, et de mieux cerner les conflits
potentiels, par exemple sur l´utilisation des terres (
tourisme, zone préservée ou
résidentielle), ou sur les intérêts
différents des acteurs (conflits entre la
génération rurale et les nouveaux migrants plus
urbanisés etc.).
[20]
Par exemple,
à Cotia où existait un
réseau de coopératives japonaises, le manque
d´aide fiscale, la promotion d´un autre circuit de
distribution venant des Etats du Nord pour alimenter la ville en
produits maraîchers (CEAGESP), et des raisons sociologiques
(la seconde génération ne poursuit pas le
métier du père) expliquent la disparition de
l´activité agricole de la région.
[21]
V. l´exemple d´une chácara
achetée en 1974 sur les bords de la réserve
Billings et progressivement envahie à partir de 1988.
Préfecture et administration régionale ignorent.
Le journal met en cause le clientélisme politique ( PT) de
la région de la represa Billings. Estado
de
São Paulo,
22.06.2004, C1
V.
également l´exemple de la fazenda sur le futur
terrain du nouveau campus de l´Université de
São Paulo (USP-Leste) et à proximité
du Parc Ecologique Tietê. Là un éleveur
de bétail de voit son terrain
préempté. On est en pleine zone rurale (Estado
de São Paulo,
15.09.2004, C6).
[22]
Elaborée
comme métaphore de la notion de
‘frontière agricole’, la notion de
frontière urbaine a été
utilisée au Brésil pour qualifier
l´urbanisation extensive, la
pénétration croissante du tissu urbain dans le
territoire national à travers les conurbations ou autre
forme d´extension du tissu urbain.
[23]
“Nas
margens da mancha urbana“
(tache, souillure, salissure), image intéressante de la
tache urbaine.
[24]
De ce point de
vue, les deux plus grandes favelas de São
Paulo, Heliopolis et Paraisopolis, dans la zone sud, se
caractérisent comme frontières mais ne sont pas
localisées aux marges de la tache urbaine. Ce sont des
‘poches de pauvreté’
dans des quartiers aisés comme l´est Morumbi.
[25]
enclaves
fortificados
– “que são espaços
privatizados, fechados e monitorados para residência,
consumo, lazer e trabalho nos quais os diferentes grupos sociais
estão próximos, mas estão separados
por muros e tecnologia de segurança”
(Caldeira, 2000).
[26]
Pour une description des mécanismes de restructuration
productive de SP, voir par ex Pochmann et alii, 2004.
[27]
Trois
municipalités situées au sud-est de
São Paulo, Santo Andrè, São Bernardo,
São Caetano, à laquelle on rajoute Diadema,
forment cet ancien bation automobile, et sont aujourd´hui
constitué em communauté de communes (consórcio).
[28] Sur
ce type d´occupation ,
v. Rolnik et Bonduki, 1978 dans la
périphérie actuelle de São Paulo, et
le rôle des intermédiaires, le loteador
(qui
divise le terrain en lots, fixe les prestations et les
mensualités de la vente), le corretor
qui effectue la vente), etc. Les terrains ainsi vendus,
occupés et construits sans l´approbation des
instances de municipales sont dits clandestins.
[29]
La loi
lehmann fin 70s est la loi cadre sur la parcellisation des sols
urbains, dont vides urbains et droit de préemption. V. C
Sachs, p 50-57.
[30]
Cf. Entretiens avec la population :
les intéressés marquent leur
préférence pour la favela car ‘on
n´a rien à payer’. Mais ‘on
est obligé de partager le yard et le bassin où on
lave les habits’, à l´inverse de la
maison individuelle ( Jardim Keralux, septembre 2004).
[31] Dans
un récent article Marques,
Torres & Saraiva procèdent à la
réévaluation critique de la population des
favelas dans la commune de São Paulo en confrontant deux
sources, les recensements démographiques de l´
IBGE sur les secteurs dits ‘subnormaux’ (i.e. les
favelas) et le ‘recendement des favelas’ de la
Municipalité de São Paulo (1987). Pour
l´évaluation des favelas, ils
définissent une nouvelle méthodologie :
le comptage des baraques par l´agent du recensement, qui doit
en principe s´accompagner de l´afférence
de la population dans les baraques, outre la prise en compte de la
densité démographique. Ils aboutissent
à la conclusion que le nombre de favelas est
surestimé. Certes la croissance des favelas a
été supérieure (3%/an)
à celle de la croissance moyenne de la population de SP ( de
moins de 1%), dûe entre autres à la
croissance de l´aire favelisée de 24 % dans la
décennie 90 et à une augmentation de la
densité moyenne par favela ( aujourd´hui de 380
habitants par hectares = 6%
d´augmentation). En conclusion, les auteurs
estiment à 1, 16 millions le nombre
d´habitants dans les favelas en
2000, soit 11, 1 % de la population de la commune de São
Paulo ( en 1991, était de 9, 1%). Ce chiffre est bien
inférieur à celui proposé par la FIPE
( Fundação insituto de Pesquisa Economica) de 1,9
millions en 1999 soit 19,5% de la population.
Autre
estimation, révélée
dans Estado de São Paulo (18.10.2004, A
5) : selon le SEHAB –Secrétariat
municipal de l´Haitat- il y aurait 2, 2 millions de personnes
dans les favelas et logements précaires dans la capitale en
2003.
Ce qui
définit la favela (
appelés secteur subnormal dans les
relevé censitaire) est
l´illégalité de la
propriété de la terre. Marques & Torres
& Saraiva repèrent 4
irrégularités possibles , l´une par
rapport à la législation sur les constructions,
l´autre sur l´usage du sol, la troisième
sur la division du sol et la dernière, celle qui
définit la favela, relative à la
propriété.
[32] L´invasion et l´occupation
de terrains publics sont interdites et condamnées par la
loi. Dans le cas de terrain privé, comme ce fut le cas de
Keralux, le propriétaire dont le terrain est
occupé illégalement possède un an et
un jour pour demander l´éviction aux forces
publiques, délai au terme duquel les occupants peuvent
demander l´octroi.
[33] Les
invasions collectives des terres marquent
les années 90, avec l´appui de mouvement de
pression, pour ne citer que les principaux, le Mouvement des Sans Terre
( Movimento dos Sem-Terra qui
apparaît en 1983 à São Paulo), les Filhos
da Terra, l´appui
de partis tels que le Parti communiste brésilien, le Parti
des Travaillistes, et enfin la partie la moins conservatrice de
l´Eglise catholique. Ces occupations illégales
débouchent quelquefois sur des distributions des
terres (vendues à un prix symbolique) et souvent sur des
expulsions plus ou moins violentes. Ces mouvements d´invasion
collectives se sont depuis politisés, certains se sont
organisés en 1987 dans le UMM
– União dos Movimentos de Moradia,
tandis que d´autres mouvements de lutte se
créaient et se réunissaient em
confédération menée par le PT (CONAM
– Confederação Nacional de
Associação de Moradores d 1982. (Cf.
Souza, M. V. 2003).
[34] Mi
2004, la préfecture a
procédé à l´illumination de
20 rues et ruelles de la favela, étape importante pour la
sécurité du Jardim Keralux.
[35]
Un exemple de législation inappropriée :
‘ le water source protection Act’ de 1978
a eu un effet adverse sur l´environnement dans les
zones de réserves. En interdisant les constructions sur des
lots de moins de 500 m2, il a fait chuter les prix de la terre, et sans
contrôle public rien n´a pu stopper
l´occupation illégale et chaotique des familles
pauvres, qui achètent pour rien des petits lots de 75 m2,
vendu illégalement par leur
propriétaires.
[36]
En 1996, la région du Jardim Ângela est
classée comme la plus violente du monde par l´ONU,
avec un taux d´ homicide record de 110 / 00 000 habitants.
Avec la crise économique, la violence ne cesse en effet de
s´accentuer : ce sont les ‘justiceiros’
des années 80, puis les traficants de drogue des
années 90 qui installent, entre autres, la terreur.
Récemment, grâce à la mobilisation des
habitants, le taux d´homicide a eu tendance a baisser (89 cas
pour 100 000 habitants em 2002). Estado de São
Paulo, 31.10.2004, C6.
[37] La
loi brésiliene définit 5 crimes :
Lei 4.947, artigo 20 Ocupação irregular
de terra pública
‘‘Invadir, com intenção de
ocupá-las, terras da União, Estados ou
Municípios’’
Pena: Detenção de 6 meses a 3 anos
Lei 6.766, artigo 50 Parcelamento irregular do solo
‘‘Dar início ou efetuar loteamento de
solo para fins urbanos sem autorização do
órgão público competente ou em
desacordo com a lei’’
Pena: Reclusão de 1 a 4 anos e multa
Lei 9.605
Crimes ambientais
‘‘Artigo 40: Causar danos diretos ou indiretos
às Unidades de Conservação (reservas
biológicas, parques e florestas nacionais, APAs,
ARIEs)’’
Pena: Reclusão de 1 a 5 anos
Lei 2.848, artigo 288 - Formação de
quadrilha
‘‘Associarem-se mais de três pessoas, em
quadrilha ou bando, para cometer crimes’’
Pena: Reclusão de 3 a 6 anos
Lei 9.613
Lavagem de dinheiro
‘‘Ocultar ou dissimular a natureza, origem,
localização, movimentação
ou propriedade de bens, direitos ou valores provenientes, direta ou
indiretamente, de crime contra a administração
pública
[38] Les
cortiços,
littéralement ruches, désignent les logements
serrés et sommaires destinés aux populations
urbaines à bas revenus, et constituent la principale forme
de logement pour la population ouvrière dès la
fin du 19è siècle. Ce sont des baraquements
précaires qui s´alignent dans les courettes, des
pièces rattachées aux maisons bourgeoises
dégradées. Depuis les années 80,
apparaissent des nouvelles formes de cortiços
spécialement construites à des fins
locatives : des ‘comodos de fundo de
quintal’ ou ‘meio
águas’, rajouts de pièces aux
maisons autoconstruites. (Cf. C, Sachs, p 75).
[39] La
loi
fédérale 6.766/79
qui réglemente l´occupation des sol
déclare inconstructible les terres avec une inclinaison
supérieure à 35 %
[40] Estado
de São Paulo,
22.06.2004, C1
[41] La majorité des programmes de
logement populaire est destinée au segment pauvre des foyers
qui reçoivent entre 3 et 5 salaires minimum. Les programmes
cibles pour les revenus mensuels inférieurs à
trois salaires minimum sont déficients, alors que presque un
tiers des familles est concerné.
[42] Ces instruments sont l´IPTU
( Imposto
Predial et Territorial progressivo), le la
parcellisation et la construction obligatoire dans des zones
définis comme ZEIS (Zonas Especiais de Interesse
Social).
[43]
Tandis que São Paulo a besoin de
380 000 logements pour abriter sa population vivant dans les favelas et
autres habitations précaires, le centre ville
possèderait 30 000 immeubles vieux et
dégradés, et la métropole 400 000. ( Estado de São Paulo,
18.10.2004, A 5). Grâce au programme municipale
‘Morar no Centro’, 3 600 immeubles ont
déjà été
rehabilités.
[44] Une
loi est actuellement en cours de vote au
Congrès , afin de réglementer l´action
des communautés de communes. Elle prévoit entre
autres un budget de l´Union – et non plus un budget
des municipalités, insuffisant.
[45] Le
second tour des municipales a
révélé au 31 octobre 2004,
la victoire du candidat PSDB dans les 5 régions de
São Paulo (Centre, Ouest, Nord, Sud et Est) et
même dans la Zona Leste, traditionnel bastion du Parti des
Travailleurs actuellement au pouvoir (PT)
représenté par Marta Suplicy. Cela dit, la carte
électorale montre un centre et sa
périphérie consolidée acquis au PSDB (
Parti Social Démocrate Brésilien, PSDB centre
gauche), lorsque les zones les plus périphériques
sont toutes acquises au parti des Travailleurs.